Numérique / Territoires

13. WiMax - Les couvertures départementales Septembre 2005

Jean-Marc Guillemain, Directeur adjoint d'Altitude Telecom

Retour d'expérience

sur les couvertures départementales WiMax

Je vais essayer de répondre plus ou moins à votre question de départ. Nous sommes dans une période un peu particulière, en ce moment. La responsabilité de la vente de la société Altitude - nous n'avons pas vendu des licences, nous vendons la société Altitude - revient à Jean-Paul Rivière. Il en est le seul stratège, et c'est son choix.

Pour notre activité réelle dans le WiMax on peut parler maintenant de retour d'expérience assez significatif, puisque aujourd'hui nous avons déployé des départements entiers, ou sommes en cours de déploiement. C'est plus que de l'expérience : du déploiement, de la commercialisation.

Nous sommes opérateurs télécoms, vous le savez. Avec Altitude, nous allons directement chez WiMax. Nous avons effectivement obtenu les licences WiMax lors de l'été 2003, à l'époque où personne n'en voulait. Nous avons fait une demande à l'ART - cela s'appelait ainsi à l'époque - et nous les avons obtenues.

En septembre 2003, nous avons fait nos premiers déploiements, qui portaient sur les régions, comme l'a rappelé Antoine Veyrat, où nous avions déployé de la BLR 26. Cela pourrait faire l'objet d'une autre discussion, mais je pense qu'il y a toujours une possibilité de développer cette technologie qu'est la BLR 26. Simplement, il ne faut pas se tromper d'endroit où l'on veut la développer : si nous voulons donner du débit aux particuliers avec 26 GHz, il est certain que nous allons vers l'échec. En revanche, pour les grandes entreprises, c'est une technologie assez intéressante. Nous avons déployé du WiMax. Nous avons commencé sur la Normandie - vous savez que nous en sommes originaires - et également sur l'Île-de-France, où nous avions ces licences BLR 26. Nous avions déjà les infrastructures ; c'était donc plus rapide et plus facile. En été 2003, nous avions obtenu ces licences de 3,5 GHz uniquement sur les trois régions dont je vous parlais : la Haute et la Basse Normandie, ainsi que l'Île-de-France. Comme cela marchait bien, nous avons ensuite demandé la licence nationale, que nous avons obtenue en décembre 2003.

Aujourd'hui, le déploiement du WiMax chez Altitude, ce sont 80 stations de base qui sont toutes en service - une centaine le seront à la fin de l'année, de façon certaine - et plus de 700 clients abonnés - nous ne comptons pas les particuliers dans ce chiffre - qui sont, en très grande majorité, des entreprises. Je vous rappelle que notre métier de base était de fournir des accès aux entreprises et de collaborer avec les collectivités.

Le WiMax, une réalité plus qu'une expérimentation

Nous ne sommes plus dans l'expérimentation. Si nous faisons un point sur l'évolution de WiMax qui a eu lieu et qui aura lieu, nous sommes partis de la norme 802.16a pour être aujourd'hui dans la norme 802.16d. Tous les départements que nous déployons depuis le début de cette année sont en 802.16d. La différence est que le 802.16a était vraiment le démarrage. Avec du d, nous commençons à avoir cette idée de non à vue, que nous avions très peu avec le 802.16a. Cela signifie que si vous vous arrêtez, dans un proche avenir, à un café, avant un rendez-vous, si vous sortez votre micro portable équipé d'une carte WiMax ou d'origine WiMax - puisqu'Intel annonce que, pour la fin 2006 ou le début 2007, tous ses portables sortiront avec du WiMax intégré -, vous pourrez vous connecter. Cela, le 802.16d permet de le faire.

L'évolution, c'est le 802.16e. C'est la mobilité et derrière cela, il y a énormément de possibilités.

Aménagement numérique du territoire

Le WiMax se positionne comme une technologie d'aménagement numérique du territoire et une technologie complémentaire. En aucun cas vous ne nous entendrez dire que WiMax est une technologie qui va remplacer le DSL. L'outil WiMax va apporter du débit à ceux qui ne peuvent pas avoir du DSL, pour des raisons techniques avant tout. Il va apporter également le nomadisme, par son évolution. J'affectionne particulièrement l'exemple de la ferme du bout du champ parce que, venant de Normandie, je sais de quoi je parle. Pourquoi les agriculteurs n'auraient-ils pas le droit - et ils en ont largement besoin - au haut débit ? Avec cette technologie, l'on va pouvoir atteindre ces gens aujourd'hui privés de débit - que l'on appelle haut débit ou autrement -, qui est un besoin essentiel du point de vue de leur activité professionnelle.

