Le final de la première UTNT, interprété par Patrick Chaize au Palais de la musique de Strasbourg, est en ligne Octobre 2024
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président de la Région Grand Est, cher Franck Leroy,
Mesdames et Messieurs les représentants de l’Eurométropole de Strasbourg,
Mesdames et Messieurs les élus, régionaux, départementaux et locaux,
Monsieur le Président d’InfraNum, cher Philippe Le Grand,
Mesdames et Messieurs les représentants des entrerpises, opérateurs et fournisseurs,
Mesdames et Messieurs, acteurs du Numérique
Si j’ai bien compté la mesure en ce Palais de la Musique, ce ne sont pas moins de 16 sujets différents qui ont été abordés lors de cette première édition de l’UTNT. L’université de la Transition numérique des territoires, portée par notre trio InfraNum, Avicca et Idealco, compte dépasser ainsi le seul sujet du THD fixe.
D’ailleurs, si vous avez bien fait le tour des nombreux stands, vous aurez remarqué qu’il n’y a pas que les réseaux de fibre optique dans la filière, mais toutes sortes d’instruments et de pupitres pour jouer notre symphonie numérique.
Bien sûr, l’infrastructure est essentielle et n’a pas fini de nous occuper. C’est même le leitmotiv de la transition numérique qui se joue. Sans connectivité, impossible d’entendre les notes mineures ou majeures des autres sujets. Mais les réseaux aussi performants soient-ils ne sont et ne resteront qu’un moyen, une note de base qui parfois peut nous filer le bourdon.
Pourtant les défis que nous avons à relever portent sur une multitude d’autres sujets sur lesquels vous venez de travailler. Avec autant d’enjeux différents à relever, mais aussi de difficultés diverses à surmonter. C’est pour cela que depuis un peu plus de deux ans, nous réfléchissons côté Avicca à une grande remise à plat de l’ensemble de nos thèmes, car la partition devenait un peu difficile à déchiffrer.
Et comme ces sujets sont aussi ceux de la filière, plutôt que de la jouer solo, je me suis très tôt rapproché du Président d’InfraNum, Philippe Le Grand, pour composer un quatre mains. Je le remercie d’avoir partagé mes réflexions et accepté de mettre en musique ce travail collaboratif, qui s’est d’abord appelé Good deal du fixe, avant d’être rebaptisé il y a un an France Numérique 2030.
Mais bon, depuis un an que l’on parle de ce France numérique 2030, c’est quoi exactement ? France Numérique 2030 se présente sous deux volets : la description des objectifs visés, d’une part, et la liste de la quarantaine d’actions, mesures ou dispositions qui doivent être prises pour atteindre ces objectifs, d’autre part.
Je pense que Philippe Le Grand me concèdera que s’agissant des objectifs, nous sommes à peu de choses près au diapason l’un et l’autre. Nous aurions aimé que ce soit l’État qui, dès le début, porte cette orchestration de ce que doit être la France en 2030 côté numérique.
Mais il n’est plus temps d’attendre seulement de l’État une vision globale permettant de réussir une transition numérique, et l'actualité gouvernementale nous le confirme : les chefs d’orchestre passent, seule les œuvres bien composées demeurent. Il faut que les acteurs issus des territoires apportent leurs compétences et leurs projets ancrés dans les réalités locales : ce sont leurs petites musiques que certains qualifient de « folkloriques », leurs instruments souvent traditionnels, leurs chœurs toujours polyphoniques qui permettent de jouer ensemble une partition d’un genre nouveau autour d’une ligne mélodique partagée et réellement neuve.
Les collectivités territoriales assument techniquement et financièrement une large partie de l’équipement du territoire en infrastructures numériques. Elles développent parfois sur un tempo plus lent les nouveaux services et usages, mais elles accompagnent toujours les entreprises, les administrations comme les particuliers dans l’acculturation au numérique. Et bien sûr cela n’aurait pas le même rythme sans une filière d’industriels réactifs, et forces de propositions.
Ce partenariat de plus de 10 ans nous rend aptes et légitimes à proposer les solutions qui permettront d’apporter ce « numérique de proximité » dont le pays a tellement besoin, en complément et en interaction des politiques nationales et européennes.
En s’appuyant sur la réussite du Plan France Très Haut Débit et des réseaux d’initiative publique, il est temps désormais de développer l’ambition numérique de notre pays pour les années à venir. France numérique 2030 doit ainsi être cette vision stratégique devant conduire à une transition numérique réussie de la France, garantissant un numérique proche et utile à tous dans des territoires durables et connectés. Notre mélodie reste immuable : le numérique pour tous, tout le numérique pour tous les territoires !
S’agissant de la quarantaine de propositions d’actions, que nous avons transmise à InfraNum en mai dernier, le travail est toujours en cours du côté de la filière.
