Numérique / Territoires

10. WiMax - Expérimentation en milieu urbain dense Septembre 2005

Pierre MARTEAU, Président de Telcité / Naxos

Retour d'expérimentation WiMax en milieu urbain dense

(Ile-de-France)

(Cette intervention s'appuie sur un diaporama)

Messieurs, mesdames, bonjour. D'emblée, j'attire votre attention sur la présence du logo de TDF sur le premier transparent. J'aurai l'occasion d'y revenir dans la suite de l'exposé.

La première question qu'il y a lieu de se poser est : « pourquoi WiMax ? » Le premier point que j'ai désigné vise à répondre d'abord aux besoins d'accès au haut débit des communes mal desservies. Ce point m'est particulièrement sensible. Élu dans une commune de l'Essonne, à 20 km de Paris, j'ai de plus en plus de mal à expliquer aux entreprises pourquoi, sur la même commune, il y a un rapport 12 d'accès au haut débit. Quelques-uns accèdent à 6 Mb/s, ce qui n'est déjà pas extraordinaire, vu les données qui nous ont été présentées en début de séance, et les autres, à 512 kb/s. 30 % de la population, à 20 km de Paris, ne peut pas accéder à plus de 2 Mb/s. Ce fameux 2 Mb/s qui a été donné comme une référence du haut débit dans le Ciadt de décembre 2004...

Quand vous ajoutez à cela que cette commune de 10.000 habitants va entrer, au 1er janvier 2006, dans une inter-agglomération, avec un challenge, puisqu'elle se désigne « Europe Essonne », et que, dans Europe Essonne, il y aura trois communes qui sont dans une situation encore plus catastrophique, puisqu'ils n'ont pas d'ADSL du tout, vous mesurez le chemin à parcourir.

Pourquoi WiMax ?

Parce que c'est une technologie d'accès sans fil à fort potentiel. Je retiens trois points :

  • une certaine efficacité spectrale ;
  • un dynamisme industriel certain, derrière cette technologie portée par Intel et Nokia - j'en profite pour rappeler l'information Reuters parue hier après-midi indiquant que, dans le Sud-Est asiatique, Intel fera des essais WiMax à échelle nationale en Thaïlande et au Viêtnam, notamment, puis en Corée du Sud ;
  • une large diffusion à venir dans les équipements nomades - c'est la fameuse 802.16e : de ce point de vue, ce n'est pas Free qui m'apportera la contradiction.

Une technologie d'opérateur

Nous changeons là de métier, effectivement, notamment par rapport à des réseaux WiFi. Ce sont des fréquences dédiées, et c'est pour cela que l'on va se battre pour obtenir des fréquences ; c'est une gamme étendue de services, j'insiste sur ce point, et la prise en compte de la sécurité et la qualité de service, qui en font réellement une technologie d'opérateurs d'opérateurs.

Une synergie avec le WiFi, dans une logique de couverture complémentaire

C'est notre cas, puisque nous avons un réseau WiFi qui tourne sur Paris depuis bientôt deux ans, que nous continuons d'étendre : à la fin de l'année, nous aurons en effet 25 sites parisiens, 60 bornes WiFi ; toutes les stations du RER, sur les quais, seront couvertes entre la Défense et Nation, partout où les voyageurs peuvent s'asseoir et ont un intervalle suffisant pour pouvoir se synchroniser, notamment sur leur e-mail - l'on sait que c'est l'application la plus porteuse. Nous observons depuis trois mois le quintuplement du trafic sur le réseau WiFi.

Pourquoi TDF, RATP, Naxos en île-de-France ?

Comme pour le WiFi, nous souhaitons tester ce que nous allons mettre en service, car nous mesurons, comme dans toute technologie, l'écart entre les effets d'annonce et ce que l'on peut constater sur le terrain. Nous avons choisi TDF :

  • parce que nous avons un positionnement stratégique identique, un métier d'opérateur d'opérateurs ;
  • pour la mutualisation des ressources rares - et le WiMax s'inscrit parfaitement dans cette démarche ;
  • pour la contribution à l'aménagement du territoire - nos 10 % pris dans Irisé, et ce que signalait Etienne Andreux en est le témoignage ;
  • pour une synergie forte ;
  • pour avoir des points hauts, qui sont disponibles, dès maintenant ;
  • pour la compétence des réseaux radio apportée par TDF ;
  • pour la compétence des réseaux filaires : fibre optique, gigabit Ethernet ;
  • et surtout, pour la gestion des plateformes multi-opérateurs. Effectivement, lorsque l'on veut accueillir plusieurs opérateurs sur une plateforme, du plus gros au plus petit - je répète que, sur WiFi, nous avons Orange d'un côté et WiFirst de l'autre, il est possible de faire cohabiter des opérateurs avec des créneaux complètement différents ;
  • enfin, la crédibilité par rapport aux acteurs du marché : les dix ans de Telcité / Naxos ;
  • quant à TDF, je n'en parle pas...

Expérimentation

Nous avons pris trois sites :

  1. un site parisien, situé non loin de Bastille, sur l'immeuble même des commandes centralisées de la RATP. C'est un bâtiment qui fait 30 m de haut environ ;
  2. un autre bâtiment, où nous avons nos locaux et nos centres d'exploitation des réseaux, à Noisy-le-Grand ;
  3. la tour Mercuriale TDF, qui se trouve à la porte de Bagnolet.

