Numérique / Territoires

TNT : adieu aux télévisions locales ? Novembre 2003

Il est aujourd'hui envisagé de regrouper les chaînes publiques de la télévision numérique terrestre sur un seul multiplex. Se posera alors la question du multiplex restant, dont la moitié des capacités (3 canaux) a été réservée pour des chaînes locales, et dont l'autre moitié serait vide (Voir l'AVIZOOM n°50)

.

Deux options diamétralement opposées sont envisagées.

La première consiste à réaffecter l'ensemble des capacités du multiplex (6 canaux) aux chaînes nationales privées. Il s'agirait d'un véritable scandale : après avoir lancé la TNT au nom de la télévision de proximité, en préemptant au passage les fréquences analogiques qui auraient pu lui servir, les meilleures fréquences numériques disparaîtraient aussi. Cette option serait à l'opposé de la position officielle du CSA, adressée au gouvernement et rendue publique en décembre 1999 : “Le Conseil Supérieur de l'audiovisuel souhaite favoriser l'émergence d'un secteur de télévision locale et de proximité. Il juge nécessaire pour cela de lui réserver un multiplex.”

La seconde permet au contraire une meilleure prise en compte des besoins locaux, en affectant la totalité de la ressource aux chaînes locales. Cette option permettrait d'effectuer un autre découpage, non plus basé sur les besoins nationaux (minimiser le nombre d'émetteurs) mais sur les besoins locaux (localiser les émetteurs en fonction des bassins de population et des territoires). Elle serait conforme à nos demandes répétées, et à la position du CSA en décembre 1999 : “Le multiplex destiné à la télévision locale et de proximité devra disposer d'infrastructures de diffusion adaptées à son objectif : zone de desserte, population servie, homogénéité culturelle et cohérence économique”. Une planification fine permettrait aussi de réétudier le cas des agglomérations qui demandent une bonne fréquence analogique, comme celle de Lille.

Veut-on ou non développer les télévisions de proximité, ou seront-elles toujours sacrifiées à d'autres intérêts ? France Télévisions a déjà abandonné son projet de télévision numérique régionale, faute de financements. Il reste l'initiative locale; encore faut-il qu'il y ait des fréquences. Il ne s'agit pas d'un débat technique, mais d'un choix de société.

Paris, le 18 novembre 2003

Martial GABILLARD

Président