Numérique / Territoires

Télésanté : le Très haut débit pour une généralisation ? Janvier 2010

Le rapport parlementaire sur la télésanté dresse un constat assez alarmant sur l'état réel de préparation d'une généralisation des très nombreuses expérimentations en cours.

La santé représente 11% du PIB et un emploi sur dix en France. Autant dire que l'utilisation des TIC y représente un enjeu énorme, tant du point de vue de la santé elle-même (amélioration du suivi des patients, réponse aux zones à faible densité médicale, etc.), qu'au niveau économique, tant pour la sécurité sociale que pour les industriels qui promeuvent leurs solutions.

Les initiatives privées et publiques sont donc très nombreuses, mais il manque une vision d'ensemble et le manque de gouvernance est patent. Expérimentations non évaluées ou non généralisables, pratiques non conformes au droit, absence de perspective unificatrice sont des maux qui ne sont d'ailleurs pas propres à la France.

Ce rapport montre bien que les freins principaux au décollage de la télésanté ne sont pas du côté des réseaux ; cependant il sous-estime complètement cette dimension.

"L’un des freins évoqués fréquemment concerne la disposition de réseau à haut débit des télécommunications de données. En se référant à de nombreuses expérimentations effectuées en France comme à l’étranger, et en dehors de l’organisation de la médecine d’urgence, on peut cependant conclure que l’aspect du débit occulte les deux vrais blocages que constituent :

  • l’organisation médicale autour d’un usage : ce frein sera levé par la conduite du changement, la réflexion sur la protocolisation de l’acte pour l’ensemble des acteurs intervenants ;
  • les coûts associés : loin d’être négligeables, ces coûts ne sont pas pris en compte dans les planifications budgétaires ; il s’agit de coûts d’investissement ou de mise en route de services techniques rendus. Ce frein pourra être levé par la diminution des coûts consécutive à une mutualisation des moyens ; et surtout, à l’établissement de lignes budgétaires claires s’adressant autant à l’investissement matériel qu’aux frais de fonctionnement en routine clinique."

L'expérience montre a contrario que les établissements de santé sont de gros consommateurs de débits (voir la table ronde 5 du TRIP 2009). En y mettant le prix fort dans une "ligne budgétaire claire", on peut certes accéder à n'importe quel débit partout ; mais c'est bien une généralisation du Très haut débit professionnel, sur fibre optique, qui permettra que ces "coûts associés" soient raisonnables et ne brident pas les usages.