Numérique / Territoires

Aménagement numérique : l'Etat enclenche la marche avant pour nos territoires Septembre 2020

« Les télécoms sont l’épine dorsale de la transformation numérique. Sans connexion, pas d’usages ». Comment ne pas souscrire à ce tweet de Cédric O à l’occasion de sa nomination en tant que secrétaire d’État à la Transition numérique ? Car avec la Covid-19, l’urgence du numérique s’est accentuée s’agissant plus particulièrement de la poursuite de l’activité économique (télétravail et transformation numérique des entreprises), de la continuité de l’école au domicile, du maintien des personnes fragiles à la maison, des télédiagnostics dans les déserts médicaux…

 C’est pourquoi dès le mois de mai dernier, 8 associations d’élus[1] ont demandé un nouveau plan global pour assurer la résilience numérique de la France. Et s’agissant du fixe, l’exigence première était le 100% FttH y compris en zone rurale. Ce n’est plus un doux rêve d’élus et de territoires pionniers. La Loire, l’Oise et le Val-de-Marne ont déjà achevé la couverture de leur zone d’initiative publique. Trois autres départements devraient y parvenir d’ici la fin de l’année, malgré la crise sanitaire.

 Si la prise de conscience de l’importance de disposer d’un bon accès fixe et mobile en tout lieu est aujourd’hui actée par tous, il n’en reste pas moins que nous sommes encore loin du compte. Alors que l’Avicca avait particulièrement apprécié les échanges avec Julien Denormandie et son soutien pour la loi ELAN, la facilitation des déploiements sur les supports aériens et les objectifs du New Deal mobile, elle s’était maintes fois émue des choix du précédent gouvernement en matière de déploiements FttH pour la France.

 Aussi, tout en saluant sincèrement le travail effectué avec le précédent ministre, l’Avicca note avec un réel soulagement l’extension du domaine d’action de Cédric O aux Communications électroniques fixes et mobiles. Cette cohérence de l’action gouvernementale en matière d’aménagement numérique était particulièrement attendue. S’il est trop tôt pour apprécier l’efficacité du rattachement de cette nouvelle compétence à deux ministères de tutelle (celui de l'Économie, des Finances et de la Relance et celui de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales), cela n’en reste pas moins le signal que l’aménagement numérique de nos territoires pourrait peser désormais d’un poids égal face aux logiques comptables.

 « En réinvestissant 240 M€ dans le Plan France Très Haut Débit, le Gouvernement souhaite adresser un signal fort à l’ensemble des acteurs de la filière et, partant, inciter à accélérer la reprise au moment où le déploiement de la fibre apparait comme un élément primordial de résilience du pays ». Après avoir essuyé jusqu’à présent des fins de non-recevoir parfois particulièrement abruptes, cette annonce du Gouvernement est effectivement un signal fort, reçu 5/5 par l’Avicca et ses adhérents. Cette annonce vient de surcroît après le vote du parlement de 30 M€ supplémentaires pour ce Plan. Nous approchons ainsi à un rythme satisfaisant des montants évalués par l’Avicca sur la base des dernières études, et pouvons estimer avoir les moyens de garantir un véritable 100% FttH en zone d’initiative publique. L’Avicca ne peut que se féliciter franchement de cette nouvelle mobilisation de l’État tant espérée.

 Troisième bonne nouvelle, l’annonce du lancement par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires de la startup d’État « Bases Adresses Locales », en partenariat avec la DINUM. Ce sujet des données Adresses Locales hébergées et actualisées au sein d'une base nationale si possible ouverte est un serpent de mer depuis le début du Plan France THD : pour une part non négligeable de nos concitoyens, la fibre peut avoir été déployée devant le domicile, si celui-ci ne dispose pas d’une adresse standardisée, les opérateurs nationaux refuseront de le raccorder. Même si elle peut sembler tardive, l’Avicca accueille très favorablement cette décision.

 La formation aux métiers du numérique est dotée d'un fond sans précédent : 300 M€, destinés en priorité aux jeunes et à ceux dont les métiers seront affectés par la crise et les mutations économiques. L'Avicca et ses adhérents se sont déjà engagés dans des dispositifs en ce sens, que ce soit par exemple avec les Plombiers du numérique ou plus récemment avec le Service militaire volontaire. Ces actions conjointes devront, nous l'espérons, faire baisser la tension sur les recrutements de la filière et cesser le recours massif aux travailleurs détachés.

 La numérisation des entreprises, cheval de bataille de l'Avicca et de ses adhérents depuis plus de 20 ans, pourrait également prendre une accélération considérable grâce à l'injection de 385 millions d'€ pour les TPE, PME et ETI. Cette accélération devrait également concerner les collectivités territoriales, notamment sur l'identité numérique, la cybersécurité et l'utilisation des technologies de pointe par les administrations.

 Enfin, nous nous réjouissons du lancement d’un véritable plan national d’inclusion numérique, que nous appelions de nos vœux. En effet, plus de 13 millions de Français sont éloignés des usages de l’internet et des applications mobiles. La crise a montré que ceux-ci se trouvaient exclus des possibilités de télétravail, d’accès à l’école, à la santé (dans le cas du télédiagnostic souvent recommandé) ou encore à la culture (l’offre de contenus publics et gratuite plutôt abondante leur était de fait inaccessible). L’Avicca réclamait donc une massification du dispositif mis en place par le gouvernement en 2019 : les 250 millions d’€ annoncés et le recrutement de 5 000 ambassadeurs du numérique répondent à cette attente.

 Ces grandes avancées s’inscrivent pleinement dans le Plan Résilience numérique[2] proposé par l’Avicca lors de son Assemblée générale du 23 juin dernier, qui identifie plus d’une trentaine d’actions et de recommandations visant à aplanir les obstacles administratifs, financiers, organisationnels, juridiques et techniques pour réussir la transformation numérique durable de nos territoires urbains, périphériques, ruraux, côtiers, de montagne et ultra-marins.

 Aussi, nous nous mettons à la disposition du secrétaire d’État, dont les attributions renforcées recoupent les champs de compétences et d’actions de l’Avicca, afin d'œuvrer ensemble à la transition et la résilience numériques de la France.

 

Paris, le 3 septembre 2020

Patrick CHAIZE
Président de l’Avicca




[1] L’ADCF, l’ADF, l’AMF, l’AMRF, l’ANEM, l’Avicca, la FNCCR, France Urbaine