Numérique / Territoires

"Choisir la fibre sur 100 % du territoire est prématuré " : le poisson d'avril de la secrétaire d'Etat à l'économie ? Avril 2018

La secrétaire d'Etat à l'économie, Delphine Geny-Stephann, s'est distinguée en lançant ce qui pourrait ressembler à un poisson d'avril tardif.

Dans une interview au journal « Le Monde », la secrétaire d’Etat à l’économie indique que « choisir la fibre sur 100 % du territoire et donc dans les zones les plus reculées me semble prématuré ». C’est pourtant le choix qu’ont fait de très nombreux départements et régions, qui ont conclu des marchés publics en ce sens, avec un objectif de couverture intégrale dans des échéances réalistes (de 2019 à 2025 suivant les cas). Quant à la commercialisation, elle atteint dans certains secteurs très ruraux des taux de pénétration à faire pâlir d'envie n'importe quel opérateur déployant du FttH dans les grandes villes. Il ne s’agit donc pas d’un gouffre financier, mais d’une volonté réaliste d’assurer la cohésion territoriale dans des délais raisonnables.

Ce renoncement du gouvernement, s’il devait se confirmer, signifierait simplement que l’Etat laisserait les autres départements et régions, qui ont choisi des modes de déploiement en plusieurs phases, sans financement national pour achever leur couverture territoriale, contrairement aux engagements pris en juillet 2017 par Jacques Mézard d’inscrire le Très haut débit dans le plan d’investissement de 50 milliards d’euros.

Ce signal négatif crée une inquiétude supplémentaire, après la fermeture - pardon la suspension - du guichet du Plan France THD, la relance du cuivre par le tandem Orange / Etat, l'AMEL qui vient complexifier les projets des RIP, le guichet Cohésion numérique qui pourrait se traduire par un reniement de l'Etat à honorer sa signature des décisions de financement...

Lors du colloque TRIP organisé par l'AVICCA en novembre 2017, Julien Denormandie, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la cohésion des territoires, affirmait pourtant sa conviction selon laquelle « il nous faut aujourd’hui avoir plus de transparence dans tout ce que nous faisons ». Malgré cela, les accords pris sur la couverture mobile, les « engagements » pris par Orange et SFR pour limiter leur dérapage dans la couverture des zones AMII, ainsi que le rapport de l'IGF et du CGE sur la poursuite de la politique d'aménagement numérique du territoire restent toujours secrets.

Le gouvernement devrait éviter les assertions hors-sols et parler d’une seule voix : celle de l’ambition pour le numérique et pour la cohésion des territoires.