Numérique / Territoires

2005, année mitigée pour la télévision locale Décembre 2005

En positif, l'année 2005 a vu l'extension de Canal 8 Le Mans et Télé Miroir (Gard) sur le hertzien, puis la création de Télé Grenoble et LCM (Marseille).

Mais la vague d'appels à candidatures de 2004 n'a pas eu tous les effets escomptés, avec les retards à l'allumage pour Montpellier, Tours et Orléans, qui ne devraient voir le jour qu'en 2006.

Quant à Angers, le CSA ayant choisi la PQR contre le service public local, déjà existant sur le câble, le dossier est encore enlisé dans le rachat des titres de la Socpresse par Ouest France...

Plus grave, l'année 2005 a été pratiquement blanche pour le lancement de nouveaux appels à candidatures, malgré les très nombreuses demandes reçues par le CSA. Seulement un territoire Corse et la Vendée ont été lancés, en fin d'année. Au moment où se construit enfin une syndication publicitaire, le CSA prend une lourde responsabilité, non seulement pour les projets qu'elle ne lance pas, contrairement à ses obligations, mais vis-à-vis de l'ensemble du secteur.

Très grave aussi, le retard pris dans le hertzien numérique. Les chaînes diffusant en analogique sur les zones ouvertes à la TNT ont perdu, en neuf mois, huit à dix pour cent de leurs spectateurs potentiels. Le CSA gèle toujours le multiplex R5, dont la moitié devait être consacré à la TNT, et n'a toujours pas recomposé les multiplex existants pour faire de la place, ni publié l'étude montrant s'il existe d'autres fréquences disponibles.

Il semble même que le CSA freine l'attribution de l'analogique pour aider au décollage du numérique : comme si l'économie d'une chaîne locale pouvait se permettre de démarrer sur 10% de pénétration, alors que les chaînes nationales de la TNT bénéficient des autres réseaux (satellite, câble, adsl) qui leur apportent l'essentiel de leurs spectateurs.

Côté câble, les conflits se sont multipliés avec Noos/UPC France. La chaîne de Cavaillon n'est plus diffusée, les financements contractuels ont été coupés ou retardés pour plusieurs autres, entraînant parfois des contentieux judiciaires.

L'absence de perspectives en hertzien, alliée à la diminution de certains financements côté câble, produit un redoutable effet de ciseaux pour certaines chaînes. Ainsi une des chaînes historiques, Cités Télévision (Est Lyonnais), est disparue fin 2005, après avoir demandé longtemps une fréquence analogique, et attendu en vain une perspective en numérique.

Pendant des années le CSA avait hésité à lancer des appels à candidatures, arguant du fait, réel, que le cadre réglementaire n'était pas adéquat pour assurer l'économie des chaînes locales. En 2004, avec un statut pour les chaînes d'initiative publique, avec l'accès à la publicité pour la distribution et la suppression de certaines taxes, un grand pas avait été fait. Et en 2005, ce sont les choix opérés par le CSA pour le réseau hertzien qui compromettent l'ensemble du secteur.