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Chiffres FttH au T2 2022 : la décrue est bien trop rapide ! Septembre 2022

L'objectif d'une fin des travaux de déploiement de la fibre optique pour fin 2025/début 2026 ne doit pas être perdu de vue. L'Observatoire InfraNum Avicca prévoyait une décrue rapide du rythme des déploiements à partir de 2023. Or à la lecture des chiffres du premier semestre 2022, celle-ci semble arriver plus vite que prévu.

 

  • Zone très dense : toujours aucune perspective de complétude

La zone très dense est la parfaite illustration des conséquences du désengagement progressif des opérateurs à déployer de nouvelles prises sur cette zone. Iliad/Free s'est désengagé le premier, avec une moyenne mensuelle de 800 nouvelles prises FttH raccordables ces 8 dernières années. Côté SFR, sur la même période, la moyenne mensuelle est de 2300 prises, et ce chiffre n'est même plus atteint en moyenne trimestrielle. Quant à Orange, si l'opérateur historique conserve encore une capacité de production, celle-ci fond bien trop rapidement. Le résultat de ce désengagement est logique : la complétude de la zone très dense est à l'arrêt, le solde net (construction de nouvelles prises FttH - construction de nouveaux logements) est de 60 000 nouvelles prises FttH. A titre d'illustration, c'est le nombre de locaux non encore raccordés à la fibre pour la seule ville de Paris.

Les communes de la zone très dense devront donc, avec celles des zones AMEL (cf. ci-dessous), être les dernières où le réseau cuivre d'Orange pourra être fermé.

 

  • Zones AMEL et CPSD : du mieux, assurément, mais toujours un retard généralisé qui persiste

Ne boudons pas notre plaisir : quand bien même la complétude de ces zones reste toujours aussi décevante, le niveau de déploiement augmente un peu. Par ailleurs, la moitié des communes de cette zone est désormais en chantier. Autre motif de satisfaction relative : c'est la zone AMEL qui tire l'ensemble de ces zones où les déploiements privés ont remplacés les initiatives publiques. Bon, évidemment, pas de quoi pavoiser, les engagements L33-13 restent non respectés, le retard s'accroît toujours, mais de moins en moins vite. On se console comme on peut...

Dans le détail, c'est toujours XP Fibre/SFR qui déploie le plus de prises : deux fois plus qu'Orange et Altitude réunis. L'opérateur au carré rouge devrait même pouvoir terminer la zone AMEL d'Eure-et-Loir pour la fin de cette année, soit avec un an de retard "seulement" sur l'engagement initial de l'opérateur. L'objectif d'un achèvement comme promis  fin 2022 de l'AMEL dans les Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes et Bouches-du-Rhône est en revanche totalement inatteignable, le retard dépassant désormais les 15 mois. Idem dans la Nièvre, où l'échéance de la fin de l'année n'est même pas remplie à 50%... Quant à la Savoie et à la Saône-et-Loire, le retard d'XP Fibre/SFR y prend des proportions toujours aussi inquiétantes : sauf formidable accélération dans les prochains mois, le retard pourrait s'y compter en années...

Altitude ne devrait pas non plus tenir ses échéances sur les zones AMEL, contrairement aux RIP dont il a la charge. Que ce soit en Côte-d'Or ou dans les Landes, la progression est certes très rapide, mais restera sans doute insuffisante pour respecter l'échéance de fin 2022. Un retard d'au moins un trimestre est anticipé.

Quant à Orange, qui a fixé les échéances de complétude les plus lointaines et sans objectifs intermédiaires, il est encore trop tôt pour dire s'il y aura retard ou non. Mais lorsque l'on voit que les déploiements de l'opérateur historique viennent seulement de démarrer dans les Deux-Sèvres, dans la Vienne et en Haute-Vienne, et plus encore le rythme particulièrement faible de ce démarrage, il y a lieu de s'inquiéter également.

 

  • Encore deux trimestres à ce rythme de décrue et la zone AMII sera à l'arrêt

On pouvait penser qu'il était difficile de faire pire qu'au premier trimestre 2022. Orange et SFR ont relevé ensemble le challenge et y sont parvenus. Chapeau bas. Avec moins de 200 000 nouveaux raccordements sur la zone AMII de 2011, il faut remonter très loin dans le temps pour trouver d'aussi mauvais chiffres. Et comme les communes de cette zone comptabilisent près de 60 000 nouveaux locaux sur la même période, le solde de création nette de nouvelles prises atteint péniblement 135 000, comme au trimestre précédent.

Quant à la progression de la complétude des communes de cette zone AMII de 2011, elle reste également très insuffisante alors même que les opérateurs sont sensés avoir tout terminé pour la fin de cette année. L'Avicca note également qu'il reste encore une cinquantaine de communes pour lesquelles les travaux n'ont toujours pas démarré.

Visiblement, les opérateurs ne semblent nullement inquiets des procédures L33-13 engagées par l'Arcep...

  • Zone RIP : un bon trimestre mais devrait mieux faire

Le deuxième trimestre 2022 est à nouveau un bon trimestre, qui enregistre une progression notable par rapport au T1... mais une régression tout aussi notable (-55 000 prises) par rapport au deuxième trimestre de 2021 ! C'est même la première fois depuis 2017 qu'une telle situation est observée. Rien qui puisse inquiéter, mais il convient d'être vigilant pour les prochains trimestres. Car si l'on veut atteindre les objectifs de complétude pour la zone RIP d'ici fin 2025 / début 2026, le rythme de production annuel de 2022 doit rester peu ou prou au même niveau qu'en 2021.

Cela étant, ce rythme qui reste très soutenu se traduit par une forte accélération de la complétude et des mises en chantier de nouvelles communes : 1 commune sur 5 est désormais totalement raccordable, contre seulement 1 sur 10 en zone AMII... et 0 en ZTD !