A ce sujet, je vais apporter quelques précisions, car j’entends beaucoup de notes plutôt dissonantes, ce qui n’est pas sans me rappeler l’accueil de ma PPL sur la qualité des raccordements par une frange d’acteurs déconnectés de la réalité de nos territoires et du ressenti – que dis-je, du ressentiment – des élus. Le Président de la Région Grand Est, Franck Leroy, vient d'ailleurs bien de le rappeler.
Pour jouer dans l’orchestre national de France, il faut avoir une bonne oreille ! Ce n’est pas pour rien que malgré le lobbying intense de ces acteurs, les Sénateurs de tous bords, de tous les groupes y compris de la majorité présidentielle ont tous voté en faveur de cette PPL. J’espère d’ailleurs qu’il ne sera pas conseillé une nouvelle fois au ministre de l’industrie, Marc Ferracci, finalement en charge des télécoms, la même opposition à ce texte comme pour ses deux prédécesseurs. Ceux qui murmurent à l’oreille des puissants n’ont souvent pas eux-mêmes l’oreille absolue.
A ce sujet, j'ai un scoop pour vous : ce matin a été officiellement déposée par le député de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot, une proposition de loi qui ressemble en tout point à la mienne ! Maintenant qu'il est au gouvernement, j'espère que l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée Nationale ne saurait plus tarder.
Pour en revenir à France Numérique 2030, j’entends parfaitement qu’il y a des sujets qui ne sont pas du ressort de la filière ou qui ne la concernent qu’indirectement. Comme j’entends parfaitement que la filière me propose demain d’inclure les sujets de développement à l’international qui ne sont pas non plus directement du ressort des collectivités.
Bref, j’entends tout du moment que c’est constructif, polyphonique et sans fausse note. L’Avicca est multiple, les intérêts de ses différents membres ne sont pas tous les mêmes mais nous avons su trouver l’harmonie. Il n’y a pas de raisons qu’il en soit différemment au sein d’InfraNum, même si vous y êtes peut-être un peu plus multiple que nous.
Enfin, j’entends également la critique du « il y a trop d’actions / il faut saucissonner / on n’y arrivera jamais ».
Éliminons d’emblée le « on n’y arrivera jamais », je l’ai trop entendu pour la PPL REEN. Et vous connaissez la suite…
Le saucissonnage ensuite : ce serait pour moi une illusion de facilité. Depuis le temps qu’il mobilise les associations professionnelles et d’élus ainsi que les nombreux services de l’État, est-ce que le sujet de l’IFER mobile est enfin traité et ne pose plus de problèmes à personne ? Non, et comment voulez-vous qu’il en soit autrement, puisque cela reviendrait à limiter les ressources des collectivités locales sans contrepartie pour elles.
Est-ce que le problème du mode STOC est résolu depuis ces cinq années où la filière et le Régulateur sont censés s’en occuper ? Non plus.
Est-ce que la contribution financière des GAFAM aux investissements dont ils bénéficient en premier lieu est traitée ? Non, et pourtant, c’est un sujet dont il est souvent débattu dans une autre enceinte à quelques centaines de mètres d’ici.
Je pourrais multiplier les exemples, mais je ne veux pas vous priver de déjeuner car bientôt les bruits de vos estomacs couvriront ma petite musique… Simplement vous rappeler ce que disait un ministre il y a quelques années : il va falloir que tout le monde se fasse un peu mal.
Pour continuer de filer la métaphore, comme m’y a invité Philippe Legrand en ouverture de l’UTNT, hier : Le contre-ut est difficile mais les chanteurs d’opéra l’atteignent à force de travail, d’entrainement et de volonté.
Si j’insiste sur cette absolue nécessité de jouer en chœur, c’est qu’il n’y a plus le temps de jouer solo. J’entends en effet d’autres musiques qui me rappellent des marches funèbres. L’absence de crédits pour Mayotte, malgré les promesses passées de 3 ministres. La suppression d’une grande partie des crédits pour l’inclusion numérique. Le nouveau rabotage des crédits de financement de la fin du plan France très haut débit. Forcément, sans grosse caisse et même avec beaucoup de pipeaux, ça ne va pas donner la même symphonie !
Donc continuons de jouer en harmonie la belle partition de la transition numérique de nos territoires, de la France. Faisons-en notre tube de l’année !
En attendant de nous retrouver à l’Institut Pasteur à Paris les 26 et 27 novembre prochains pour le colloque TRIP d’automne de l’Avicca, où vous entendrez parfois le même refrain mais pas tout à fait la même chanson, je vous remercie de bien vouloir applaudir une nouvelle fois nos hôtes, la Région Grand Est et l’Eurométropole de Strasbourg, qui ont rendu cet évènement possible. Merci à eux, merci à vous et bon appétit, dans ce Palais de la musique !
Patrick Chaize
Président de l'Avicca