Numérique / Territoires

TRIP de printemps 2021 : Discours d'ouverture - Patrick CHAIZE, Président de l'Avicca Mai 2021

Monsieur le Ministre, cher Cédric,

Madame la Présidente de l’Arcep, chère Laure,

Mesdames, Messieurs les parlementaires,

Mesdames, Messieurs les élu(e)s de l’Avicca,

Mesdames et Messieurs,

Vous tous qui œuvrez à une transformation numérique plus complète, mais aussi plus respectueuse de l’environnement et plus inclusive.

Quand il pleut de la confiture, mieux vaut avoir la louche ! Cette expression populaire dit bien ce qu’elle veut dire : il faut savoir saisir les opportunités. Sur l’ensemble de nos sujets numériques, le plan de relance semble bien être ce moment « historique » de mobilisation d’argent public que beaucoup attendait depuis longtemps. Avec les confinements successifs, mêmes les plus sceptiques des sceptiques ont enfin compris que la résilience de nos territoires passait par les infrastructures, le développement des services et l’accompagnement des usages.

En conséquence, les appels à projets ou à manifestation d’intérêt se multiplient. Les millions s’ajoutent aux dizaines voire aux centaines de millions. Ils donnent l’impression qu’un flot continu devrait tomber du ciel, pardon de l’État central et de l’Europe, et irriguer nos territoires.

La question est de savoir s’il va pleuvoir là où il pleut déjà. Ou bien si cette pluie abondante va bien « ruisseler » et venir irriguer des sols asséchés ou en demande. Bref, la question pour chacun de nous est de savoir si nous avons la louche... et si ce n’est pas le cas, les règles du jeu devront être modifiées.

Et sur ce point, je sais que nous pouvons compter sur le Ministre, Cédric O, qui appuie et relaie nombre des demandes de l’Avicca et de ses membres depuis sa nomination.

Sur les infrastructures de communications électroniques à très haut débit, nous avons l’impression d’avoir été entendus et compris. Le 100% FttH pour 100% du territoire est presque à portée de main, et s’il reste encore des lignes budgétaires à mobiliser sur les raccordements complexes, la desserte de sites isolés ou le raccordement des entreprises dont on mesure chaque jour la complexité particulière, notre principal sujet est aujourd’hui la mise en œuvre du mode STOC.

La patience de l’Avicca et de ses membres, mais aussi de l’État et de la population, est usée jusqu’à la corde. Inutile de nous jouer la musique de « attendez encore quelques mois ». Non, l’amélioration doit être quasi immédiate, et nous la mesurerons également côté Avicca. Je demande d’ailleurs à l’ensemble de nos membres de bien veiller à remonter leurs indicateurs de terrain pour notre observatoire. Et puisque l’on parle de mesure de l’évolution de la mise en œuvre du mode STOC, un petit message pour re-redire que les problèmes du mode STOC ne se mesurent pas seulement à l’aune des « échecs de raccordement », mais au nombre d’armoires forcées, de PBO laissés ouverts aux quatre vents, de jarretières coupées, de bouchons arrachés, de chambres mal refermées et j’en passe. Et d’ailleurs, quand on connaît les conditions de paiement des sous-traitants de dernier rang, on comprend que l’échec de raccordement est à éviter à n’importe quel prix, y compris le débranchement du voisin ! À se demander si la mesure de l’échec de raccordement n’est pas le pire indicateur pour mesurer l’impact du STOC V2…

Sur le mobile, l’arrivée de la 5G mobilise beaucoup les débats et efface un peu trop vite, à mon goût, les impacts du New Deal mobile sur la couverture 4G. Pourtant, nous avons quelques motifs de nous réjouir, mais aussi quelques exaspérations permanentes quant aux quotas annuels et géographiques, au choix de certains sites, aux difficultés d’avoir des cartes de mesure radio, aux actions de préemption de points hauts à des fins purement spéculatives… et toujours aux délais de réalisation ! S’agissant de la 5G, je me félicite du grand nombre de démarches locales de concertation et d’échanges avec la population, l’Avicca a même participé activement à certaines d’entre elles. Une table ronde essentielle se tiendra d’ailleurs demain sur la 5G, avec l’ANSES qui parlera de sa toute dernière étude sur les ondes et les prochains travaux que l’agence conduira, l’OFITEM évoquera les déploiements des sites 5G quand la FFT viendra nous évoquer le sujet 5G et cybersécurité.

La cybersécurité justement, qui vise à contrer le piratage, douloureuse découverte que nous sommes chaque jour plus nombreux à faire. Après y avoir consacré plusieurs ateliers, l’Avicca organise une table ronde dédiée demain sur ces sujets, avec l’ANSSI, l’Institut national pour la cybersécurité et la résilience des territoires et plusieurs collectivités qui viendront témoigner. Je crains fort que nous n’ayons encore beaucoup de tables rondes sur ce sujet lors de nos prochains colloques.

Le TRIP, ce sont également deux semaines d’ateliers sur les sujets ultramarins, le numérique éducatif, la qualité des réseaux, la communication sur l’aménagement numérique, et même un atelier en commun avec la FNCCR sur l’IoT et les territoires connectés, une grande première que nous avons tenue hier. Ces ateliers, qui ont la particularité d’être souvent moins connus du public des TRIP car généralement réservés à nos seuls membres, n’en sont pas moins riches d‘échanges. En témoignent les travaux vraiment très riches en information et en interaction autour de la thématique de l’éducation numérique, ou encore l’atelier sur la qualité des réseaux qui mobilise tellement de représentants de collectivités que nous avons dû revoir en urgence le dimensionnement de l’outil de webconférence.

Je terminerai mon propos par un sujet qui m’est cher et qui l’est, je l’espère, pour le plus grand nombre d’entre vous : notre action de réduction de la fracture numérique a un impact environnemental. Il est parfois positif, mais encore trop souvent négatif. L’Assemblée nationale va prochainement s’emparer d’un texte essentiel sur ce sujet, texte qui me semble, cela ne vous étonnera guère, déjà très bon, et que les députés auront certainement à cœur de reprendre et d’améliorer. Mais au-delà de nos travaux au Parlement, je me félicite que de plus en plus de collectivités membres de l’Avicca ont fait de ce sujet un axe majeur de leur politique locale. Je me réjouis également du travail engagé depuis des mois par l’Arcep. Madame la Présidente, chère Laure, c’est l’un des nombreux chantiers qui vous attendent durant votre mandat, et pas le moindre, tant il est complexe à appréhender. Pour autant, résorber la fracture numérique doit s’accompagner résolument d’une réduction de la facture environnementale de ce même numérique.

Je ne serai pas plus long car nous aurons suffisamment de sujets de discussion autour des chiffres et des enseignements de la neuvième édition de l’Observatoire du THD, élaboré en partenariat par InfraNum, la Banque des Territoires et l’Avicca.

En attendant de vous retrouver aux côtés du ministre Cédric O, de la présidente de l’Arcep, Laure de la Raudière, du directeur de l’investissement de la Banque des Territoires, Antoine Troesch, et du président d’InfraNum, Étienne Dugas, je vous souhaite un bon TRIP à toutes et à tous !