Numérique / Territoires

Quadruple-play pour un jeu à quatre... et demi Août 2010

L'attribution de la quatrième licence mobile à Free a accéléré la convergence, technique, mais surtout marketing, des offres fixe et mobile. La nouvelle offre d'Orange est à la fois préventive, avec des engagements de 24 mois qui débordent sur le démarrage du mobile de Free en 2012, et offensive pour augmenter la conquête en triple-play, là où SFR et Bouygues Telecom, qui avait lancé le quadruple play, font la course en tête depuis le début de l'année.

France Télécom joue à la fois sur un effet "remise" d'une dizaine d'euros par mois pour un forfait classique Adsl couplé avec un forfait d'entrée de gamme en mobile, sur un effet "club" avec des appels illimités vers trois numéros Orange en mobile, et sur une proposition qui sera très "différenciante" par rapport aux autres opérateurs : quatre numéros vers n'importe quel opérateur depuis la box, en plus d'une "classique" heure gratuite vers les mobiles. Si les parts de marché d'Orange (environ 50% en mobile) lui permettent cette offre, elle semble difficilement réplicable par les les autres opérateurs. Pour que le pari soit réussi, il faut néanmoins que la conquête compense les baisses de revenus de trafic pour les abonnés actuels.

Les concurrents d'Orange ont sorti leur calculette pour voir s'il n'y a pas un abus de position dominante. Et une forte contrepartie est attendue par l'Autorité de la concurrence, pour que Free puisse accéder au réseau de France Télécom.

SFR, avec ses bons résultats de conquête, semble avoir choisi pour l'instant la prudence, afin de ne pas risquer de cannibaliser ses revenus, en étant moins offensif sur l'entrée de gamme pour le quadruple-play et en mettant en place de simples rabais pour les foyers en multi-équipement. A noter toutefois une évolution significative pour le triple-play en fibre optique : les tarifs passent à 34,90 euros/mois. Cette différenciation avec l'Adsl interroge sur la politique de basculement des abonnés de l'opérateur vers la fibre, qui ne pourrait se faire facilement avec une augmentation tarifaire. Les ballons d'essai pour une augmentation de l'entrée de gamme en triple-play sont nombreux chez tous les opérateurs, au prétexte des taxes qui augmentent (avec une augmentation prévisible de la TVA qui est en partie au taux réduit actuellement). Mais aucun opérateur n'a pris le risque d'augmenter ses prix de base, la voix choisie étant plutôt de tâter le marché en augmentant simultanément les services et les prix de manière optionnelle.

Le jeu à quatre grands acteurs, en fixe et en mobile, se met progressivement en place en attendant l'offre mobile de Free. Reste que l'accélération du quadruple-play marginalise un peu plus le cinquième acteur, Numericable. Il peut livrer bataille sur d'autres terrains, mais qui semblent moins stratégiques aujourd'hui. Le Très haut débit est moins vendeur que le mobile pour le moment. Il faudra voir si l'accord avec Bouygues Telecom pour valoriser le réseau Très haut débit du câble va produire des effets. La montée en puissance des chaînes en haute définition est un atout fort par rapport à l'Adsl, relativisé par la présence des principales chaînes en hertzien gratuit. Pour être présent sur tous les fronts, il faudrait sans doute aussi que Numericable réussisse à percer en opérateur virtuel, peut-être par accord avec un acteur en place.