Numérique / Territoires

Que choisir, le FttH dans les villes et le DSL dans les champs ? Septembre 2017

L'UFC Que Choisir s'émeut, à juste titre, de la fracture numérique en France. Oui, et ce n'est pas nouveau, le passage au Très haut débit aggrave les inégalités... si l'action publique ne les compense pas en agissant sur les zones non rentables. Là où il n'est pas possible de suivre l'association de consommateurs, c'est dans son offensive contre le passage à la fibre optique, objectif du Plan France Très haut débit comme des opérateurs, des collectivités et de l'ensemble de l'écosystème mondial des télécoms.

Selon l'association, la fibre risquerait de faire monter le prix des abonnements, et l'association lui préférerait "un bon débit pour tous". Beaucoup de projets s'y sont essayés, mais pour aboutir à un constat : il n'existe aucune technologie bon marché permettant d'offrir durablement "un bon débit pour tous" par l'amélioration des réseaux existants, en particulier de la boucle locale cuivre. Sinon Orange aurait amélioré son réseau sur ses fonds propres, au lieu de construire de la fibre à côté du cuivre. Et qu'est-ce qu'un "bon débit" ? 512 kbits en 2000, 2 Mbit en 2010, 10 aujourd'hui, 30 en 2020, 100 en 2025 (symétriques !)...

En avançant de surcroît le slogan « Fracture numérique aujourd’hui, factures en hausse demain », l’UFC Que Choisir semble ignorer que c’est déjà l’inverse aujourd’hui : dans les centres urbains suréquipés en FttH, FttLA et VDSL 2 dégroupés, la compétition entre les acteurs tire les prix vers le bas. A l’extérieur de ces zones, captifs d’une seule boucle locale cuivre encore trop souvent non dégroupée et peu voire pas concurrentielle, les clients paient au prix fort un service souvent limite. Au mieux donc, aujourd'hui le consommateur paye un prix équivallent pour une mauvaise liaison cuivre, parfois sans pouvoir choisir son fournisseur de services, que pour une très bonne en fibre.

Les zones à mauvais débit sont une priorité d'action pour les collectivités, mais en visant d'emblée d'aussi bons services que dans les zones urbaines. Télétravail, télémédecine, enseignement à distance : on a encore plus besoin d'un véritable Très Haut Débit dans le rural que dans l'urbain. Les subventions publiques sont là pour que cela arrive le plus vite possible, et aux mêmes tarifs que dans les zones rentables. En l’absence de péréquation pour les déploiements FttH et de taxation du cuivre, nulle doute que demain, même sans amélioration des débits, la facture continuera d’augmenter pour les plus mal lotis...

Pour éviter une envolée des prix, une seule condition : le maintien d'une bonne concurrence entre le plus grand nombre possible de fournisseurs de services !