Ce sont des distances de 10 km d'un côté, 4 km de l'autre, en liaison radio, le point entre Paris-Bastille et Noisy étant raccordé en fibre optique, car nous voulions mettre en place, dès maintenant, la synergie entre les équipements radio, la fibre optique et le gigabit Ethernet. Pour faire cette expérimentation, nous avons utilisé une partie de la bande passante WiMax, ce que nous ne ferions vraisemblablement pas si nous déployions en île-de-France : la bande est déjà petite, et si, en plus, il faut prendre de la capacité pour échanger entre les points hauts, il n'y restera pas grand-chose pour les utilisateurs.

Dans cette expérimentation, nous avons qualifié la couverture, grâce à TDF : TDF a fait circuler un véhicule dont il a le secret, c'est-à-dire une antenne télescopique capable de monter à différentes hauteurs, avec tous les systèmes d'enregistrement possibles. Cela nous a permis de mieux saisir quelle était la diffusion de WiMax dans un environnement suburbain et urbain, TDF menant pour sa part des expériences à Metz et au Pays des Vals-de-Saintonge, dans des environnements plus aérés.

Résultats de l'expérimentation

L'expérimentation a été faite sur des équipements BreezeMAX Alvarion Alcatel. À ce jour - car nous continuons : nous avons demandé à l'Arcep une prolongation de cette licence qu'elle nous a accordée jusqu'au 31 janvier 2006, et nous poursuivons -, au stade d'aujourd'hui, quels sont les points positifs, quels sont les points négatifs ?

Points positifs :

Effectivement, les performances en outdoor sont correctes pour les échanges de type Data. « Outdoor » signifie que nous avons nos antennes, qui sont sur ces lieux élevés - il y a deux points à 30 m et un à plus de 100 m, à la porte de Bagnolet -, et nous avons une antenne, un équipement outdoor, perché, que nous sommes capables de régler. Là, nous mesurons sans problème les 10 Mb/s sur les 10 km. Cela ne veut pas dire que l'on ne pourrait pas faire les 10 Mb/s à plus de 10 km. Cela fonctionne bien.

Par ailleurs, l'on voit, en rentrant dans la technologie et dans ces mécanismes, qui sont assez complexes, de nombreux services en bande passante, ce qui est très intéressant pour un opérateur d'opérateurs, car il va pouvoir différencier le FAI. Le FAI a une logique d'adresser du grand public et l'opérateur a pour logique d'adresser l'entreprise, qu'il ne peut atteindre par des coûts excessifs de derniers mètres.

Points négatifs :

Au jour où je vous parle, l'équipement n'est pas adapté à une utilisation indoor. Cela a été fait, pour ceux qui connaissent les trois grands volets de la norme, en 802.16a ; la d, aujourd'hui,est annoncée, mais, s'il y a des fournisseurs dans la salle, nous sommes prêts, avec TDF, à les accueillir dès demain matin pour tester les équipements en indoor. Et, comme vous le savez, il y a une évolution vers le nomadisme, mais qui est à attendre pour dans quelques années. Cette technologie est complexe à mettre en œuvre. Nous avons vu, grâce à la compétence des équipes réunies et aux synergies, que c'était beaucoup plus compliqué que de gérer un réseau WiFi ou même un réseau SDH.

L'expérience a servi aussi à nous conforter dans le fait que nous pouvions être candidats à une licence en région Île-de-France, pour les raisons déjà expliquées. Cela permettrait de :

  • trouver une position commune en termes de stratégie d'opérateurs neutres, pour permettre au plus grand nombre d'opérateurs et de collectivités d'accéder à une ressource rare. Cela signifie que, si nous sommes retenus, ceux qui ont été éliminés pourront venir sur notre réseau et nous pourrons leur qualifier des bandes passantes. C'est peut-être un lot de consolation, mais pourquoi pas ?
  • favoriser le développement économique en Île-de-France - cela, j'y tiens particulièrement car, sous ma casquette d'élu, je suis en charge du développement économique - en complétant l'offre concurrentielle. En effet, ce qui est important, aujourd'hui, ce n'est pas tant d'accéder à du mégabit que d'avoir du mégabit à un prix compétitif. Il n'est pas normal qu'une entreprise puisse résoudre ses problèmes en payant 30 € par mois et qu'une autre entreprise située dans la même ville soit obligée de payer 400 € pour un service à peu près similaire. Il y a des entreprises qui peuvent très facilement fonctionner avec du Best-Effort.
  • enfin, garantir la performance du réseau déployé par la maîtrise des technologies utilisée. Avec TDF + RATP / Naxos, nous avons l'ensemble de cette maîtrise.

    Je vous remercie.

Patrick VUITTON, Avicca

Voilà donc un candidat de plus sur l'Ile-de-France !

Gérard Wecker, vous êtes directeur des Études de déploiement des réseaux haut débit de Sogetrel. Vous avez-vous aussi mené une expérimentation. Quelles en sont les leçons que vous en tirez et qu'est-ce que Sogetrel en dit au niveau stratégique sur son positionnement ?

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