Télévision numérique terrestre : le roi est nu Février 2003

Les précédents lancements de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) dans le monde ont montré que la numérisation à marche forcée du hertzien relevait des mirages de l'époque de la bulle Internet. Ils se sont soldés par des catastrophes financières et ont accentué la concentration déjà considérable dans l'audiovisuel, comme en Angleterre.

Certains mythes ont encore la vie dure en France, comme celui de la complémentarité entre TNT et câble, ou celui de la TNT comme solution idéale pour lancer les chaînes locales.

Sur ces points, la deuxième partie du rapport de Michel Boyon continue son travail de dévoilement. A propos des perturbations causées par la TNT à certains usagers du câble, longtemps niées, le rapport reconnaît que leur traitement sera coûteux. Solution proposée ? “Ce coût devra reposer sur les câblo-opérateurs, mais également, et peut-être surtout, sur leurs abonnés”. Voilà qui va aider alors que “les câblo-opérateurs font à juste titre valoir la précarité de leur situation financière” ! Cela ira-t-il dans le sens du développement du haut débit souhaité par le gouvernement ?

Quant aux chaînes locales, l'Avicam avait été bien seule pour dire que le découpage territorial ne correspondait pas aux besoins. Le rapport le confirme : “L'on a ainsi pu dire, en se projetant hardiment au terme du déploiement des 110 émetteurs en cours de planification, que la TNT permettrait 330 télévisions hertziennes locales différentes en France. A court ou moyen terme, la réalité est autre. En effet, les zones de couverture des premiers émetteurs numériques ne sont pas conçues en fonction des impératifs de la diffusion de télévisions locales”. Conséquence : les télévisions locales sont renvoyées “à l'horizon 2008”.

Les habits dorés dont on avait paré la TNT sont tombés : diversité, extension du service public, télévision locale, complémentarité avec le câble, interactivité et mobilité... Le roi est nu. Il serait temps de regarder la réalité en face, de le dire, et de refondre la TNT pour numériser le hertzien en fonction de grands objectifs nationaux.

Paris, le 26 février 2003

Martial GABILLARD

Président