Ce que nous avons déployé aujourd'hui, et dont je peux vous parler, c'est sur le Calvados, l'Orne, la Vendée, l'Eure. Peu importe la forme juridique de ce qui a été lancé pour ces départements qui déploient ou demandent de déployer ces technologies. Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui, nous avons un retour d'expériences qui commence à devenir très important.

Les métiers

A quoi le WiMax répond-il ? Il répond à trois activités. J'entends souvent parler de deux activités, et non pas de trois. C'était encore le cas hier à l'Arcep.

  • La première activité est d'aller chercher le particulier qui ne peut pas recevoir du débit parce que le DSL ne passe pas, à cause de la distance, parce qu'il n'y a pas d'autre technologie, etc.

  • La deuxième activité du WiMax est l'entreprise : répondre à un besoin d'entreprise. L'un de mes confrères parlait tout à l'heure des tests qu'ils avaient faits, disant qu'ils échangeaient à 10 Mb/s. à 10 Mb/s, les problèmes de 10 Mb/s symétriques, garantis, ne se posent pas. Ce ne sont pas les particuliers qui ont besoin de cela, mais les entreprises qui, elles, en ont vraiment besoin. C'est une technologie importante, qui s'adresse aux entreprises. Et à toutes les entreprises - nous entendons parler de plans de Zac, mais toutes les entreprises ne se trouvent pas forcément dans des Zac. Un certain nombre de départements se vantent d'avoir des entreprises à la campagne. Eux non plus n'ont pas toujours cette chance d'avoir l'ADSL ou la fibre chez eux. Une partie du WiMax qui est vraiment importante est donc l'entreprise.
  • Le troisième marché, évidemment, sera la mobilité. Mais nous nous posons là dans une perspective d'un an et demi à deux ans. Et dans les télécoms, beaucoup de choses peuvent se passer dans un tel laps de temps.

Parmi les photos qui vous sont présentées, vous voyez, de grandes antennes. Ce n'est pas du WiMax, mais du GSM. La toute petite, en-dessous, est du WiMax. Ce qui me paraît important est de savoir que cela va s'intégrer de façon extrêmement sobre et que l'on ne sera pas forcé d'avoir des forêts d'antennes pour couvrir un département, sachant qu'aujourd'hui, l'on met entre 20, 25 ou 28 stations de base - cela dépend des départements et de la géographie - pour couvrir entre 70 et 95 % d'un territoire - je ne parle pas d'habitations. En Savoie, c'est un peu plus difficile qu'en Vendée, où c'est relativement plat, ou dans la Beauce. Cela fait donc varier le nombre de stations de base. En revanche, il est certain que, dans le déploiement du 802.16e, nous nous retrouverons avec une densification relativement plus importante des stations de base, parce que nous irons là toucher des gens sans être à vue et il va falloir vraiment que l'on densifie le réseau. Mais, au jour d'aujourd'hui, le chiffre à retenir est qu'entre 20 et 25 stations de base couvrent un département classique.

Retour d'expérience

Aujourd'hui, 700 sites d'entreprise sont reliés en WiMax. Ce sont des clients qui paient leur facture tous les mois, ce qui a son importance. Et nous fournissons aussi environ 250 particuliers, qui ne sont pas éligibles à la technologie WiMax. Nous sommes en début de déploiement. Je répète que si un particulier a la possibilité d'avoir le choix entre du WiMax et du DSL, nous ne lui proposerons pas de WiMax, c'est certain. Aujourd'hui, les coûts, et notamment les coûts d'antenne terminale, sont beaucoup trop importants pour que l'on déploie exactement comme l'on peut déployer du DSL. C'est vraiment une technologie complémentaire. Peu importent les prestigieuses références. Ce qui nous paraît essentiel, c'est que des services informatiques de très grands groupes nationaux et internationaux ont intégré le WiMax, à l'intérieur de leur plan de télécommunications, comme une technologie fiable, sur laquelle on peut baser ses échanges soit IP, soit de voix. La voix sur IP a été inaugurée par le ministre avant les vacances et nous vendons aujourd'hui aux entreprises de la voix sur IP sur WiMax. Cela fonctionne très bien. Et, s'agissant des coûts d'abonnement pour l'entreprise, si l'on compare la technologie WiMax avec les LS de l'opérateur historique, ce ne sont pas du tout les mêmes jeux, et cela permet aux entreprises qui ne pourraient pas avoir du débit par le DSL de réaliser des économiques extraordinaires. Lorsque je dis DSL, c'est à comprendre avec de la qualité de service, c'est-à-dire du minimum garanti et de la symétrie.

J'ai fait à peu près le tour. Merci.

