Numérique / Territoires

Annemasse, choix du libre et libre de ses choix Juin 2005

Au moment de renouveller sa batterie vieillissante de logiciels bureautiques (début 2004), la Ville d'Annemasse a pris le risque de ne pas re-contracter en faveur de Microsoft Office et d'opter pour une suite bureautique ''libre''.Motivation première, le coût prohibitif annoncé des licences. Aucune négociation de prix n'a même été initiée. La cohabitation des deux applicatifs (OpenOffice et Word / Excel) a été menée sur 6 à 12 mois.

Eric Minchella, conseiller municipal et animateur multimédia... nous rappelle ''Tout ce qui touche au libre comporte un aspect politique''. Sur le long terme la Ville a compris qu'il était important de na pas être dépendant d'un seul éditeur. Le plus délicat a sans doute été d'expliquer en interne aux utilisateurs qu'il fallait se former sans baisse de régime.

Concernant la sécurité, les services informatiques ont approuvé le départ d'Explorer. En plus de la gratuité, le navigateur libre 'Mozilla' a apporté fiabilité et meilleure sécurité.

Dans cette phase de mise en place, l'Adullact a été un support philosophique, et un point de repére, plus qu'un support technique.
Forte de cette réalisation sur les postes bureautiques, la recherche d'outils logiciels issus du "libre" est devenue un réflexe. 90.000 euros d'économies ont déjà été réalisées sur les licences (presque 4 Euros par habitant) ce qui a permis de payer l'adhésion de la Ville à l'Adullact... et surtout de remplacer le parc informatique plus rapidement que prévu (aujourd'hui 200 machines).

En parallèle, il a fallu former les utilisateurs. Le Greta a pris en charge cette mission et en a profité pour se former à ces nouveaux outils... Certains problèmes liés aux habitudes et d'autres d'ordre psychologique (par ex. en cas de perte de l'adaptabilité), sont venus ralentir la mise en place. Autre élément à ne pas négliger dans l'accompagnement des personnels, la gratuité et le libre sont parfois considérés comme dévalorisants. Le contenu de ces formations a ainsi plus été de l'ordre de la sensibilisation que de la formation technique, et la charte interne de bonne conduite n'a subit qu'un léger lifting.

L'interfaçage avec les applications métiers a été l'étape suivante (Compta, Etat civil, écoles, etc.). Certains éditeurs de ces logiciels spécifiques ont favorablement suivi la démarche, et ils en ont profité pour se former eux aussi. Prudence oblige, quelques postes métiers fonctionnent encore avec ''Word'' (par ex. problèmes de macro d'impression).

Au total 18 mois de travail et de suivi. En interne, le seul défaut aura peut-être été de partir très tôt sur un tel projet (pas de formateurs aguerris, pas d'éditeur de logiciel prêt ). Pour les autres collectivités, c'est une qualité.

Dans tout projet de cet ordre, il y a souvent un porteur local. Dernier conseil pour suppléer aux incantations ministérielles diffuses... dotez-vous d'un conseiller municipal animateur multimédia.

En savoir plus sur l'association Adullact (Association des Développeurs et des Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales)

le site :adullact.org