Numérique / Territoires

Licence mobile : entrée en lice d'un quatrième larron... Août 2009

Une rumeur persistante circulait depuis de nombreuses semaines, l'appel à candidature pour l'attribution de la quatrième licence 3G a enfin été lancé par l'Etat puis relayé par l'ARCEP pour la mise en place de la procédure. L'idée principale du gouvernement dans ce dossier est avouée. Il s'agit de perturber la stabilité des marchés des trois opérateurs nationaux actuels que sont France Télécom, SFR, Bouygues. Dans ce combat au couteau, sont entrés en lice le groupe Illiad (Free) annoncé depuis toujours, Numericable, Virgin Mobile, et probablement d'autres...

Pour le contexte, dans son rapport Digiworld 2009 le cabinet Idate remarque que le marché mondial sur les services mobiles est en perte de croissance (8% en 2008 au lieu de 12% en 2007). Il estime également que près de la moitié de la population mondiale est équipée de téléphones mobiles. En France c'est presque 59 millions de cartes Sim qui sont en circulation avec une population française légèrement supérieure à 64 millions d'habitants (91% de taux de pénétration). Dans un marché national qui s'approche ainsi de la saturation, les opérateurs en place vont forcement s'acheminer vers des stratégies de conservation des clients voire d'augmentation du revenu par abonné. Ils ne sont pourtant pas à plaindre puisque ils sont désormais aux commandes de véritables machines à « cash ». A titre d'exemple France Télécom a annoncé pour l'année 2008 un bénéfice net de 4 milliards d'euros et une réserve de « cash » de 8 milliards, gagnés en grande partie sur le marché des services mobiles. Pour compléter cet état des lieux on peut s'aventurer à prévoir les futurs usages véhiculés par la téléphonie mobile comme par exemple l'usage du téléphone comme un outil de paiement équivalent à la carte bleue ou l'augmentation forte du trafic « data ». Pour finir, selon l'Idate il semble que l'avenir des opérateurs passe par le cumul des activités « Fixe » et « Mobile ».

A ce petit jeu France Télécom est en tête évidemment suivi de près par SFR. Free voulant jouer dans la cour des grands, il lui est indispensable de conquérir cette licence afin de compléter son arsenal. Cependant, même si l'entreprise est plus en difficulté sur le plan financier, Numericable se trouve dans la même situation en étant propriétaire d'une infrastructure de communication électronique « Fixe » qu'il lui semble nécessaire de compléter. Ses actionnaires seraient tout aussi heureux que ceux de Free si leur champion atteignait l'objectif. Ils seraient également heureux des 12 % de part de marché qu'il devrait remporter au détriment des opérateurs en place selon les estimation du Ministère de l'Economie. L'investissement du nouvel entrant nécessaire à la réalisation du réseau est estimé également par Bercy à environ 800 millions d'euros. Ces investissements seront forcement répartis sur l'ensemble du territoire. Les collectivités territoriales pourraient être des interlocuteurs privilégiés de ce nouvel investisseur.

L'autre avantage pour le quatrième opérateur est qu'il fera partie des attributaires des futures fréquences LTE (très haut débit) rendues disponibles par l'extinction de la télévision analogique. Là encore les collectivités auront leur rôle à jouer. Pour alimenter les usagers en très haut débit à partir des équipements radio LTE de nouvelle génération (mais aussi 3G+) il faudra dans la plupart des cas que les pylônes supportant ces équipements soient eux aussi alimentés pleinement par des raccordements en fibre optique. Ainsi, les réseaux d'initiative publique de collecte mis en place par les collectivités seront en première ligne pour rendre ces services auprès de tous les opérateurs de façon non discriminatoire. On peut donc espérer que l'aménagement territorial numérique de la mobilité se fasse en étroite coordination entre les opérateurs et les collectivités. Rêver de temps en temps n'est pas interdit, c'est même conseillé. En attendant le suspense estival de l'attribution continue.