Patrick VUITTON, Avicca

Je voudrais citer quelques chiffres sur la Vendée, l'un des départements que vous couvrez, chiffres obtenus de la collectivité : le coût de déploiement pour ce démarrage est estimé à 10 M€, dont 5 M€ de subventions publiques - si, en plus il faut payer une licence, vous voyez vers quoi l'on se dirige... - pour 20 stations et 540.000 habitants, dans un département relativement plat.

Nous avons quelques minutes pour le débat. Deux acteurs de la catégorie opérateurs d'opérateurs n'ont pas été mis autour de cette table, pour ne pas rallonger l'exposé. Ce sont Axione et Vinci. Je ne sais pas s'ils veulent s'exprimer sur leur demande de licence. Sinon, place aux questions générales dans la salle.

Pierre-Eric SAINT-ANDRE, Directeur général d'Axione

Comme vous nous tendez la perche, nous allons réagir et profiter de l'assistance ici présente pour vous exposer notre vision. Notre vision n'est pas technologique dans le WiMax. Nous avons certains sites d'expérimentation, mais si je vous en faisais le compte rendu, nous aboutirions à peu près aux mêmes résultats que ceux de ce matin.

Pour nous, l'enjeu du WiMax est un enjeu d'aménagement du territoire, qui se situe pour nous à deux niveaux. Le premier est celui du réseau de distribution secondaire à court terme pour collecter du trafic sur de petits centraux de France Télécom. Le deuxième enjeu du WiMax est de permettre l'engagement que nous avons pris auprès de nos collectivités de couvrir 100 % des populations et entreprises des territoires que nous desservons. C'est pour passer de 98 %, 97 % ou 96 % à 100 %. Ce sont ces 2 %, 3 % ou 4 % qui nous soucient au niveau de l'utilisation de la bande de fréquence 3,4-3,6 GHz aujourd'hui sur le WiMax. S'il s'agit d'un enjeu d'aménagement du territoire, les premiers concernés par ce problème sont les collectivités territoriales : ce sont elles les garantes de l'utilisation de cette bande de fréquence, qui est une ressource publique et doit être utilisée de façon totalement neutre, partagée, mutualisée, entre l'ensemble des acteurs qui souhaitent développer des services, des innovations et tirer les prix vers le bas pour la compétitivité des entreprises et la qualité de vie des particuliers qui sont sur nos territoires.

Aussi, chez Axione, notre ambition, en tant qu'aménageur de services publics, n'est pas personnelle, ni privée ; elle n'est pas d'être titulaire d'une licence à tout prix. Il n'y a pas de notion marchande derrière l'utilisation d'une bande de fréquence pour adresser 3 ou 4 % d'une population.

Nous souhaitions profiter de cette assistance pour faire une déclaration auprès des collectivités territoriales et leur dire que, bien entendu, nous soutenons l'ensemble des démarches et des collectivités qui souhaiteraient candidater à ces licences sur leur territoire. Nous sommes prêts à leur apporter l'ensemble de notre soutien, à tous points de vue : pour constituer des dossiers, participer avec eux à une candidature... Nous sommes ouverts à les supporter et à les accompagner dans cette démarche. Pour nous, l'idéal serait que les collectivités territoriales soient titulaires de la bande de fréquence 3,6 GHz, utilisée pour le besoin de l'ensemble des opérateurs de services qui souhaiteraient développer des services dans nos territoires. C'est un avis aux collectivités. Si elles souhaitent réagir et prendre contact avec nous, elles seront les bienvenues pour que nous les accompagnions dans cette démarche.

Michel AZIBERT, TDF

Je suis directeur du développement et de l'international TDF. Comme il a été positivement et très gentiment fait allusion à nous, notamment par Pierre Marteau, à propos de l'Île-de-France, et comme nous avions participé, de manière modeste, à ce stade, à des projets de DSP, je voulais préciser que nous sommes très impliqués dans l'étude de ces projets de candidature WiMax. Nous allons probablement être candidats directement, sans doute sur l'ensemble des régions.

Nous sommes actuellement dans une phase de consultation, qui nous permet de dégager des partenariats, dont l'un a déjà été annoncé pour l'Ile-de-France. Ce seront des partenariats essentiellement à l'échelon régional, mais peut-être aussi national. Même si nous sommes directement candidats, nous avons un positionnement d'opérateur d'opérateurs et nous serons candidats de manière extrêmement amicale vis-à-vis des collectivités territoriales qui souhaiteraient discuter avec nous, puisque nous serons totalement neutres. Nous envisageons, bien entendu, de répondre en priorité aux deux critères que l'Arcep a dégagés : aussi bien à celui de l'aménagement numérique du territoire, avec des engagements forts de déploiement dans les zones non denses, qu'à l'engagement portant sur le développement de la concurrence, ce qu'un rôle d'opérateur d'opérateurs doit satisfaire.

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