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FttH en zone AMII et AMEL : l'Arcep ne semble pas impressionner les opérateurs Juin 2022

Qui a peur du grand méchant loup ? Lors du TRIP d'automne de l'Avicca, l'Arcep a annoncé avoir lancé des procédures L33-13 à l'encontre des opérateurs Orange et SFR/XP Fibre pour non-respect de certains de leurs engagements de déploiements.

L'Etat était longuement revenu, au moment de la conclusion de ces engagements L33-13 en 2018 et 2019, sur la force de ce type de contractualisation et les risques tellement grands qu'ils en devenaient rédhibitoires pour les opérateurs privés. Il était même question de plusieurs centaines de millions d'€ de pénalités.  A voir les statistiques de déploiement en zones AMII et AMEL au T1 2022 et les cours en bourse, les opérateurs comme les boursicoteurs n'en ont plutôt cure. L'Etat nous aurait-il raconté des "histoires pour enfants" ?

En attendant, les collectivités locales se retrouvent, pour le moment, seules à affronter les retards de déploiements des opérateurs et le non-respect de leurs engagements qu'elles avaient loyalement relayé auprès de leur population.

En zone AMEL, après le petit coup d'accélérateur du dernier trimestre 2021, la tendance est à nouveau baissière.

SFR/XP Fibre retrouve à peine le rythme de déploiement qu'il avait un an plus tôt, avec une production en chute de 50 000 prises par rapport au T4 2021, soit une baisse de 60% ! Orange atteint certes une production de prise revue à la hausse de plus de 40% par rapport au trimestre précédent : est-ce vraiment significatif de passer de 2 340 prises construites mensuellement à ... 3 340 prises ? Altitude, de son côté, a réussi à construire autant de prises au premier trimestre 2022 que sur toute l'année 2021. Là encore, vu le niveau de départ, 20 000 prises en une année, il n'y a pas de quoi sauter au plafond...

Le résultat de ces déploiements -encore et toujours- atones ne changent pas vraiment ni le constat d'un retard généralisé, ni l'absence de perspective d'atteindre les autres objectifs intermédiaires ou même éloignés, malgré les procédures L33-13 engagées sur certains AMEL. Simplement, les retards semblent se creuser de moins en moins vite. Engagements L33-13 qu'ils disaient... et non plus intentions !

 

Et la zone AMII dans tout ça ? Pas grand chose de plus à ajouter que les analyses trimestrielles précédentes. Les engagements L33-13 de 2020 n'ont pas été tenus. Ceux de 2022 ne le seront pas plus. Néanmoins, essayons de trouver des éléments positifs.

Près de 10% des communes respectent en ce début 2022 l'objectif de fin 2020. C'est un début. De même, il reste une soixantaine de communes qui n'ont toujours aucune prise raccordable. S'il est désormais sûr à 100% (au moins !) que les engagements L33-13 de 2022 ne seront pas non plus tenus, peut-être peut-on espérer que toutes les communes de la zone AMII auront connu des déploiements, à cette échéance ? C'est une ambition certes très modeste, mais la seule qui reste réaliste à date. Orange est désormais à 86% de raccordables sur la zone AMII, et SFR/XP Fibre à 93%. Enfin, ces déploiements, aussi insuffisants soient-ils, permettent à l'Oise et au Val d'Oise de rejoindre les deux seules zones départementales d'initiative privée à avoir dépassé, fin 2021, les 95% de couverture FttH : Paris et les Yvelines.

Au global, les déploiements privés de ZTD, zone AMII et zone AMEL permettent de distinguer des progressions conséquentes dans les Alpes-de-Haute-Provence (+11%) et dans la Nièvre (+10%). Sachant que la couverture totale de la zone d'initiative privée est seulement de 62% pour les Alpes-de-Haute-Provence (avec Dignes les Bains qui est raccordable à seulement 63%) et 53% pour la Nièvre (avec Nevers qui est raccordable à seulement 66%), ce dynamisme reste très largement insuffisant. Alors si les procédures L33-13 lancées par l'Arcep ne sont pas dissuasives pour les opérateurs concernés, qu'est-ce qui le sera ? Et qui ne cesse de crier au loup, depuis plusieurs années, à la fois sur ces intentions et sur ces engagements ?