Numérique / Territoires

Le fibrage horizontal en faible croissance, et le vertical en instance de décollage Octobre 2009

Le tableau de bord de l'Arcep sur le Très haut débit est à croiser avec les aspects réglementaires et stratégiques pour comprendre l'état du déploiement de la fibre en France.

En termes de déploiement de la fibre dans les fourreaux ou dans les égouts parisiens, la plupart des zones très denses sont équipées par au moins un opérateur, avec une estimation de 4.500.000 prises. Cette phase a été rapide, ce qui est normal car elle correspond pour l'essentiel à la zone où chacun des grands opérateurs peut déployer son propre réseau, et où il convenait donc de ne pas se laisser distancer. Mais l'extension de ce fibrage horizontal semble tourner au ralenti, avec seulement 500.000 prises faisant l'objet d'études pour le passage dans le génie civil. C'est normal : on commence à aborder la "zone 2" où les opérateurs (où au moins deux d'entre eux) doivent s'entendre pour amortir leurs investissements. Les débats en cours sur la réglementation d'une mutualisation plus en amont, ou sur un consortium, portent justement sur ce segment un peu en panne.

Sur les zones très denses, le fibrage vertical dans les immeubles est toujours limité : 650.000 prises dans 33.000 immeubles, soit 15% seulement du parc fibré "à l'horizontal". A ceci, trois raisons : les attentes de fixation des grandes règles du jeu, la difficulté de négocier immeuble par immeuble, enfin la normalisation et l'élaboration des règles d'ingénierie permettant une exploitation rationnelle de réseaux interopérables.

Les règles du jeu dans la zone très dense sont aujourd'hui connues : les décisions et recommandations de l'Arcep ont reçu le feu vert de l'Autorité de la concurrence (par ailleurs plus sceptique sur le consortium en zone 2), la notification à la Commission européenne est faite et l'imprimatur du gouvernement ne fait guère de doutes.

Ceci devrait rassurer les gestionnaires d'immeubles pour donner des autorisations à un opérateur, compatibles avec l'ouverture aux autres fournisseurs d'accès à internet, et donc accélérer ce processus.

Enfin, les grands arbitrages étant rendus, les opérateurs sont autour de la table, sous l'égide de l'Arcep, pour que les réseaux installés soient interopérables ; les questions sont nombreuses pour : identifier les responsabilités, savoir relever les pannes, localiser les abonnés, normaliser les prises dans les logements, la connectique, les dispositifs des box pour ne pas perturber les réseaux, etc., afin d'éviter des frais d'exploitation récurrents. Les opérateurs négocient aussi entre eux sur les procédures opérationnelles (qui raccorde le client ?) et sur les tarifs, à partir des grandes options définies par le régulateur. Et il faut de plus passer les marchés avec les équipementiers, avec ces règles et normes, pour fibrer les immeubles...

2010 devrait donc être une année charnière pour l'équipement des immeubles dans les zones très denses et, partant de là, pour la commercialisation. Les chiffres au 30 juin 2009 semblent bien modestes, avec 50.000 abonnés FTTH (taux de pénétration 7,7%) et 180.000 abonnés au câble THD (taux de pénétration 5,5% sur les 3.300.000 prises rénovées). Mais la révolution du Très haut débit est bel et bien en marche... sur les zones très denses.