La Télévision Mobile Personnelle sans cesse repoussée : vers un nouveau dividende numérique ? Novembre 2010
Deux fréquences ont été réservées par le CSA pour la Télévision Mobile Personnelle. Les éditeurs du premier multiplex ont été sélectionnés. Le financement des émetteurs, sur les zones les plus urbaines (30% de la population en indoor), peut être pris en charge par TdF et un opérateur mobile, Virgin, certes virtuel, se dit prêt à commercialiser des abonnements. L'augmentation continue des usages de la 3G pousse effectivement à trouver des solutions de "broadcast" qui permettent au téléphone mobile de recevoir les chaînes sans mobiliser la bande passante du réseau mobile, comme un récepteur TNT. Et malgré tout, le lancement, prévu initialement en 2007, a été sans cesse repoussé. La commercialisation, qui devait démarrer au deuxième semestre 2011, pourrait bien ne pas voir le jour.
Une part de l'explication vient des difficultés d'arbitrage entre opérateurs de téléphonie mobile, éditeurs de chaînes et opérateur de multiplex. Quel montant, prélevé sur les abonnements, pourrait rémunérer le réseau et une partie des contenus, le reste venant de la publicité ?
Mais ce qui bloque le plus, c'est le terminal. Il faut que les téléphones mobiles soient massivement compatibles avec le standard de diffusion choisie, et notamment les smartphones. La France et l'Europe ont choisi le DVB H (dérivé de la norme DVB T utilisée pour la TNT), Qualcom privilégie un standard propriétaire, MediaFLO, le Japon utilise l'ISDB-T, la Corée le T-DMB... Des opérateurs mobiles testent aussi l'IMB (Integrated Mobile Broadcast) qui pourrait utiliser des fréquences de téléphonie mobile non exploitées, et s'intégrer à leurs réseaux et équipements. Bref, une guerre des standards, dont le principal résultat est que le DVB H n'est pas près d'être intégré au iPhone par exemple.
Quel opérateur mobile pourrait contraindre ses abonnés à choisir les rares terminaux qui intégreraient tel ou tel standard ? Pour vendre la télévision illimitée, Virgin Mobile sera confronté à un problème analogue à celui de Bolloré qui n'arrive pas à se lancer dans le mobile low-cost faute d'une gamme de smartphone bi-compatibles UMTS et WiMAX.
Le coup de grâce en France pourrait venir de l'attribution des fréquences 800 MHz et 2,6 GHz, en 2011. La largeur totale de bande de fréquences attribuée aux opérateurs mobiles va passer de 380 à 630 MHz. Si l'on y ajoute l'amélioration de la performance des nouvelles générations d'équipements, il y a de quoi absorber de grosses évolutions de trafic, en attendant peut-être la stabilisation des standards.
Si la TMP ne voit pas le jour rapidement, deux multiplex, planifiés sur une grande partie du territoire, seraient disponibles. Resteront-ils affectés à la télévision, pour faciliter la transition vers la Haute définition, voire un peu de "3D" ? A moins qu'ils ne donnent lieu à de nouveaux arbitrages entre l'audiovisuel et les communications électroniques, un dividende numérique bis...
