Numérique / Territoires

Peu de risque immédiat de chômage partiel pour les opérateurs ? Avril 2020

A l'heure du Covid-19, le secteur des télécoms, pourtant essentiel à l'activité économique, souffre, surtout s'agissant des intégrateurs et de leurs sous-traitants. De nombreux chantiers FttH sont soit à l'arrêt, soit fortement ralentis. L'Avicca se mobilise aux côtés des professionnels de la filière et de l'Etat pour mettre en place les conditions permettant d'amortir le choc d'une part, et d'empêcher l'arrêt complet de l'activité, d'autre part. Comme l'a souligné InfraNum, un tel arrêt serait lourd de conséquences humaines, financières et suivi d'un redémarrage très compliqué.

Cependant, s'agissant des opérateurs, l'activité n'a certainement jamais été aussi forte : le besoin en communications électroniques a explosé (doublement des services mobiles, notamment). De plus, l'affichage du seul indicateur de production de prises FttH depuis plusieurs mois a laissé de côté d'autres sujets tout aussi importants, telles que les études, la qualité des déploiements etc. Enfin, il s'agit de préparer au mieux la reprise pour fibrer la France entière rapidement, le besoin en accès télécoms fixe de haute qualité étant apparu essentiel pour affronter la crise actuelle.

Aussi, afin d'éviter d'avoir à recourir au chômage partiel et accessoirement de prêter le flanc à la critique de l'effet d'aubaine s'agissant de mesures sociales et fiscales destinées à limiter la crise économique, l'Avicca dans une démarche constructive propose aux opérateurs de très nombreuses activités compatibles avec le confinement et le télétravail. Ainsi, tout en apportant aux territoires les prestations attendues sans mise en danger de leurs équipes, ils éviteront par la même occasion d'aggraver à coups de milliards les déficits publics, alors même que nous nous sommes battus en vain pour décrocher quelques centaines de millions en vue de poursuivre le PFTHD.

Nettoyage de l’IPE et mise à jour du SI

Le fichier IPE est réputé souffrir à la fois de doublons et d'oublis, qui conduisent à des situations problématiques en termes d'appréciation de la complétude, de raccordement de certains particuliers ou professionnels, etc.

L'Avicca suggère la mise en oeuvre des travaux suivants pour repartir le moment venu sur un fihier IPE complet et bien renseigné :

  • vérifier de ne pas avoir malencontreusement oublié des entreprises ou des pavillons sur la zone arrière de PM et rectifier rapidement le fichier IPE,
  • travailler sur l'adressage en s'assurant que le relevé de BAL est bien exhaustif et compléter les adresses manquantes ou inexactes,
  • après ouverture commerciale, s’assurer qu’il ne reste pas des prises inéligibles et, si oui, réfléchir à pourquoi et comment les traiter,
  • faire le point sur les commandes non suivies d’un raccordement depuis plus de 3 mois et clôturer les commandes inutiles,
  • fiabiliser le serveur d'éligibilité,
  • remonter tous les échecs de raccordement auprès de l’OI pour traitement à froid.

Mode STOC

Le mode STOC est une "purge" pour les réseaux déployés. Les dégradations s'enchaînent et les solutions envisagées pour améliorer ce process relèvent actuellement du cautère sur une jambe de bois. De surcroît, le mode STOC contamine désormais le mode OI. L'Avicca et ses adhérents suggèrent de profiter de la période pour procéder en urgence à certaines formations de base et à plusieurs actions indispensables :

  • apprendre ce qu’est un sous-traitant : formation essentielle, qui permettra de découvrir par exemple que ce n'est pas le sous-traitant qui donne ses ordres et impose ses STAS au maître d'ouvrage, mais l'inverse, aussi incroyable que cela puisse paraître,
  • former les salariés et sous-traitants à l’ouverture des portes de PM : tutoriel simple, sous forme de QCM par exemple, avec des questions pièges, du style : faut-il ouvrir le PM avec la clef appropriée / un pied de biche /un tampon en fonte de chambre télécom ?
  • reprendre les PM et PBO dégradés,
  • initier les salariés et sous-traitants à la recherche du cheminement de la fibre entre le PBO et la PTO,
  • identifier la chaîne de sous-traitance complète jusqu'à la personne qui effectuera concrètement le raccordement. Cet exercice pourra utilement être doublé de l'élaboration d'une règle déontologique impliquant, par exemple, de ne pas payer cette personne jusqu'à 6 fois moins cher que ce que la collectivité paie pour cette prestation.

Un dernier défi s'agissant du mode STOC, peut-être le plus difficile et donc à faire en mode "quête du Graal" : dénicher des personnes raccordées qui ont vécu la mystérieuse "expérience utilisateur" qui serait la justification officielle du mode STOC. Bon courage aux chevaliers de cette quadrature du cercle...

Rattrapage des études

S'il y a bien une activité qui a été délaissée au profit des travaux, qui cumule les retards et manques de qualité tout en présentant l'avantage de pouvoir être rattrapée sans risque sanitaire grâce à la généralisation du télétravail pour les équipes, ce sont bien les études. Plus qu'une attente, le rattrapage quantitatif et qualitatif est avant tout une exigence pour l'Avicca et ses adhérents.

  • achever les études diverses et variées en retard (APS, DOE, complétude des PV de réception...),
  • effectuer le repérage, négocier et conventionner à distance en toute sécurité sanitaire l'emplacement des futurs NRO,
  • s'assurer de la fourniture des plans à la collectivité au format GraceTHD,
  • clore les dossiers BLO et mettre à jour les DFT.

Supports aériens

L'aérien est un point récurrent de difficultés, notamment s'agissant des appuis exploités par Enedis et pour lequel l'Avicca se mobilise en continu, appuyant systématiquement les demandes légitimes des opérateurs et des intégrateurs. Cependant, certaines actions peuvent être mises en oeuvre même en période de confinement :

  • demander aux bureaux d’études et aux sous-traitants de remettre à niveau les dossiers CAMELIA pour les calculs de charge à soumettre à Enedis,
  • contrôler le fait que les appuis électiques mobilisés (SIG) ont bien une note de calcul validée, y compris s'agissant des appuis à mobiliser pour les branchements,
  • s'assurer que les sous-traitants sont formés (et sinon les former) aux règles de sécurités pour accéder aux réseaux électriques (IPS),
  • prévoir un dispositif de maintenance préventive sur le réseau aérien (ancrage des appuis, état des flèches, état des traverses…) à mettre en oeuvre dès que les conditions sanitaires et/ou de sécurité des interventions le permettront.

Autres idées

Il se peut que le confinement dure et que malgré tout, les opérateurs viennent à bout des tâches précédement citées. Pas de panique, avant de mettre les salariés au chômage technique partiel, l'Avicca et ses adhérents ont d'autres propositions à faire :

  • faire baisser le nombre de réclamations enregistrées par le médiateur du numérique au sujet de la fibre, réclamations qui ont considérablement augmenté en 2019,
  • établir un plan de communication sur le déploiement de la fibre,
  • oeuvrer à l'amélioration et à la complétude des rapports annuels d'activité, les rendre si possible dans les délais contractuels prévus,
  • élaborer une proposition technique et de conception des offres FttE.

 

Merci de ne pas hésiter, avant toute prise de décision unilatérale d'arrêt d'activité(s), à vous rapprocher de chacun de vos donneurs d'ordre pour vous assurer qu'il n'y a vraiment plus rien à faire côté RIP afin de vous éviter de recourir indûment au chômage technique partiel.