Numérique / Territoires

Charte du Netpublic et comm.com ? Novembre 2003

La charte Netpublic signée entre le Ministère de la Recherche et l'Association des Maires de France, le 14 octobre dernier, traduit les engagements du gouvernement vis-à-vis des lieux d'accès publics à internet.

En préambule la charte rappelle la nécessité d'agir pour réduire le ''fossé numérique''. Elle souligne également les efforts déployés depuis de nombreuses années par les collectivités territoriales pour favoriser la création de lieux d'initiation aux TIC. Elle affirme enfin l'engagement de l'Etat pour améliorer la communication sur les EPN (mise en place d'une signalétique commune pour harmoniser leur identification par les publics...).

Pour autant, nombres d'interrogations subsistent. La charte indique par exemple que la création de nouveaux espaces publics numériques ne sera pas "privilégiée", laissant ainsi en suspend la question du traitement des "zones blanches", qui, sur le territoire nécessiteraient peut-être une orientation des investissements. La "lutte contre la fracture numérique" ne passe t-elle pas par une couverture plus complète des territoires ?

La charte ne définit pas non plus précisément les publics réellement prioritaires à atteindre. A contrario, les stratégies territoriales validant l'exercice des lieux d'accès publics à internet s'appuient dans leur grande majorité sur une définition préalable très fine des publics prioritaires. Le Conseil Général du Lot a ainsi identifié comme ''publics prioritaires'' : "les jeunes de moins de 25 ans demandeurs d'emploi et sortis du système scolaire sans diplôme de formation professionnelle", "les salariés faiblement qualifiés et fragilisés dans leur emploi notamment par la généralisation des TIC", ou encore "les femmes n'ayant jamais travaillé ou ayant eu une interruption de leur vie professionnelle pour raisons familiales".

Pourquoi ne pas s'appuyer sur l'expertise des acteurs de terrain (associations, collectivités locales et territoriales) pour redéfinir collectivement et régulièrement, au regard des "manques", les axes de la politique de lutte contre la fracture numérique ?

Par ailleurs, une meilleure communication sur les espaces labellisés sera t-elle suffisante pour faire venir les publics les plus éloignés ? Il est à craindre que toute signalétique tende davantage à communiquer sur les initiatives de l'Etat plutôt que d'atteindre et de faire venir les publics prioritaires.

Enfin, en l'absence de budgets d'accompagnement (de fonctionnement), la fermeture d'EPN risque de se poursuivre (Alsace, Ile-de-France...). L'Etat ne donne d'ailleurs pas l'exemple. Il a été décidé de pas poursuivre la création de Point Cyb (implantations dans les quartiers défavorisés) et d'Espaces Cultures Multimédia en 2004, de ne pas reconduire les budgets de coordination du réseau des Points Cyb, et de procéder à la "dé-labellisation" d'un certain nombre d'Espaces Cultures multimédia (une convention entre la CDC et le ministère de la culture permettra néanmoins à une soixantaine d'entre eux d'obtenir des fonds pour poursuivre leurs activités sous l'égide "Cyberbase").

Une vaste campagne de publicité, associant l'Etat et le secteur privé, a été lancée pour promouvoir l'informatique et internet : ''Internet, déclaré d'utilité tout public''. Cependant la loi de finances 2004 ne prévoit pas d'allègements fiscaux, ni de réduction de la TVA pour l'équipement, en outils multimédia, des ménages les moins favorisés.

Aussi en l'absence d'un réel engagement à la résorption des ''zones blanches'', de programmes en direction de publics prioritaires, d'une écoute plus systématique de l'expertise des acteurs de terrain et de budgets en direction des espaces publics numériques la ''lutte contre la fracture numérique'' ne demeurera qu'un discours.

Sur educnet.education.fr: le texte de la charte