Numérique / Territoires

Chiffres ARCEP au T3 2022 : pour la complétude FttH, suivez le guide Décembre 2022

Lors d'une réunion organisée par l'Etat au Ministère des Finances en octobre dernier avec les acteurs publics et privés de la filière télécom, TOUTES les associations d'élus, qu'elles soient généralistes ou spécialisées sur les sujets numériques, ont clairement exprimé leurs attentes quant à la complétude des déploiements FttH privés et publics avant d'envisager la fermeture du réseau cuivre. Toutes. Ce n'est bien évidemment pas une nouveauté, et c'est bien pour répondre à cette exigence qu'à des degrés divers, l'Arcep, l'Etat, l'Avicca et bien d'autres encore s'inquiètent des retards de déploiements notamment - mais pas exclusivement - en zone d'initiative privée.

Bien évidemment, il y aura des situations exceptionnelles qui pourraient, dans certains territoires notamment très ruraux, insulaires, montagneux ou à l'habitat particulièrement dispersé, empêcher d'être totalement à 100%. Certes. Mais on parle ici d'exceptions, et l'Avicca et ses membres proposeront début 2023 une définition précise de celles-ci permettant d'encadrer ces exceptions. Car il est certain qu'il serait tout aussi irresponsable d'abandonner l'objectif de la complétude que de s'accrocher à un 100% parfait en tout point du territoire qui empêcherait de mener le plus rapidement possible à son terme l'indispensable décommissionnement du réseau cuivre.

Ce rappel nous semblait nécessaire avant que d'aborder les statistiques de déploiement FttH pour le troisième trimestre 2022, publiées par l'Arcep le 1er décembre. Comme à chaque publication, l'Avicca aborde de manière synthétique ces statistiques qu'elle détaille dans le semaines qui suivent, zone par zone. Et pour être très très synthétique, les tendances observées les précédents trimestres se confirment : l'outil de production est désormais proche de l'arrêt en ZTD et en zone AMII ou CPSD, et encore en activité en zone AMEL. Et ils restent toujours au top en zone d'initiative publique, avec un excellent troisième trimestre qui permet sur une année glissante de ne constater aucun ralentissement alors même que les prises y sont toujours plus difficiles à construire.

Il n'y a, en zone très dense, toujours aucune commune intégralement ou quasi intégralement raccordable. Donc aucune possibilité pour Orange d'y fermer de réseau cuivre (en dehors d'expérimentations bien entendu). Le solde net de créations de nouvelles prises (nouvelles prises construites moins nouvelles constructions sur une même commune) est inférieur à 40 000 prises sur un trimestre. Si ce rythme ne s'améliore pas (et ne se dégrade pas non plus), il faudra encore 5 ans pour achever la couverture de la zone très dense.

 

(Nota : une mise à jour de l'opendata de l'Avicca a permis d'identifier 5 communes supplémentaires pour la zone AMII)

En zone AMII, la production de nouvelles prises au 3ème trimestre a été divisée par plus de 2 par rapport à il y a un an ! Cela se ressent sur l'avancement de la complétude, qui ralentit de plus en plus. Notons que, quand bien même il nous manque encore les statistiques du dernier trimestre 2022, cette année qui devait voir l'achèvement des zones AMII (après le temps de prolongation de 2 ans offerts par les "engagements" L33-13) verra peut-être une quarantaine de communes de la zone AMII sur lesquelles les travaux n'auront même pas débuté !

Au final, la complétude ne concerne que 10,5% des communes de la zone AMII. Avec un solde net de 84 000 prises FttH construites en un trimestre, il faudra 6 ans pour déployer le restant des plus de 2 millions de prises FttH non construites en zone AMII ! L'objectif d'y fermer le cuivre avant 2030 reste, à date, encore réalisable, mais la date d'achèvement s'éloigne chaque trimestre toujours un peu plus...

 

L'Avicca corrige régulièrement ses bases "communales", suite aux remontées de ses membres et aux évolutions de zonages qui ne sont pas toujours bien identifiées à temps. La principale correction concerne près d'une centaine de communes qui étaient auparavant classées, à tort, en zone RIP.

Pour le reste, pas de grand changement d'un trimestre à l'autre. Certes, le troisième trimestre est plutôt un bon trimestre, les chiffres étant portés par les déploiements sur les communes dites AMEL. Rien qui puisse cependant être rassurant, vu le faible niveau de départ et le reste à faire toujours aussi conséquent.

Mais la plus grande inquiétude des collectivités n'est même plus là. Constatant que même sur les communes réputées très rentables de la zone très denses et celles réputées rentables de la zone AMII, les déploiements s'arrêtent bien avant d'avoir atteints les 100%, qu'en sera-t-il sur ces communes où les prises sont beaucoup plus coûteuses à construire ?

Et un problème ne venant jamais seul, certains opérateurs et collectivités ont alerté l'Avicca sur le niveau anormalement élevé des échecs de raccordement en zone AMEL, qui touchent par endroit une prise sur trois ! Comme quoi les statistiques de l'Arcep restent visiblement beaucoup plus optimistes que ne l'est la réalité du terrain...

Le dynamisme des déploiements ne faiblit toujours pas en zone RIP. Le prochain article détaillé présentera les nouveaux départements ayant atteint la complétude de la couverture FttH ou s'en rapprochant désormais suffisamment pour entrevoir une fin des déploiements en 2022.

En attendant ces éléments, la complétude progresse très rapidement: elle atteint désormais 22% des communes de la zone RIP et 30% des communes déployées. Certes, la situation reste encore trop inégale selon les territoires, mais le dynamisme observé et l'engagement des prestataires des collectivités permet d'être optimiste. Si le rythme actuel était maintenu, il suffirait de 2 années seulement pour achever les déploiements de la zone RIP !