Numérique / Territoires

Montée en débit : sur les technologies radio aussi Août 2011

Les technologies radio gagnent régulièrement en performance, et ce qui est vrai pour le mobile l'est aussi pour le fixe. Deux récentes décisions montrent qu'il existe une place pour les technologies hertziennes terrestres entre l'amélioration ou le changement des réseaux filaires, dont les coûts induisent une mise en place très progressive, et le satellite, indispensable pour les sites isolés, mais qui ne peut répondre à un besoin en masse (150 000 abonnés potentiels au maximum pour KA SAT). Ces deux décisions sont d'une part une augmentation de l'aide de l'Etat, dans le cadre du FSN, et d'autre part la procédure engagée par l'ARCEP contre les détenteurs de licence WiMAX qui ne remplissent pas leurs obligations, malgré la "surveillance renforcée" (!) du régulateur. Enfin un début de consolidation dans le secteur, avec la fusion de Numéo et Nomotech, montre sa maturité.

Les technologies radio terrestres WiMAX ou WiFi (5,4 GHz) sont utilisées pour couvrir les zones blanches ADSL dans environ la moitié des départements ou régions. Tous les opérateurs, à des degrés divers, en ont utilisées (Axione, Altitude, Alsatis, Covage, SFRCollectivités, France Telecom...). Comment serviront-elles pour la montée en débit ?

A noter tout d'abord que la montée en débit sur cuivre ne peut connaître qu'une extension progressive. France Telecom a limité, au moins au démarrage, à 1.000 sites par an ses capacités opérationnelles, pour finir les commandes en cours de NRA ZO, le plan triennal de shuntage des gros multiplexeurs, ses propres réaménagements techniques et la montée en débit. Or il existe environ 21.000 sous-répartiteurs éligibles à la montée en débit, hors zones où les opérateurs privés ont déclaré vouloir investir dans la fibre optique. De plus, cette montée en débit sur cuivre devient vite très coûteuse pour les petits sous-répartiteurs. Même si le rythme devrait évoluer vers 2.000 par an, tout ne pourra être fait dans un délai raisonnable.

Côté technologie, les améliorations, notamment le MIMO concernent aussi bien le WiFi que le WiMAX (nouvelle norme IEEE du 802.16m plus performant, et rétro-compatible le 802.16e). Il est possible aussi que la bande 3,5 GHz utilise le LTE, en cherchant des ponts avec le mobile.

Côté aides, le gouvernement a modifié les aides à la montée en débit du FSN sur les réseaux hertziens, dans le cahier des charges pour les réseaux d'initiative publique, par rapport à ce qui avait été annoncé en avril, pour les rapprocher de ce qui est mis en place pour le cuivre.

Côté utilisation des fréquences, les collectivités intéressées de l'AVICCA, auditionnées par le collège de l'ARCEP, ont obtenu que les licences WiMAX ne restent pas en jachère. Leur objectif est d'améliorer les conditions techniques (largueur de bande, canalisation) et de mise à disposition parfois trop précaires (pour les collectivités qui utilisent des licences d'autres opérateurs). Les opérateurs WiMAX en tout cas devront bouger, car ils ne respectent pas leurs obligations. Il est fort peu probable qu'ils puissent utiliser frontalement cette bande de fréquence, acquise à peu de frais, pour concurrencer celles mises aux enchères par le gouvernement et l'ARCEP, pour la mobilité. On devrait savoir début 2012 si les évolutions souhaitées sont au rendez-vous.

De nombreux acteurs se sont emparés des technologies hertziennes terrestres, surtout côté WiFi qui ne nécessite pas de licence. Cela a contribué à l'innovation et au dynamisme dans le secteur, mais quand il faut gérer à l'année des milliers d'abonnés, mieux vaut une échelle qui permet de mieux amortir les coûts. C'est ainsi que Nomotech et Numéo ont annoncé leur fusion, avec un volet fournisseur de service reprenant le nom d'Ozone, qui revendique 35.000 abonnés répartis sur 35 départements (pour comparaison, un département moyen de 500.000 habitants, soit 260.000 foyers, a environ 1,3% de lignes blanches ADSL, soit 2.400 abonnés potentiels avec un taux de pénétration de 70%).

Les collectivités, notamment celles qui ont déjà des réseaux hertziens performants pourraient sans doute limiter la montée en débit sur cuivre aux plus gros sous-répartiteurs, et doper ces réseaux hertziens existants en attente d'un basculement direct sur la fibre.