Numérique / Territoires

Couverture 5G : quand les simulations rappellent quelques fondamentaux sur la propagation des ondes radio Février 2020

La consultation de l'Arcep sur les enjeux stratégiques de la 5G (fin 2018) avait été l'occasion de partager certaines interrogations s'agissant de cette "nouvelle" technologie : les  cas d'usages et les modèles économiques doivent encore être identifiés, et l’impact sur l'aménagement numérique du territoire sera limité si l’on s’en tient au choix des 3,5 GHz comme bande cœur de la 5G européenne...

L’Avicca, qui avait déjà identifié ces risques dans ses contributions en 2018, avait proposé différentes dispositions dès les premières consultations lancées par l’Autorité. Lors d’une audition par le collège au printemps 2019, l’association avait pu exposer en détail ces suggestions innovantes et sécurisantes pour l’aménagement numérique du territoire.

Le calendrier de déploiement prévu pour la bande 3,5 GHz, plus resserré que la 4G, tire les enseignements du passé pour éviter de retomber dans les travers qui ont conduit au "New deal mobile". Les collectivités notent aussi, avec intérêt, certains des critères d’aménagement numérique du territoire. Ainsi, 25% des sites construits par les opérateurs devront se situer en zones peu denses, en ciblant l’activité économique et plus particulièrement l’industrie.

Toutefois, ces dispositions pourraient être insuffisantes si la couverture 5G s’appuie sur la seule bande 3,5 GHz avec les sites existants. C’est du moins ce que cherche à démontrer le cabinet Tactis (voir lien-ci-dessous) : si les bandes basses ne sont pas utilisées (notamment  la bande 700MHz, dont les qualités de portée et de pénétration dans les locaux n'est plus à démontrer), on peut s'attendre à une réduction de la couverture de la 5G comparativement à celle offerte par la 4G. 

Par ailleurs, l’Avicca pointe un risque de « déploiement concomitant en deux temps » : les premières implantations à l'horizon 2020 se feront en zone urbaine, et l'objectif de progression en termes de nombre de pylônes équipés chaque année (plutôt qu'en pourcentages de population et/ou de territoire) ne va pas dans le sens d'une extension de la couverture existante.

Les conditions d’attribution des fréquences ont pris en compte une partie de nos remarques, puisqu'en plus du passage des sites en 3,5 GHz, les obligations prévoient une trajectoire d’augmentation des débits sur tous les sites des opérateurs, qui pourra passer par l’utilisation de bandes moyennes plus efficaces pour l'aménagement numérique des territoires (telle la bande 700 MHz).

Dans les obligations prévues, la généralisation de la 5G est programmée sur 100% des sites, mais l'échéance de 2030 paraît un peu lointaine. L’Avicca avait demandé l’inscription de clauses de revoyure dans les licences, finalement traduites en rendez-vous intermédiaires en 2023 et 2028 pour faire un point sur la mise en œuvre des obligations et sur l’adaptation de celles-ci à l’évolution constatée des besoins. Rappelons que cette éventuelle modification des règles du jeu en cours de partie ne pourra se faire qu'avec l'accord préalable des opérateurs... 

Au caractère déjà insatisfaisant de la couverture 4G en zone péri-urbaine et rurale ne doit pas  succéder un réveil en 5G douloureux ; et devant le refus répété des opérateurs d'utiliser la fibre des réseaux publics pour collecter leurs points hauts mobiles, la couverture 5G pourrait être doublement mauvaise en zone rurale. Nul doute que les opérateurs mobiles, bien conscients de ces limites, vont redoubler de propositions innovantes dans leurs réponses à l'attribution des fréquences par l'Arcep, et faire en sorte que ce scénario du pire ne se réalise jamais...