Numérique / Territoires

Coaxial contre paire torsadée : réponse maligne ? Mai 2005

Pour recevoir télévision, internet ou téléphonie fixe, la concurrence s'avive entre les réseaux câblés et celui de FT, en direct ou en dégroupage. Et se profile une autre bataille sur le mobile, éventuellement autour du WiMAX.

L'alternative câble

UPC-Noos relance la téléphonie sur son réseau, avec un fort positionnement d'alternative complète à l'accès par France Télécom. Il sera possible de souscrire à l'offre téléphonique seule, pour un abonnement de 7 Euros/mois, environ moitié moins que FT, et un prix qu'un opérateur en dégroupage total ne peut pas proposer, sauf à perte. L'offre d'accès d'UPC-Noos s'appelle « ma ligne », manière d'affirmer l'alternative et réponse maligne à « MaLigne tv » de FT qui se lance sur le marché de base du câble ?

Les revenus du téléphone fixe ont certes diminué de près de 5% en France en 2004. Pourquoi vouloir prendre pied sur un marché en régression ? D'une part parce que les revenus de la partie « accès et abonnement » ont, eux, augmenté de 0,8%, et que la hausse programmée des tarifs d'abonnement de FT donne des perspectives. D'autre part parce que ce marché permet d'amortir les coûts fixes des réseaux des câblo-opérateurs. Enfin pour vendre des bouquets de service à un prix plus attractif.

Une relance par l'IP

L'offre précédente, basée sur l'analogique, avait été abandonnée par Noos et était un échec commercial pour UPC (moins de 70 000 abonnés en 4 ans). La technologie ne permettait pas de se démarquer suffisamment des offres de FT ou des alternatifs sur la paire de cuivre. La téléphonie sur IP permet à la fois des forfaits simples (2h, 5h ou illimité à 20 euros pour le national vers les fixes), et des services avancés gratuits (présentation du numéro, conférence à trois, messagerie...).

Cette offre permet également de reprendre la main sur les abonnements à internet : une offre haut débit qui ne permet pas de proposer du téléphone « gratuit » (national et vers les fixes) est handicapée par rapport aux FAI concurrents. Elle est à la fois modulaire et packagée, avec des réductions pour la combinaison d'offres de téléphonie, d'internet et de télévision.

Investir dans le réseau

La limite de cette novation est géographique, avec une montée en charge progressive : 650 000 prises en Ile de France au démarrage, 1,5 millions fin 2005 et 2,3 millions courant 2006. UPC-Noos n'annonce rien encore sur les 1,1 millions de prises commercialisables restantes, et il faudra sans doute attendre les résultats des premières phases pour que l'opérateur décide d'investissements lourds dans les réseaux les plus dispersés ou qui nécessitent des mises à niveau conséquentes. Fin 2005 l'opérateur vise un taux de pénétration de 10%, soit 150 000 abonnés. Il faudra que la qualité de services soit cette fois au rendez-vous.

Convergence fixe-mobile

Le marché du mobile représente 40% de l'ensemble du marché des communications électroniques en France et a augmenté de 7% en 2004. Pour compléter cette offre « triple play », se positionner sur le mobile est un enjeu important et permettrait de devenir l'interlocuteur unique du client. Ce serait d'autant plus utile que se profilent les téléphones « deux en un », qui basculent intelligemment d'une fonction portable, en bluetooth, sur la ligne fixe, à une fonction mobile sur le GSM ou UMTS. British Telecom lance ainsi son « bluephone ». Avantage pour le client : un seul numéro, une seule messagerie et une facture réduite.

Pour UPC-Noos, la seule solution pour du « quadruple play » à court terme est de négocier un accord d'opérateur virtuel avec l'un des trois détenteurs de licence (parions que ça ne sera pas avec France Télécom). L'autre option est un positionnement sur le WiMAX. Pour UPC/Noos comme pour Ypso (NC Numericable+FTC), cela nécessiterait des investissements considérables, qui ne sont peut-être pas prioritaires par rapport à l'effort indispensable de modernisation des réseaux existants pour offrir le triple play.

En Europe, des opérateurs de réseaux câblés ont déjà obtenu des licences : UPS Telekabel en Autriche et Cablecom en Suisse. Pour ce dernier, il s'agit de pouvoir atteindre des clients professionnels, au delà de la zone câblée, le réseau classique servant de backbone.