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Chiffres Arcep au T3 2019 : un été presque parfait ! Novembre 2019

Habituellement, les troisièmes trimestres sont toujours décevants s'agissant du rythme des déploiements FttH. On se souviendra ainsi du T3 2018 (article "Déploiements FttH : ce que disent les chiffres ARCEP du T3 2018") où l'accélération estivale des déploiements des RIP n'avait pas suffit à combler le ralentissement des déploiements côté opérateurs privés. Mais avec 1,16 millions de nouveaux locaux raccordables, le troisième trimestre 2019 bouleverse ce constat : au 30 septembre 2019, plus de 16,7 M de locaux étaient éligibles aux offres FttH.

Sur une année glissante, 4,2 M de locaux supplémentaires ont été rendus raccordables, soit une hausse de 34%. Côté abonnements, le satisfecit est également au rendez-vous : + 540 000 en un trimestre et + 2 millions en un an, soit près d'une prise raccordée pour deux prises rendues raccordables.

Cela étant, nous ne disposons toujours pas d'un référentiel de mesure pertinent. En effet, faute de connaître le nombre de locaux des bases IPE à la commune ou à l'adresse, les collectivités ont une vision tronquée du réel avancement des déploiements FttH à l'échelle de leur territoire. Et même lorsque nous disposerons enfin "très prochainement" de cette information, il manquera toujours un chaînon, rappelé par le représentant de la Métropole de Lille au TRIP d'automne, à savoir un processus de signalisation des adresses manquantes dans les IPE…

Faute de vision plus précise, nous ne pouvons que nous en référer à l'analyse de l'Arcep, qui demande une nouvelle fois d'accélérer le rythme de construction des nouvelles prises FttH afin de respecter les différents objectifs.

La complétude de la ZTD en pause estivale

La zone très dense, bien que plus privilégiée de manière globale en terme de débit moyen que le restant du territoire, souffre toujours de n'avoir qu'Orange qui supporte à lui seul la quasi totalité des déploiements FttH. Et comme le soulignait le représentant de la Métropole de Lille au TRIP d'automne 2019, ce sont souvent les zones qui n'ont ni câble modernisé, ni bon débit xDSL, qui restent dépourvues de FttH dans la durée. Il devient urgent que le régulateur prennent des décisions drastiques pour s'assurer que ces communes soient bien dans un futur proche intégralement fibrées.

 

Les déploiements massifs en zone AMII ont encore trop peu d'effets sur les mises en chantiers et la complétude des déploiements

Les plus de 700 000 nouveaux locaux raccordables de la zone AMII au troisième trimestre auront finalement assez peu d'impacts sur les mises en chantiers. Plus de 40% des communes déployées par les opérateurs privés restent sans aucune prise raccordable, y compris Montataire et Nogent-sur-Oise que les opérateurs privés s'étaient engagés en 2011 à rendre intégralement raccordables à fin 2018. Toujours rien non plus en vue sur Morsang-sur-Orge, mais il reste encore un trimestre à SFR pour rendre 100% des 9 500 locaux raccordables...

Au global, Orange a rendu raccordable 60% des locaux la zone AMII qu'il a en charge, sachant que ce taux se calcule sur la base INSEE de 2015. Côté SFR, on note une accélération très appréciée des déploiements FttH qui permet à l'opérateur au carré rouge, longtemps très à la traîne, de rattraper une grosse partie de son retard : celui atteint à fin septembre 56% des déploiements de sa zone de déploiement, toujours au regard de la base INSEE de 2015 qui, on le sait, est bien datée.

 

Coup de chaud sur le nombre de communes confiées au privé, pour toujours aussi peu de résultats

S'il y a une chose qui évolue encore plus rapidement que les déploiements FttH, c'est le nombre de communes que l'Etat confie au privé. Avec 403 communes nouvellement retirées de la zone d'initiative publique, l'Etat montre trimestre après trimestre sa confiance sans faille envers l'investissement privé alors même que les résultats de cette politique restent, à date, insignifiants. Nous serons néanmoins prochainement fixés s'agissant des toutes premières échéances des AMEL. Prévues à fin 2019, celles-ci seront soit pleinement respectées comme il se doit, soit durement sanctionnées par l'Arcep comme promis par l'Etat à maintes reprises.

 

Les déploiements en zone RIP accélèrent encore

Avec plus de 350 000 nouvelles prises FttH déployées cet été, les RIP parviennent encore à accélérer la cadence comme l'année passée. Pourtant, en mobilisant 80% de l'ensemble des appuis aériens et plus du tiers du génie civil souterrain (source Arcep - opendata au T3 2019), les collectivités démontrent qu'elles déploient des prises bien plus complexes et coûteuses en ressources techniques, humaines et financières que celles de la zone d'initiative privée. Ce qui donne corps aux propos d'Eric Jammaron - Directeur général d'Axione - lors du TRIP d'automne de l'Avicca, selon lesquels 1 prise en zone RIP vaut 3 prises en zone d'initiative privée. En partant de ce constat factuel, les RIP ont déployé l'équivalent de plus de 1 million de prises au T3 2019...

Axione qui, d'ailleurs, continue d'occuper trimestre après trimestre le haut du podium des déploiements en zone RIP, suivi par Altitude qui signe là son meilleur trimestre de déploiement.

Autre information intéressante : le taux de mutualisation qui dépasse enfin les 50% pour deux opérateurs. Bien que restant excessivement faible au regard de ce qui se passe en zone d'initiative privée, le quasi doublement de la mutualisation à 3 opérateurs et le décollage enfin perceptible de la mutualisation à 4 opérateurs montrent que les lignes bougent enfin s'agissant de la commercialisation des RIP.

Un été presque parfait, donc...