Numérique / Territoires

TRIP de printemps 2022 - Discours d'ouverture de Patrick Chaize, président de l'Avicca Juin 2022

Retranscription, seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs les élus et parlementaires,

Mesdames et messieurs les responsables d’entreprises

Mesdames et messieurs, chers amis du monde du numérique,

Vous toutes et tous qui œuvrez à faire de la France un chef d’œuvre du numérique,

 

Nous voici à nouveau réunis pour un colloque en présentiel. Je pense que nous tenons presque le happy end, pas de « Nouvelle vague » autre que cinématographique, comme vous avez pu le voir sur nos murs. Bravo à l’équipe de l’Avicca et spéciale dédicace à sa responsable des décors et graphiste, Sophie De Bléeckère !

En attendant le retour du TRIP d’automne les 22 et 23 novembre à Pasteur, je remercie l’Espace Charenton qui nous accueille pour la deuxième fois. C’est un lieu que j’ai eu grand plaisir à découvrir pour notre dernier TRIP d’automne. Nous ne l’oublierons pas !

Nous sommes donc à l’entracte, entre les présidentielles et les législatives. On ne connaît qu’une partie de l’équipe qui devrait produire le second volet de la saga, mais il y a encore beaucoup d’incertitudes sur le casting final.

C’est donc le moment de faire une mise au point et de proposer notre scénario d’anticipation numérique pour ce nouvel épisode des 5 ans à venir.

Avant de parler de nos projets à très hauts débits, de nos essais en matière de nouveaux usages, nos probables futures palmes d’or des services, je voudrais, hélas, revenir sur un navet que tout le monde espère ne plus voir à l’affiche. Le raccordement FttH des particuliers en mode… oups, pardon, j’allais employer le mot qu’il ne faut plus dire. Et oui, si vous ne le saviez pas, figurez-vous que le problème des raccordements FttH ne serait pas lié au mode dont il ne faut pas prononcer le nom. Je vais me contenter de dire qu’il s’agit d’un « mauvais film » !

Avant tout, je voudrais saluer les quelques rares et bienheureuses collectivités qui ne connaissent pas les affres de ce mauvais film que subissent tant d’autres ! Protégez-vous car sur vos territoires, vos habitants, entreprises et administrations aimeront la fibre et ne feront pas obstacle au prochain film à grand succès : la fermeture du réseau cuivre, que nous appelons tous de nos vœux. Sur vos territoires, vous pourrez contribuer sereinement à la mise en œuvre de nouvelles politiques publiques numériques, vous occuper d’inclusion numérique et de développement des usages, d’organiser des hackathons, de faire grandir l’éducation numérique, de mieux protéger vos administrations, entreprises et habitants des attaques de pirates informatiques, de préserver la souveraineté de vos territoires… Bref, de faire ce qui devrait être au cœur de nos préoccupations, de ce qui devrait occuper 100% de nos colloques sans consacrer encore et toujours tout notre temps à tenter d’éteindre l’incendie permanent qu’alimente partout ailleurs le visionnage de ce mauvais film.

On nous fait régulièrement le procès d’intention suivant : nous critiquons le mode « truc » par pure idéologie, alors que nous ne faisons que dénoncer depuis des années sa mise en œuvre. S’il y a des dogmatiques, ils ne sont certainement pas à chercher du côté des collectivités… J’en veux pour preuve que les tenants de cette série Z affirment que le mode OI pose tout autant de problèmes, alors que soit ils l’ont testé et le testent encore en de rares points du pays et ne s’en sont jamais plaints, soit ils ne l’ont jamais testé mais s’en plaignent quand même. Trop forts ! Bref, j’attends avec impatience que la proposition d’expérimentation en mode OI faite par Altitude Infra, le Sipperec, la Communauté d’agglomération du Plateau de Saclay avec l’aval de l’Arcep soit rapidement adoptée par les 4 OCEN, et nous en ferons un comparatif objectif…

En attendant, si ce n’est pas ce mauvais film qui pose souci, comment pouvez-vous m’expliquer que malgré la V2 des contrats « machins », on arrive à trouver des raccordements encore pires que ceux de 2019 ?

Oui, c’est bien une prise optique que vous voyez sur un poteau, et oui, c’est bien le câble de raccordement d’un particulier qui court sur la route, et oui, le CRI est bien OK.

 

 

 

 

 

 

 

Comment expliquez-vous chers opérateurs commerciaux que vos prestataires interviennent sans respecter les plus élémentaires règles de sécurité ?

 

 

 

 

 

 

 

Comment justifiez-vous que vos prestataires n’aient même pas de quoi se payer une clef à plaque ou une clef triangle ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment comprenez-vous que vos propres clients prennent les devants en intervenant à leur tour sur les équipements des opérateurs d’infrastructures pour empêcher vos prestataires d’y toucher ? Verrons-nous bientôt le mode « Sous-traitance par le client final » ? On est proche du festival des films d’horreur !

