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Complétude : l'Arcep permet d’y voir plus clair Avril 2020

Même si ce n’est pas vraiment une surprise pour beaucoup d’acteurs, au premier rang desquels l’Avicca, cela reste la douche froide : avec le changement de base de données des locaux à rendre raccordables, la complétude des déploiements FttH est nettement moindre que celle présentée jusqu’à présent. 

La régulation par la data mise en place par l’Arcep est d’autant plus efficace qu’elle s’appuie désormais sur des données nettement plus proches de la réalité. L’Avicca mesure pleinement l’importance du travail accompli et se félicite une nouvelle fois de cette avancée considérable qui lui permet de livrer de premières analyses un peu plus détaillées. Pour autant, l’image n’est pas encore parfaite puisque disponible seulement sur un quart des communes d’une part, et qu’il subsiste quelques rares incohérences d’autre part.

 

Avec 1,82 million de locaux à raccorder non comptabilisés jusqu’à présent dans les statistiques de la zone AMII, les objectifs L33-13 de 2020 et 2022 qui semblaient déjà inatteignables - y compris avant la crise sanitaire actuelle - semblent désormais irréalistes.

Le nombre de communes où les locaux étaient réputés raccordables à plus de 95%, déjà très faible (12% des communes de la zone AMII), recule de 70% et tombe à 4%. Autant dire que tout reste à faire sur cette zone.

Quelques exemples pour illustrer l’écart entre les statistiques INSEE et celles de l’IPE : Saint-Denis de La Réunion, théoriquement couvert à plus de 110% (!) est désormais mesurable avec 78% de locaux raccordables. La chute est encore plus dure pour Massy-Palaiseau, qui passe de 123% théorique à 66% ou encore Porcheville, dans les Yvelines, qui régresse de 102 à… 46% !

Retour également sur l’Assemblé générale de novembre 2019, où l’Avicca avait mis en exergue le cas de Limonest, réputée raccordable à 126% (!) et dont on pouvait voir, grâce à l’observatoire cartographique de l’Arcep, que près d’un quart des locaux n’étaient pourtant pas raccordables. Et pour cause, seuls 71% le sont !

A ce titre, si l’Avicca soutient sans ambiguïté un gel de trois mois environ des obligations des opérateurs, du fait du ralentissement voire de l'arrêt des déploiements FttH depuis mi-mars 2020, le Covid-19 ne pourrait être tenu pour seul responsable de l’ensemble des retards que l’Avicca et l’Arcep mesurent depuis des années. Aussi, le nombre de prises supplémentaires ne saurait être une surprise pour personne s’agissant de l’atteinte des obligations de complétude.

 

Avec un peu plus de trois cent mille locaux supplémentaires pris en compte et au regard de l’important travail réalisé par les opérateurs privés sur cette zone, la complétude de la ZTD est moins affectée. Le nombre de communes entièrement ou presqu’entièrement raccordables à 100% recule seulement de 28%, et la trajectoire reste correcte pour la plupart des communes, à quelques exceptions près. Ainsi, Vénissieux, considérée comme raccordable à plus de 60%, retombe à 40%. Déception également pour Romainville, mesurée précédemment comme raccordable à 117%, qui l’est en fait à 77%. Nogent-sur-Marne passe de 103 à 90%, ou encore Champs-sur-Marne de 103 à 84%. La métropole de Grenoble-Alpes Métropole, qui avait participé au Datathon de l’Avicca T.Dat'Hack et travaille comme d’autres à challenger les informations de dessertes, pourra également constater que Meylan n’est pas raccordable à 97% mais seulement à 75%.

L’Avicca s’était précédemment satisfaite que Rosny-sous-Bois et Bobigny soient sorties de la queue de peloton des déploiements en ZTD. Las, ces deux communes rejoignent celles que les opérateurs n’ont toujours pas réussi à raccorder à plus de 50%...

 

 

Peu de commentaires à faire s’agissant des communes qui ont été retirées de l’initiative publique pour être confiées au privé : les déploiements y étant anémiques et la complétude quasi inexistante, le changement de base de calcul y est sans grande signification. A noter cependant que l’État continue à soutenir le principe de confier toujours plus de communes au privé, en ajoutant 486 communes à cette zone. Il s'agit comme depuis des années de la seule donnée qui évolue vraiment s'agissant de cette zone...

La zone RIP compte désormais 481 568 locaux supplémentaires. Ce changement de base statistique a un fort impact sur le niveau de complétude des communes déployées par la puissance publique. Si avec 24% de communes totalement raccordables en moins, l’impact est nettement moins fort qu’en zone privée, ce sont néanmoins 850 communes qui sortent du haut du classement. Un point de vigilance pour la suite si nous ne voulons pas passer pour les arroseurs, arrosés !...