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Observatoire de la qualité des réseaux FttH : ENFIN deux premiers indicateurs pertinents !!!!!! Mars 2025

Un peu d'Histoire d'abord. Les premières alertes des dégâts causés aux réseaux FttH par les opérateurs commerciaux (OC) remontent à 2017. Face à la généralisation des mauvaises pratiques sur une grande partie du territoire, les OC restaient dans le déni. Les habitants, les associations de consommateurs, les opérateurs d'infrastructures (OI), les collectivités locales, la médiatrice des télécoms, la presse, le site "j'alerte l'Arcep" et même les ministres lors de leurs déplacements remontaient pourtant de nombreux incidents !  "C'est juste l'arbre qui cache la forêt" osera, agacé, l'un de ces OC au colloque TRIP d'automne 2019 de l'Avicca... 

En 2023 (!), le Régulateur décide alors de publier un observatoire pour objectiver la situation du terrain. Et là, c'est la douche froide (glacée même !) : au lieu de communiquer les indicateurs attendus sur l'état des réseaux et des raccordements, l'Arcep publie, durant l'été 2023, son premier observatoire avec les pires indicateurs qui soient, entrainant une réaction courroucée de l'Avicca.

Disons-le clairement : l'observatoire de la qualité des réseaux en fibre optique observait plutôt édition après édition l'opinion des opérateurs commerciaux quant à la capacité de résistance des réseaux FttH des OI à leurs interventions en mode STOC. Moins les réseaux résistaient à leurs pratiques, plus ils étaient mal notés...

Sans nier l'important travail réalisé autour de cette première version de l'observatoire, celui-ci comportait des indicateurs non fiables en plus d'être inadaptés : le niveau de signalement à tort de certains incidents par les OC aux OI pouvaient, une fois les investigations faites par l'OI, atteindre 100% sur certains RIP pour certains opérateurs.

 

Les collectivités n'y croyaient plus

Un cautère sur une jambe de bois ! C'était jusqu'à cette toute nouvelle publication de l'observatoire peu ou prou le ressenti des collectivités.

Malgré nos demandes répétées, la qualité des raccordements finals sous-traités par les opérateurs commerciaux n’était pas évaluée dans l’observatoire de l'Arcep. Les chiffres ne montraient que des indicateurs par opérateur d'infrastructure. Ils ne prenaient pas en compte les dysfonctionnements liés aux seuls OC. Ce sont pourtant ces derniers qui dégradent la plupart des réseaux en mettant en oeuvre les raccordements à la fibre optique en mode STOC. L'Autorité se limitait cependant à publier les seuls indicateurs d'échecs de raccordements et de taux de pannes.

Une fois de plus, l'Avicca répète que ces taux d'échecs de raccordement sont certainement le pire indicateur qui puisse attester du problème des raccordements en mode STOC. Un raccordement "réussi", au regard du logiciel d'un opérateur commercial, signifie juste un lien optique qui fonctionne (au début du moins...). Peu importe si, pour ce faire, le technicien a déconnecté 10 autres clients. Peu importe s'il a à moitié détruit l'armoire, posé la jarretière n'importe comment, remis le PBO sans l'avoir refermé au fond de la chambre ou sur le poteau. Et bien évidemment peu importe s'il a posé le câble et le boitier de raccordement en dépit de tout début de commencement de bon sens. Et peu importe s'il est souvent intervenu sans respecter la moindre règle de sécurité... Et ne parlons même pas du taux de pannes puisque les OI n'en sont pas toujours informés, sauf une fois que l'OC croit (à raison ou à tort) que l'origine du problème n'est pas chez lui mais chez l'OI. Vous pouvez donc avoir été coupé 15 fois dans l'année, si l'OC n'a pas déclaré la panne à l'OI, vous ne serez jamais considéré comme étant en panne, donc vous n'apparaîtrez pas dans l'observatoire Arcep... 

Bref, au contraire de son objectif annoncé de faire bouger les lignes sur la qualité des raccordements FttH, l'observatoire n'a servi jusqu'ici qu'à diffuser dans les esprits la petite musique grinçante que lorsqu'il y a un problème, une panne, une dégradation, c'est que le réseau a été mal construit ! Avec ce nouvel observatoire, cela change enfin !

 

Vers un véritable observatoire du mode STOC ?

Cette nouvelle édition publie donc enfin deux indicateurs pertinents pour mesurer les problèmes de raccordement en mode STOC : la qualité des raccordements effectués par les opérateurs commerciaux et le niveau de reprise des malfaçons par les mêmes opérateurs commerciaux.

Si on ne peut que regretter ce temps perdu qui a bénéficié uniquement aux opérateurs commerciaux, l'Avicca se félicite bien évidemment de ce changement d'approche de l'Arcep. Approche qui est la seule à objectiver les problèmes du mode STOC.

Les premiers indicateurs publiés montrent que les taux de malfaçons vont de 5 à 30% selon les opérateurs commerciaux. De même, les taux de reprises (réparations des malfaçons remontées à l'OC par l'OI) sont très variables d'un opérateur commercial à l'autre, allant de 42% à 94%. Au global, Orange et Bouygues sont plutôt bien classés, alors que SFR et Free cumulent les mauvais points (pour plus de détails, voir l'observatoire de l'Arcep).

Ces nouveaux indicateurs bienvenus restent toutefois probablement perfectibles. En effet, pour le moment, seuls ceux de l'opérateur d'Infrastructures Altitude ont été publiés par l'Arcep. Ceux d'Axione ne le sont toujours pas. Pas plus que ceux directement publiés par les collectivités. De plus, ils portent sur 7 critères et 3 éléments de réseaux : la prise optique en elle-même, le câble et l'armoire de rue. A contrario, dans les audits conduits directement par les collectivités, le PBO (boitier de rue) est également audité. Et en tout, ce ne sont pas moins de 14 critères qui sont alors appréciés. Sur un RIP qui a audité 100% des raccordements réalisés en un an par les 4 opérateurs commerciaux sur 4 communes, cela donne jusqu'à 100% de malfaçons pour certains de ces OC. D'autres audits sur un autre RIP donnent des résultats qui certes vont en s'améliorant, mais montrent qu'il restent en moyenne 2/3 des raccordements qui occasionnent des malfaçons.

L'Avicca adressera en conséquence une demande formelle de participer aux travaux pour s'assurer que l'observatoire même ainsi grandement amélioré ne sous-estime pas pour autant les problèmes.

 

Et maintenant, une loi ?

L'observatoire commence donc enfin à répondre aux attentes des collectivités. C'est une réelle satisfaction pour toutes celles et ceux qui depuis des années se plaignent des problèmes de raccordements lesquels donnent une image hélas négative de cette formidable avancée technologique qu'est la fibre optique.

Au delà des enseignements donnés par ces nouveaux indicateurs que nous vous invitons à retrouver directement dans l'observatoire de l'Arcep, l'Avicca constate toujours que les cinq (5 !) plans annuels successifs de la filière pour répondre aux mauvaises pratiques de raccordements restent décevants. Pourtant, certaines zones départementales continuent d'échapper à ces mauvaises pratiques, sans qu'il n'ait été possible de comprendre pourquoi.

Il est temps d'en appeler à la loi pour mettre un terme définitif aux constats répétés sur le terrain. La balle est depuis 2 ans dans le camp de l'Assemblée nationale qui, malgré le dépôt à deux reprises par des députés de la PPL votée à l'unanimité au Sénat en 2023, n'a toujours rien inscrit à son ordre du jour. Si vous avez encore des problèmes de raccordement, vous savez au moins auprès de qui vous plaindre...