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Chiffres Arcep au T1 2019 : le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ? Juin 2019

L'Arcep vient de publier ses statistiques de déploiements pour le premier trimestre 2019. Particulièrement attendues, ces statistiques devaient montrer si l’excellent dernier trimestre 2018 était une exception ou le signe d’une tendance lourde d’accélération de la part des opérateurs privés et des RIP. Difficile de se faire une opinion tranchée à la lecture en détail de l’open data de l’Arcep. Chacun pourra y trouver des motifs de satisfaction ou d’inquiétude.

 

La longue marche de la Zone Très Dense vers la complétude



Les déploiements en zone très dense, comme les trimestres précédents, suivent leur (trop) lent chemin vers la complétude. Encore trois ans au minimum si le rythme constaté sur la dernière année glissante n’est pas amélioré. Les inégalités persistent. Les déploiements sur Lille et Bobigny, toujours à moins de 50% de raccordables, ont quasiment stagné depuis un an. Bien que plus dynamiques, les déploiements à Toulon, Saint-Denis, Clermont-Ferrand ou encore Vénissieux ne permettent pour autant pas à ces communes de franchir cette barre symbolique des 50% de raccordables. Mention spéciale toutefois à Meylan (Isère), qui passe en une année de moins d’un tiers de son territoire raccordable à plus de 70%.

Difficile en même temps d’accabler le seul opérateur déployant de manière significative sur la ZTD pour ces résultats assez décevants. Il est grand temps que d’autres opérateurs se mobilisent vraiment et interviennent pour tourner plus rapidement la page des déploiements sur cette zone où, selon la classification Arcep, il devait être économiquement viable pour plusieurs opérateurs de déployer leurs propres infrastructures de réseaux de fibre optique…

 

Zone AMII historique : on essaye d’y croire, mais…

L’Avicca regrette que l’accélération constatée à la fin du T4 2018 ne se soit pas maintenue au T1 2019. Difficile aussi de se réjouir que l’on ait fait beaucoup mieux que le T1 2018, qui reste un millésime particulièrement mauvais. Difficile également de se satisfaire à date de l’accélération en apparence sensible côté SFR. Il convient d’apprécier en effet le doublement du rythme de production en 1 an, mais de le relativiser en rappelant que l’on part d’un rythme d’à peine plus de 20 000 prises par mois au T1 2018… A rythme inchangé, l’opérateur qui n’a selon l’Arcep déployé que 40% de sa zone L33-13 ne pourra pas selon toute vraisemblance respecter l’échéance de 2020. Celle de 2022 semble toutefois un peu moins hors d’atteinte.

Quant à Orange, s’il déçoit un peu pour ce T1 2019, il reste de très loin le principal contributeur des déploiements en zone AMII. Suffisant pour respecter les échéances 2020 et 2022 ? Comme l’Arcep, l’Avicca estime que l’accélération reste plus que jamais de mise.


Extensions successives de la zone privée : quelques rares photons décelés dans l’obscurité

Depuis le trimestre précédent, trois premiers AMEL ont été validés par le premier Ministre : SUD THD (04,05,13), Côte-d’Or (21) ainsi que le Lot-et-Garonne (47). Cela impacte directement le nombre de communes rajoutées à la zone d’initiative privée. L’Avicca attend avec impatience de voir si le dispositif AMEL permettra de dynamiser cette catégorie de déploiement qui, jusqu’à présent, brille surtout par l’encéphalogramme désespérément plat de ses déploiements.
Tout n’est pas noir cependant. Ainsi, Wittelsheim (68), désormais déployée par SFR, rejoint le club très très fermé des communes raccordables à plus de 95%. La commune de Beaupuy (31) est passée à près de 50% en un trimestre (0% de raccordable au T4 2018). Quant à la commune de Rivesaltes, elle détient pour cette catégorie le record de prises réalisées sur la période, avec plus de 1900 nouveaux locaux raccordables en un trimestre.


Zone RIP : oui, mais

L’Arcep note s’agissant de la zone RIP une « progression marquée ce trimestre, avec 235 000 locaux rendus éligibles ». Si l’Avicca reconnaît un premier trimestre 2019 très satisfaisant, celui-ci reste en retrait du T4 2018. Plus encore, il dénote quelque peu au regard de la belle dynamique de progression continue en 2018, y compris durant le T3, trimestre où les déploiements sont généralement en chute libre.

Axione maintient une nouvelle fois sa position de premier déployeur FttH en zone d’initiative publique, et encore, sans intégrer les déploiements qu’il réalise en tant que constructeur mais qu’un autre opérateur déploie (Oise et Eure-et-Loir principalement). TDF maintient également son rythme de progression d’un trimestre à l’autre, mais reste toutefois loin derrière les autres acteurs en volume.

Avec plus de 56% de sa zone RIP déjà raccordable au FttH, l’Aisne poursuit à bon rythme son chemin vers le 100% FttH. Un objectif que l’Oise, avec déjà 80% de raccordables, semble bientôt devoir atteindre. Dans la Loire, le rythme ne faiblit pas non plus en ce premier trimestre 2019, avec plus de 17 000 locaux rendus raccordables sur la zone RIP en un trimestre, soit près du double des prises déployées sur la même période en ZTD et en zone AMII sur le même département. A l’est, le RIP Rosace (Bas-Rhin et Haut-Rhin) mobilise à lui seul un tiers des capacités de production d’Altitude : une prise sur 4 de la zone RIP y est désormais éligible au FttH. Toujours côté Altitude, à signaler le Doubs où plus d’une prise sur 3 de la zone RIP est raccordable au FttH. Même dynamisme constaté dans le nord sur le RIP 59/62, où l’on atteint déjà près de 27% de complétude de la zone RIP, ce qui ne manque pas de contraster avec l’atonie des déploiements privés sur la ZTD de Lille (voir supra).