Numérique / Territoires

La France va-t-elle faire "pâlir d'envie" les autres pays européens avec son FttH ? Juin 2017

L'Europe s'est donné un nouvel objectif très ambitieux pour 2025, sur les pôles d'activités socio-économiques, la 5G, et sur une couverture totale à 100 Mbit/s pouvant évoluer vers le Gigabit/s.  Ce dernier point est-il réaliste pour la France, qui émarge à l'avant-dernière place en termes de connectivité à plus de 30 Mbit/s ? Oui ont répondu les représentants des services de la Commission européenne, de l'Agence du Numérique et du Syndicat Mixte Berry Numérique, Hervé Dupuy, Antoine Darodes et Patrick Barnier, lors de la table-ronde du TRIP le 23 mai 2017. Mais sous conditions.

L'exemple du Cher montre l'ampleur du chemin à parcourir pour un département très rural. De profonds doutes pèsent tout d'abord sur la tenue de l'objectif que se sont fixés les opérateurs privés, à savoir la desserte des communes rentables en 2020, car une moitié des logements dits "couverts" ne sont pas raccordables, de nombreuses communes ne sont pas commencées et aucune n'est achevée.  Sur la zone RIP, l'accès au génie civil est compliqué pour les travaux qui ont été financés et les recettes commerciales tardent. Au total il faudrait une nette accélération pour atteindre les 70% de prises raccordables en FttH, en 2021, sur l'ensemble du département. Le restant concerne les prises les plus chères : 2150 € en moyenne, qui nécessiteront des financements locaux, nationaux et européens. Mais pour le Président du Syndicat mixte, aucun doute sur la nécessité d'y arriver, car si aujourd'hui la fracture numérique du THD est encore peu ressentie, vu le nombre encore faible d'abonnés, il y aura "des moments difficiles avec la population" si les réponses politiques ne sont pas là dans quelques années. 

De son côté, l'Agence du Numérique estime à environ 7 millions de prises ce qui aujourd'hui ne fait pas partie des dossiers déposés au guichet du Plan. A cahier des charges constants, il faudrait que l'Etat dégage entre 1,5 et 2 milliards d'euros, un choix budgétaire important, mais pas hors de portée. 

Vu de l'Europe, si la photographie de notre pays n'est pas bonne, "la dynamique qui s’est engagée aujourd’hui en France porte beaucoup plus à l’optimisme (...) avec un Plan Très haut débit français qui est sans aucun doute parmi les plus ambitieux au niveau européen, puisque l’accent mis sur le FttH est garant d’une durabilité des investissements qui fera probablement pâlir d’envie dans les années à venir certains des partenaires qui sont aujourd’hui mieux classés".

Sans doute pour éviter que nos voisins pâlissent d'envie, certains prônent de recourir plus massivement à la Montée en débit, et pas seulement en solution d'attente comme le font les collectivités aujourd'hui. Un débat que le gouvernement va devoir trancher.