Numérique / Territoires

Free théorise la France à deux vitesses Septembre 2012

Dans un communiqué, Free se vante d’initiatives qui vont "rapidement améliorer la couverture numérique du territoire". De quoi s’agit-il ? D’apporter la fibre optique et le Très haut débit dans des grandes villes d’un côté, et le simple haut débit dans quelques zones blanches de l’autre, et ce plus de dix ans après que les grandes villes en aient bénéficié. Leurs habitants, professionnels, services publics sont-ils des utilisateurs de seconde zone ? N’est-ce pas Free qui avait ironisé sur les propos malheureux de France Telecom à propos de la "mamie du Cantal" qui n’aurait pas les mêmes besoins qu’un geek à Paris ?

Comme si cela ne suffisait pas, Free précise que ses initiatives se font "sans taxes et avec peu d’argent public". Evidemment, il n’est pas très difficile d’écrémer les zones rentables en fibrant les grandes villes et de laisser les collectivités supporter la quasi-totalité des coûts dans les opérations dites "NRA-MED". Ces dernières payent la collecte en fibre, les nouvelles armoires, les fourreaux, le brassage des lignes, l’électricité et même une indemnité aux opérateurs pour qu’ils consentent à venir installer leurs DSLAM… Pour traiter quelques dizaines ou centaines de lignes, il en coûte entre 120 et 200.000 euros de travaux, contre quelques milliers d’euros d’équipements. Plusieurs centaines d’euros par ligne, donc par foyer, est-ce "peu d’argent public" pour une commune ou un département rural ? Ces frais ne sont pas répartis sur les 40 milliards de chiffres d’affaires des opérateurs privés, mais prélevés dans les impôts locaux !

Les collectivités et leurs partenaires, opérateurs aménageurs, ont déjà investi trois milliards d’euros pour étendre le dégroupage, résorber l’essentiel des zones blanches, apporter du très haut débit à des entreprises et services publics. La généralisation du Très haut débit va coûter dix fois plus et une solidarité nationale s’impose.

La fibre pour les uns, le simple haut débit et des impôts pour les autres, est-ce un modèle ? Pour un opérateur privé, visiblement oui. Pour les citoyens, non.

Paris, le 19 septembre 2012.

Yves ROME

Président de l’AVICCA