Statistiques Arcep au T1 2024 : toujours plus de signaux oranges et rouges Juin 2024
Le ralentissement est général, même en zone d'initiative publique
Comme l'indique l'Arcep, la couverture FttH de la France n'aura progressé que de 1% en ce premier trimestre 2024. Et encore cette hausse est-elle dûe quasi exclusivement à la zone d'initative publique.
Sachant qu'il reste 14% des habitations, entreprises et administrations de métropole et d'Outremer à rendre raccordables à la fibre otpique, cela en dit long sur le chemin à parcourir pour le 100% FttH. L'Avicca affirme depuis un moment que l'objectif du 100% FttH à fin 2025 ne sera pas tenu. Il est légitime de se demander désormais si cette complétude pourrait être atteinte ne serait-ce qu'à l'horizon 2030, lorsque le réseau cuivre devrait être intégralement coupé.
La zone d'initiative privée est-elle privée d'initiatives de déploiement ?
En zone très dense, l'arrêt se confirme. Orange, qui reste le seul opérateur à déployer de la fibre optique sur les 106 communes de la ZTD, parvient à peine à suivre la croissance du parc de logements : 36 000 nouvelles prises d'un côté, mais 21 000 nouveaux locaux à rendre raccordables, soit un solde net de 15 000 nouvelles prises. Résultats : sur plus de 10% des communes de la ZTD, la complétude FttH recule désormais !
En zone AMII, ce n'est guère plus réjouissant. Le nouvel accord L33-13 censé redynamiser les déploiements n'y aura rien fait : Orange a déployé 7 000 prises de moins qu'au T1 2023, et tous opérateurs confondus, entre les nouvelles prises (+138 000) et les nouveaux locaux à rendre raccordables (+ 76 000), seules 62 000 prises net auront été rendues raccordables.
Fort ralentissement également en zone AMEL, le dynamisme observé en 2023 semble avoir fait long feu. Seul Orange progresse très légèrement par rapport à son niveau de déploiement 1 an plus tôt, mais en même temps, il est celui qui a le plus grand reste à faire sur ce zonage, ce qui ne manquera pas d'inquiéter quand bien même les échéances signées au titre du L33-13 restent toutes plus lointaines que celles des autres opérateurs. SFR/XP Fibre ralentit fortement, tout en restant le seul opérateur à avoir, à date, intégralement terminé le déploiement sur certains de ses AMEL (Saône-et-Loire et Nièvre avec 3 mois de retard "seulement", Eure-et-Loir avec 2 ans de retard). Enfin, Altitude est à la peine avec 7000 nouvelles lignes seulement, contre 19 000 lignes un an plus tôt, avec un retard qui ne cesse de s'accumuler.
La zone RIP reste la locomotive des déploiements FttH, mais le chemin qui lui reste à parcourir est encore long...
La zone d'initiative publique reste la locomotive des déploiements FttH au niveau national, avec 460 000 nouvelles prises rendues raccordables. Mais c'est une locomotive qui a également le plus long chemin à parcourir pour atteindre les 100%. C'est pour cela qu'il y a lieu de s'inquiéter du moindre dynamisme que celui encore observé un an plus tôt. Il faut remonter en 2020 pour trouver d'aussi mauvais chiffres, et cette fois, pas de pandémie pour expliquer cette situation... Alors certes, la trajectoire reste bien meilleure que sur la zone privée, mais ce n'est pas un bon indicateur car de fait, il n'est pas difficile de faire mieux !
Malgré cette baisse de régime, le niveau des déploiements FttH reste élevé. Altitude Infra conforte sa première place d'opérateur des RIP, avec pratiquement 4 millions de prises déployées. Orange, toujours sur la deuxième place du podium avec 3,6 millions de prises, garde à peu près le même rythme qu'un an plus tôt. Axione de son côté approche les 3 millions de lignes cumulées en exploitation. SFR/XP Fibre approche les 2,8 millions de prises, là encore avec un rythme ralenti par rapport à ce qui était observable un an plus tôt. Enfin, TDF continue son bonhomme de chemin en ralentissant à peine alors que les déploiements touchent à leur fin, prouvant ainsi qu'il est possible de garder un bon rythme de déploiement même à l'approche des 100% de raccordables.
Deux signaux "positifs" ?
L'Arcep se félicite qu'au premier trimestre 2024, le rythme de progression du nombre d’abonnements en fibre optique (+ 810 000) dépasse celui des déploiements (+ 680 000 locaux). C'est certes une excellente nouvelle dans l'absolu, car cela montre l'appétence des Français pour la fibre, et il convient de s'en féliciter. Mais c'est un résultat qui est aussi dû au fort ralentissement des déploiements.
L'autre signal positif, c'est bien évidemment l'annonce de la mise en demeure d'Orange et de SFR/XP Fibre par la formation de règlement des différends, de poursuite et d’instruction de l’Arcep le 28 mai 2024. Retrouvez l'article de l'Avicca à ce sujet ici.