Numérique / Territoires

Les nouveaux ENT ? Mars 2019

Acteur historique des ENT au premier degré, le syndicat mixte Somme numérique a changé d’ENT l'été 2018. Il est revenu au dernier colloque de l’AVICCA sur l’opération de migration mais aussi sur l’évolution des ENT. Ces derniers souvent centrés sur les échanges pédagogiques ne prenaient pas toujours en compte le reste de la communauté éducative, les parents et les collectivités. Or leur implication est essentielle à la réussite scolaire de l'élève. De nouvelles fonctionnalités de communication vers et entre ces acteurs apparaissent, permettant de les engager davantage.


La migration : une opération collective

La rédaction du marché et l’analyse des offres ont été réalisées en collaboration avec les autres acteurs et en particulier l’Education nationale. Cette co-construction permet de cerner les compétences, de savoir qui fait/doit faire quoi, d’organiser les montages juridiques. Cette organisation légitime le choix de l'outil mais aussi les rôles et responsabilités des acteurs qui sont formalisés dans une convention. Chacun peut d’agir et oser innover dans sa sphère de compétences.

La migration a été facilitée par plusieurs actions  :

  • la migration des comptes et des données attachées a été précisément cadrée dans le CCTP afin d’éviter le traitement chronophage des cas particuliers (CCTP en fin d'article, réservé aux adhérents).
  • une longue période de tuilage a été organisée et le syndicat mixte s’est efforcé d’instaurer un climat de confiance entre l’ancien et le nouveau prestataire
  • le plan de formation des agents de l’éducation nationale a été pensé bien avant la publication du marché
     


La collectivité, une nouvelle dimension pour l’ENT
L’ENT est traditionnellement vu comme un outil pédagogique. Or la collectivité intervient de plus en plus en complément des temps éducatifs (PEDT, réforme des rythmes scolaires, plan mercredi, etc) et est responsable de la qualité de vie à l'école dont on connait l'importance aujourd'hui sur les performances scolaires.

En amont de la rédaction du CCTP, Somme numérique a analysé les statistiques d'usages et organisé des échanges afin de faire remonter les attentes très pragmatiques des parents, collectivités, enseignants et directeurs. Collectivités et parents ont manifesté un besoin de communication plus avancé entre eux. Pour les parents, l'enfant « va à l ‘école » , peu importe l’autorité administrative qui le prend en charge. Aussi au-delà des temps d’éducation, ils sont en attente d’informations sur la cantine, le transport scolaire, les activités périscolaires, les temps de goûters ou d’études, la propreté des toilettes, etc. Du point de vue de la collectivité l’élève est un enfant dont elle a la responsabilité avant l'école, le midi, après l'école, le mercredi. L’ENT en créant de facto un compte pour le parent offre un espace de communication entre le parent d'élève et la collecivité.

Pour organiser ce service à partir de l’ENT, il convient d’abord de développer une relation de confiance entre les acteurs. Il faut éviter les échanges du type « l’ENT c’est pour la pédagogie, pour l’école » versus la collectivité qui rétorque « c’est moi qui le finance ». L’idéal est bien entendu de disposer d'une convention précisant les messages pouvant être relayés par ce moyen et sans contrôle d’un acteur sur l’autre. Dans la Somme, une convention est signée entre l’IEN, le maire où le président de l’EPCI et Somme numérique (modèle en fin d'article, réservé aux adhérents).

Le rôle de Somme numérique est double : expliciter le projet à la collectivité qui doit bien cerner quel type de message elle peut faire passer et communiquer auprès de l’école et des enseignants qui oublient parfois dans leurs projets pédagogiques la sphère familiale. Somme numérique doit aussi travailler avec les éditeurs de logiciels métiers de la collectivité pour que leur solution s'interface avec l'ENT, et ce n’est pas une mince affaire !



Commencer par l'école maternelle
Jérôme Deprés insiste aujourd'hui auprès des élus pour qu’ils pensent le numérique comme un budget intégré au projet du territoire et non une subvention que la commune accorde à son école sans bénéfice direct pour la collectivité. C'est une sorte de petite révolution car le numérique et ses effets dans les écoles reste un sujet difficilement maîtrisé par les élus (et pas seulement !).

Enfin, si le projet était à refaire, Jérôme Deprés commencerait par l’école maternelle. Somme numérique a débuté comme de nombreuses collectivités par l’école élémentaire, or intégrer les parents dès l'école maternelle s’avère idéal : les comptes sont distribués aux parents et cela permet de les accrocher, de les impliquer très tôt alors qu’ils sont encore proches physiquement de l’école. Les équipes enseignantes de maternelle ont de l'appétence pour ces outils qui montrent ce qui se passe dans l'école à des parents encore très présents et très curieux de ce qui se déroule dans cette enceinte. Or plus les parents sont impliqués dans l’éducation de leurs enfants, plus les chances d’une scolarité réussie sont élevées.
Cette position est contre-intuitive car ce type d’outils est souvent pensé en remplacement d’une action ou d’un support physique. Et si finalement, l’ENT trouvait son utilité en ajoutant et en améliorant la qualité de la relation et des échanges ?

«Plus en fera de promotion autour d'activités culturelles plus on mettra d'éléments en place pour la réussite des élèves. Notre mission est bien de porter des outils pour une meilleure réussite scolaire et pas seulement numériser les écoles ».