Numérique / Territoires

L''Avicam demande un Multiplex pour les chaînes locales Janvier 2004

Le périmètre des chaînes publiques sur la TNT se réduisant comme peau de chagrin, elles vont être regroupées sur un même multiplex. Se posera alors la question du multiplex restant, dont la moitié des capacités (3 canaux) avait été réservée pour des chaînes locales. Plusieurs options sont envisageables.
La première consiste à réaffecter l'ensemble des capacités du multiplex (5 ou 6 canaux) aux chaînes nationales privées. Il s'agirait d'un véritable scandale : après avoir lancé la TNT au nom de la télévision de proximité, en préemptant au passage les fréquences analogiques qui auraient pu lui servir, les meilleures fréquences numériques disparaîtraient aussi.
La deuxième consiste à relancer un appel à candidatures pour des chaînes privées nationales, amenées à cohabiter avec les chaînes locales. Ces dernières en supporteraient les inconvénients induits : les coûts d'injection de signaux sont élevés, les bassins de diffusion inadaptés, les exigences de qualité de service différentes, il n'est pas possible d'effectuer un multiplexage statistique... Toutes ces questions sont financièrement importantes. Et au sein de la société opératrice nationale du multiplex qui sera chargée d'y apporter des réponses, les deux chaînes privées seraient en position de faire leur loi, en face d'interlocuteurs dispersés.
La troisième permet au contraire une meilleure prise en compte des besoins locaux, en affectant la totalité de la ressource aux chaînes locales. Elle reprendrait la position officielle du CSA, adressée au gouvernement et rendue publique en décembre 1999 : ''Le Conseil supérieur de l'audiovisuel souhaite favoriser l'émergence d'un secteur de télévision locale et de proximité. Il juge nécessaire pour cela de lui réserver un multiplex''. Cette option permettrait d'effectuer un autre découpage, non plus basé sur les besoins nationaux (minimiser le nombre d'émetteurs) mais sur les besoins locaux (localiser les émetteurs en fonction des bassins de population et des territoires). Une planification fine permettrait aussi de réétudier le cas des agglomérations qui demandent une bonne fréquence analogique, comme celle de Lille.
Avant toute prise de décision concernant les canaux vacants, l'Avicam a donc demandé au Président du CSA qu'une étude permette d'éclairer les avantages et inconvénients de l'affectation complète d'un multiplex pour le développement de la télévision de proximité.
Le rapport Boyon reconnaissait aussi que ''les zones de couverture des premiers émetteurs numériques ne sont pas conçues en fonction des impératifs de la diffusion de télévisions locales''. Veut-on ou non développer les télévisions de proximité, ou seront-elles toujours sacrifiées à d'autres intérêts ? France Télévision a déjà abandonné son projet de télévisions numériques régionales, faute de financements. Il reste l'initiative locale ; encore faut-il qu'il y ait des fréquences. Il ne s'agit pas d'un débat technique, mais d'un choix de société.

La composition des multiplex