Organiser un service départemental du numérique éducatif Février 2017
Comment équiper son école numérique ? Pour une commune le choix des réseaux, matériels et logiciels n’est souvent pas si simple, sous la double contrainte budgétaire et d’expertise interne souvent rare. Les élus qui font face aux pressions de la société numérique et de ses marchands devraient pouvoir s’appuyer sur leurs services ou une AMO afin de les orienter et d'organiser cette nouvelle action. Si les plus grandes collectivités disposent en général d’un service informatique voire d'un service dédié, les petites et moyennes n’ont en général pas ces moyens sur place. Le syndicat mixte Somme numérique, en charge du RIP, propose ce service pour les écoles.
Co-construire et conventionner
Ce service a démarré à Amiens métropole il y a plus une dizaine d'années et s’est ensuite étendu au département. Pour s’en inspirer, quels en sont les éléments structurants ?
- L'objectif n'est pas de numériser les écoles mais de favoriser la réussite des élèves : tout équipement fait l'objet en amont d'un projet pédagogique.
- L’action doit être co-construite pour délimiter les responsabilités et les obligations de chaque partie. La co-construction se fait à la fois au niveau départemental et sur le terrain.
- Concrètement des conventions sont signées en « haut » entre le syndicat Somme numérique et les services de l’académie d’une part, et Canopé, d’autre part. Côté académique, le rectorat s’engage à former les enseignants à l’ENT et aux outils et accompagne les professeurs avec des conseillers TICE qui dans la Somme consacrent 50% de leur temps à l’ENT. La formation des inspecteurs de l’éducation nationale est aussi essentielle. Les enseignants ne peuvent se permettre de repasser le jour de l’inspection à des outils traditionnels au prétexte que l’inspecteur ne saurait pas évaluer la pédagogie mise en œuvre avec les nouveaux outils ! De son côté, Canopé émet des préconisations concernant les éditeurs et accompagne les enseignants notamment dans le choix des contenus.
- En « bas », sur le terrain, l’enseignant ou l’école rédige un projet pédagogique lequel est validé par l’inspecteur. Cela devient alors un projet d’école. Une fois le projet pédagogique posé, l’équipement le plus pertinent est retenu conjointement dans le cadre d’une discussion. Le matériel est la partie visible et non le préalable.
- Somme numérique organise le groupement de commande, négocie au meilleur prix (…) mais même le marché public est co-construit avec les autres acteurs. Ceux-ci participent aux différentes étapes de définition des besoins, de rédaction des cahiers des charges, d'ouverture des plis… Le choix des outils pour être légitime doit être commun. Bien entendu le groupement de commande apporte les avantages financiers et organisationnels habituels, mais facilite aussi le déclenchement des fonds FEDER difficilement accessibles pour les plus petits projets.
Opérateur neutre et sur-mesure
Somme numérique occupe une position neutre. Le syndicat n’est ni l’Education nationale, ni l’élu, ni le marchand. Ce positionnement lui permet parfois de dire et de faire passer des recommandations aux différents acteurs, tout en créant du lien, en démêlant et en éclairant les positions des uns et des autres. Le syndicat s'efforce de répondre aux besoins et contraintes de chacun. Il peut ainsi modifier les fonctionnalités de l'ENT selon les besoins pédagogiques de l’enseignant ou encore être sur le terrain à 18h dans une commune rurale où l’élu n’est disponible qu’après son travail.
Ce service à l’échelle départementale permet en outre d’offrir un même service sur tout le département et sans transfert de compétence. Ceci dit et les cartes parlent d’elles mêmes, lorsque la compétence est transférée à l’échelle de l’EPCI, le service est plus répandu.
Construire ce type de service du numérique éducatif demande du temps car il faut que tout le monde apprenne à se connaître, comprenne les objectifs et les difficultés de chacune des parties. La réussite de ce projet numérique se construit essentiellement grâce aux rapports humains.
Enfin, il reste la question du retour sur investissement. Le syndicat a fait mener une évaluation de son action sur laquelle nous reviendrons prochainement.