J’entends encore et toujours la même remarque que celle lancée au TRIP d’automne 2019 : comme quoi nous nous ferions tout un film de problèmes purement anecdotiques. En attendant les résultats des différentes enquêtes de l’Arcep à ce sujet, je reçois les audits de certains OI et de plusieurs de mes membres. Sans trucage, sans effets spéciaux, que du cinéma vérité, qui colle purement et tristement à la stricte réalité du terrain :

  • 75% des PTO sont non conformes ;
  • 80 à 100% des PBO sont plus ou moins gravement endommagés ;
  • Dans certains cas, 100% des PM sont ouverts et dégradés ;
  • Et les PM remis à niveau sont à nouveau dégradés en 1 à 3 mois.

 

D’ailleurs, si c’était vraiment anecdotique, comment expliquez-vous que les réclamations soient aussi nombreuses et quasi généralisées sur l’ensemble du territoire ?

J’entends aussi une autre remarque : « les OCEN ne recensent pas autant de problèmes que vous le dites ». Simplement parce que dégradations ne veut pas toujours dire coupure du service, à court terme du moins. J’ai longtemps cherché une image pour décrire ce navet, ce mauvais road movie qui tourne en boucle, et je remercie l’administrateur d’InfraNum qui me l’a soufflée : le mode « bidule », c’est comme une voiture que vous prêteriez à quelqu’un et qui la refilerait aussitôt à quelqu’un d’autre qu’il ne connaît pas, qui n’a pas de permis ni d’assurance, et qui vous la rend défoncée, rayée de partout, avec les portières arrachées, sans plaque d’immatriculation, un pot d’échappement qui traîne par terre, bref, à l’état de poubelle roulante, mais qui vous dirait : « enfin, où est le problème, elle roule encore ! Circulez, y’a rien à voir ».

Je le dis clairement. Si les acteurs du FttH n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une solution drastique rapidement, nous demanderons au gouvernement de réécrire complètement le scénario du raccordement, en prenant des mesures législatives pour assurer la continuité de service à nos utilisateurs et la pérennité de nos investissements publics, ou bien nous le ferons par une initiative parlementaire.

Et ce serait dommage, car je sais que certains OCEN sont prêts à opérer rapidement ces changements que nous attendons toutes et tous. Philippe Le Grand, président d’InfraNum, nous en dira plus d’ici quelques minutes, mais d’ores et déjà, je remercie très sincèrement l’ensemble des opérateurs qui s’impliquent et ont pris conscience de l’exaspération des élus et d’une part grandissante de la population. J’espère très sincèrement que nous allons aboutir.

Une nouvelle fois, j’aimerais vraiment employer mon temps et le vôtre pour zapper sur des films plus intéressants, d’anticipation avec des projets numériques innovants, d’action sur la mise en place de la péréquation de l’exploitation et de l’extension de nos réseaux, de l’organisation nécessaire pour réussir la fermeture du cuivre, de territoires durables et connectés, un thriller sur la cybersécurité, la sécurité de nos réseaux fixes et mobiles, la souveraineté de nos données... Nous allons essayer de parler de certains de ces sujets en fin d’après-midi avec la nouvelle directrice générale d’Orange, Christel Heydemann que j’aurai le grand plaisir d’accueillir à 17h précises. Nous aurons également une avant-première nationale présentée par Cybermalveillance. Le clap de fin de cette première journée sera donné par OVHcloud qui présentera la vision du premier hébergeur français s’agissant de la souveraineté de nos données. Demain matin, nous attaquerons notre seconde journée par une adaptation de « La carte et le territoire » sur les données, leur visualisation et leur gouvernance. Et bien sûr, dans quelques secondes, Hervé Rasclard, délégué général d’InfraNum, vous présentera sur écran large l’Observatoire 2022 du Très haut débit que nous avons contribué à finaliser, avec la Banque des Territoires.

Je n’oublie pas non plus le challenge Pix. Pour accompagner les collectivités dans leur transformation numérique et la montée en compétences de leurs agents, Pix a conçu l'offre Pix Territoires, disponible à partir du 21 juin prochain. Je vous invite toutes et tous à tester de manière ludique vos propres compétences numériques. Je l’ai fait de mon côté. Rendez-vous demain à 15h30 pour connaître les résultats et récompenser les lauréats !

Mais hélas, mille fois hélas, une grande partie de ce TRIP sera focalisé sur le festival de pannes, qui occupera la plus grande partie de nos échanges, à commencer par la table ronde à laquelle je participerai aux côtés d’acteurs de premier plan, de Laure de la Raudière, présidente de l’Arcep, Philippe Le Grand, président d’InfraNum, Antoine Darodes, directeur du département Investissements transition numérique à la Banque des Territoires et Laurent Rojey, directeur général délégué au Numérique de l’ANCT.

Heureusement, les équipes de l’Avicca, permanents et intermittents, se sont mises en 4 et en tenue de soirée pour vous faire vivre un bon moment dans ce bel Espace Charenton autour du thème du cinéma ! Alors bonne séance et Very nice TRIP à toutes et à tous !

Je vous remercie !