Numérique / Territoires

VDSL, hic et pas nunc Mai 2005

Suite au feu vert donné par l'ART, France Télécom se lance dans le VDSL, d'abord par des expérimentations à Issy-les-Moulineaux et dans le sud de la France.

Le VDSL, (Very high Speed Digital Subscriber Line) permet d'atteindre des débits allant jusqu'à 52 Mbit/s en descendant et 16 en remontant. Pour quels usages ? Les professionnels seraient utilisateurs d'une voie montante trop bridée sur l'adsl 2+, mais le grand public pourrait avoir besoin de gros débits descendants si la paire de cuivre veut suivre l'évolution prévisible de la télévision, c'est à dire pouvoir faire descendre simultanément plusieurs canaux de télévision haute définition, sans compter internet et le téléphone, moins gourmands en bande passante. L'adsl, même dopé dans sa version 2+, n'y suffirait pas.

Le hic de cette technologie, c'est sa portée, limitée à 1 ou 1,5 km ; au delà, l'ADSL fait mieux. La généralisation du VDSL supposera donc de ne plus mettre les équipements dans les NRA, mais d'aller jusqu'aux sous-répartiteurs en fibre optique. Autre problème : les sous répartiteurs n'abritent aujourd'hui que des équipements passifs. Ils ne sont pas très protégés, il faut les alimenter en électricité, et ils n'ont pas la taille pour abriter beaucoup d'équipements actifs - surtout si plusieurs opérateurs doivent y avoir accès... Si FT décide effectivement de se lancer après la phase expérimentale (comme Belgacom l'a déjà fait), ce sera bien évidemment dans les zones de forte densité. FT prévoit d'avoir équipé ses 12 000 répartiteurs en adsl fin 2006, mais fibrer et modifier 120 000 sous répartiteurs n'est pas pour maintenant.

L'évolution du DSL entérine la croissance des besoins en débit, descendants et ascendants, et on peut même dire qu'elle contribue à l'accélérer : en élargissant l'usage de très hauts débits, le VDSL contribuerait à faire émerger de nouveaux services. D'où une certaine contradiction : d'une part le VDSL montre que la paire de cuivre (comme les réseaux câblés d'ailleurs) est encore capable d'évoluer vers le haut, mais d'autre part ses limites, notamment en portée, se font d'autant plus sentir. En quelque sorte, le VDSL prépare le terrain à la fibre optique. Mais la mutation est une question difficile : qui en sera l'acteur ? Un opérateur, sans obligation de dégroupage puisqu'il innoverait, ou un opérateur d'opérateurs sur un réseau ouvert ?