Numérique / Territoires

« J’étais l’homme le plus riche du monde et l’or m’a ruiné » (Blaise Cendrars, l’Or). Mars 2021

L’Avicca n’a de cesse de le répéter, le Plan France Très Haut Débit (PFTHD) initié par l’État est un grand succès, qui se traduit aujourd’hui par de très nombreux raccordements à la fibre. Un succès auquel les Collectivités locales ont fortement contribué, en se mobilisant très tôt pour apporter la fibre optique aux entreprises, services publics et administrés, dans les zones moins denses du territoire.

Après avoir trop longtemps tardé, les quatre grands fournisseurs d’accès à internet sont enfin sur les Réseaux d’initiative publique… et avec eux le mode STOC pour « Sous-Traitance à l’Opérateur Commercial ». Ce dispositif permet à l’opérateur commercial (OC) de réaliser les raccordements finals à la place du propriétaire du réseau, l’opérateur d’infrastructure (OI). Prétexte annoncé : garantir la réussite de « l’expérience client à l’égard de la fibre ». Et telle l’arrivée des chercheurs d’or sur le domaine du héros de Blaise Cendrars, le mode STOC a tout ravagé sur son passage : échecs répétés de raccordements, clients déconnectés plusieurs heures/jours/mois, prises posées à « l’arrache » etc. Aujourd’hui, du seul fait de ce mode STOC, l’image même du FttH, cette révolution technique que tout le monde attend, est fortement dégradée.

Comme avait déjà alerté l’Avicca lors de son « moodstoc » du TRIP d’automne 2019, ce système dysfonctionnel, avec ses nombreux rangs de sous-traitants, entraine un festival d’équipements télécoms fracturés, éventrés, ouverts aux quatre vents, de câbles emmêlés comme des plats de nouilles, de clients débranchés à tort etc. Un an plus tard, lors du colloque de l’Avicca en novembre 2020, un OI a reconnu que 100% des armoires auditées n’étaient pas en conformité ; un autre OI indiquait que 75% des raccordements en mode STOC présentaient au moins un défaut. « Nous sommes en train de gâcher, en partie, ce que nous avons eu tant de mal à faire. Il n’y a pas un Département où l’on ne me parle pas d’armoires défoncées et de gens dont la connexion est coupée. Ce n’est pas possible ! », fustigeait le Secrétaire d’État, chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, à ce même colloque.

L’ARCEP a lancé une consultation publique sur la problématique générale des raccordements. Au-delà de la résolution impérative de ces graves questions de pérennité des réseaux, la régulation doit aussi permettre de traiter les raccordements dits longs et complexes, pour desservir tous les abonnés sans recourir à de nouvelles subventions publiques, grâce à des mécanismes de péréquation et par la vérification des coûts réels.

L’Avicca ne réclame pas, à date, l’arrêt du mode STOC, mais celui des pratiques désastreuses qui ont court dans sa mise en œuvre. Ce mode ne doit pas être exclusif, et si ces pratiques devaient perdurer malgré tout, alors oui, effectivement, comme l’a d’ailleurs dit Cédric O, il conviendra d’employer la manière forte. Nous demandons, au travers de notre réponse à la consultation, différentes mesures à effets immédiats, afin de transformer enfin la fibre optique en or !

Paris, le 4 mars 2021

Patrick CHAIZE
Président de l'Avicca