Numérique / Territoires

TNT et RNT : Haute définition, télévision mobile personnelle, radio numérique Mars 2007

La loi sur la télévision du futur a notamment précisé le cadre du lancement de nouveaux modes de réception de la télévision et de ce qu'on pourrait appeler la Radio Numérique Terrestre. Il ne s'agit pas principalement de technique, mais d'arbitrages : comme à l'occasion de chaque mutation, les règles choisies ouvrent la voie à des consolidations ou recompositions du secteur, entre acteurs de l'audiovisuel des grands groupes et acteurs indépendants ou locaux, mais aussi avec les acteurs des télécoms.

Télévision haute définition

L'article 19 réserve le label « prêt pour la haute définition aux récepteurs répondant aux caractéristiques techniques fixées dans la loi et oblige les industriels à une information détaillée et visible des consommateurs.

L'article 22 définit la procédure de choix et d'autorisation des éditeurs candidats à la diffusion en haute définition sur la TNT. La reprise de chaînes déjà autorisées est privilégiée, ainsi que les engagements de production.

Le passage à la haute définition est permis par le développement important du marché des écrans plats et l'évolution des réseaux de communications électroniques. Cependant tous les réseaux ne permettent pas le transport de la haute définition dans les mêmes conditions.

Le câble n'a pas de problème de bande passante, si le réseau est numérisé, mais il faut changer les coffrets d'abonnés. La commercialisation devrait se faire progressivement : les nouveaux abonnés recevront directement un coffret compatible HD, et il s'agira d'une option payante pour les anciens.

La même stratégie devrait être adoptée pour le satellite.

Les réseaux en fibre optique seront bien sûr compatibles avec la HD.

Sur l'adsl, les problèmes de réduction bande passante en fonction la distance, déjà existants avec la simple définition, réduisent encore le taux d'éligibilité.

Sur la TNT, le multiplex R5, qui devait être affecté pour moitié aux chaînes locales, devrait être utilisé pour 2, ou probablement 3 chaînes en HD. Il faudrait attendre l'extinction de l'analogique pour avoir la possibilité de mettre en haute définition toutes les chaînes autorisées. Les coffrets en MPEG 2, soit la quasi totalité de ceux qui sont vendus aujourd'hui, sont incompatibles. Ceci oblige les foyers à se rééquiper en coffrets MPEG 4, mais aussi les chaînes à payer un « simulcast » en simple et haute définition.

Il est donc probable que la TNT serve de vitrine à la haute définition, pour les « historiques » de l'hertzien analogique, mais que la généralisation se fasse par les autres réseaux.

Télévision mobile personnelle

L'article 22 définit la procédure de choix et d'autorisation des éditeurs candidats à la télévision mobile sur la TNT. La reprise de chaînes déjà autorisées est privilégiée, ainsi que les engagements de production, et l'offre de programmes « dont les formats sont les plus adaptés à la télévision mobile personnelle, notamment l'information ». Enfin, il est tenu compte « des engagements du candidat en matière de couverture du territoire et de qualité de réception des services de télévision mobile personnelle, notamment à l'intérieur des bâtiments, ainsi que des conditions de commercialisation du service les plus larges auprès du public ».

Le processus privilégié est celui de l'autorisation individuelle chaîne par chaîne ; toutefois, « avant le 31 mars 2010 (...) le Gouvernement dépose devant le Parlement un rapport sur la possibilité d'ajouter ou de substituer à la procédure prévue au présent article pour la télévision mobile personnelle une procédure d'attribution de la ressource radioélectrique à des distributeurs de services ».

Les premières expérimentations sur la télévision mobile personnelle ont montré que les mutliplex existants ne permettaient pas une réception à l'intérieur des bâtiments, alors même que ce devrait être l'usage le plus répandu.

Il sera donc nécessaire de densifier le réseau d'émetteurs, avec un coût très important ; ce coût est supporté par l'ensemble des éditeurs de chaînes, qui doivent donc s'entendre sur le rythme et le financement du déploiement, alors que le processus d'autorisation est effectué chaîne par chaîne. Par ailleurs, il faudra supporter une montée en charge liée à un équipement progressif de nouveaux récepteurs adaptés. Le seul financement publicitaire risque de ne pas suffire, aussi est-il possible d'opter plutôt pour un modèle payant par abonnement.

Il faut donc que se dégage un consensus entre les éditeurs de chaînes pour présenter un modèle commun. Un accord pourrait être recherché avec les opérateurs de téléphonie mobile, qui gèrent un parc de terminaux de réception sans égal, et qui pourraient trouver intérêt à rendre les téléphones mobiles compatibles avec la TNT, en faisant payer un surcoût, et à rémunérer les éditeurs. C'est donc de fait un accord à trouver entre les principaux groupes d'audiovisuel et de télécoms qui est ainsi imaginé.

Si le législateur a tenu à maintenir le processus traditionnel d'autorisation chaîne par chaîne, l'ensemble de ces contraintes a conduit à prévoir un dispositif de secours, avec une autorisation pour un distributeur.

Radio numérique terreste

L'article 15 précise que le CSA «attribue une part significative des ressources hertziennes disponibles ou rendues disponibles par l'extinction du service analogique de télévision en bande III et en bande L pour la diffusion du service de radio numérique terrestre»

Alors que le son est numérisé depuis plus longtemps pour les CD, la diffusion hertzienne pour la radio est restée en analogique. Il est vrai que la FM (modulation de fréquences), il y a un quart de siècle, a déjà produit l'ouverture du secteur retreint des quelques stations en AM (modulation d'amplitudes), et qu'il y a moins de nécessité de trouver de la place, donc de numériser et comprimer, en radio qu'en télévision. Il n'y a d'ailleurs pas une norme unique qui se soit imposée en Europe, contrairement à la télévision.

Mais plusieurs évolutions nécessitent de franchir le cap de la numérisation. C'est bien sûr déjà le cas sur les réseaux en IP, avec la multiplication d'usages qui en découlent (ballado diffusion, téléchargement...) et l'apparition de nouveaux acteurs.

Les grands groupes nationaux regrettent de ne pas bénéficier de fréquences en FM sur la totalité du territoire et de ne pas avoir une fréquence unique sur laquelle pouvoir communiquer. Ils poussent également à pouvoir diffuser d'autres données, images et textes, sur des récepteurs qui ne seraient plus uniquement audio. Les éditeurs locaux et les indépendants ont peur d'être marginalisés dans ces évolutions. Les débats portent sur les places réservées aux éditeurs nationaux ou locaux, les possibilités de décrochage, voire la remise en cause des catégories de radio.

Les acteurs ne prévoient cependant pas de changements aussi rapides que pour la TNT. Le nombre d'équipements à changer est considérable (environ 7 par foyer, du radio-réveil à la chaîne hifi en passant par l'auto-radio etc.) alors qu'il il n'y aura pas l'équivalent du saut quantitatif de la TNT (triplement du nombre de chaînes) pour pousser les auditeurs à s'équiper.

La transition pourrait être longue, de l'ordre d'une quinzaine d'années., de même que l'AM existe toujours. Il est prévu de numériser l'AM (avec la norme DRM), et de maintenir la FM en analogique pendant toute cette transition.