Numérique / Territoires

Territoires intelligents : progresser sans standardisation Août 2016

La lecture des deux consultations de l'ARCEP pour "préparer la révolution de l'internet des objets" montre à quel point on ne peut espérer une standardisatoin, voire même une interopérabilité, dans les prochaines années. Il en résulte côté collectivités que si des services peuvent être lancés dès aujourd'hui, il faudra encore agir beaucoup en silos et sans garantie de pérennité. Bref, nous en sommes au début de la courbe d'apprentissage, ce qui signifie prudence, mais pas attentisme. En tant que maîtres d'ouvrages et de services dans de nombreux domaines, les collectivités ont aussi beaucoup à apprendre, il faudra bien en passer par là.

Si l'on ne peut espérer ces standardisations, c'est à la fois parce que chacun des maillons de la chaîne permettant de construire un service est concerné, mais aussi parce que, au stade actuel, la standardisation pourrait être un frein à l'innovation, et donc ne sera pas promue. Chacune des couches (capteurs, connectivité, données) est hétérogène et en mutation, depuis l'adressage des objets, les protocoles de communications, les réseaux, la description des données etc. Dans un jeu mondial, consortiums et alliances se multiplient, en parallèle du positionnement de ces mêmes acteurs pour capter le maximum de valeur. Face à cela les pouvoirs publics ne disposent pas de tous les leviers (attributions d'adressages, fréquences libres...), doivent se coordonner à l'échelle internationale, et veulent privilégier l'innovation. Ainsi l'ARCEP indique clairement que si une interopérabilité est souhaitable, elle ne sera mise en oeuvre que plus tard. Dans l'intervalle, pour l'AVICCA, il serait souhaitable de progresser vers un modèle "en couches" qui minimise les risques liés aux évolutions de chacune d'elles pour les investissements réalisés par les collectivités.

L'ARCEP se fixe néanmoins un certain nombre d'orientations qui donneront plus de visibilité aux acteurs. Ainsi elle se propose de participer aux instances de normalisation internationales, afin de permettre à différents types d'acteurs, comme les fabricants d'objets, de se développer. Impossible pour eux en effet de participer aux nombreux et longs travaux en cours. Enfin le régulateur a identifié des chantiers de sa compétence impactant l'IoT, comme le renouvellement des licences utilisant le GSM, l'interopérabilité des cartes SIM (normalisation et mise à jour à distance permettant de changer d'opérateur) ou l'itinérance entre opérateurs, réservée à certains services de haute valeur ajoutée. 

Le régulateur évoque également la possibilité de définir un "référentiel commun de comparaison des différentes solutions de connectivité disonibles, en ce qui concerne, notamment, la couverture, la sécurité ou encore la consommation énergétique", afin "de permettre aux utilisateurs de faire un choix éclairé". Une initiative fort intéressante, mais qui curieusement n'est pas reprise dans les 17 orientations soumises à consultation. Et pourquoi pas la prolonger par un observatoire ? Publier des données sur la qualité de la couverture et le marché, au moins pour les applications professionnelles, serait utile au monde des entreprises comme à celui des collectivités.