Numérique / Territoires

L'éthique dans les T.I.C., c'est pas du toc ! Janvier 2024

Si la formule est facile, elle illustre bien les conclusions auxquelles sont arrivés les intervenants à la table ronde "numérique peut-il rimer avec éthique ?" lors de notre dernier colloque "Territoires et Réseaux d'Initiative Publique", dont les échanges nous ont mené loin des sentiers battus, jusqu'aux confins de la psychologie et de la philosophie.

Christophe Hugon tout d'abord, Conseiller municipal - délégué à la transparence, l’open data, le système d’information, le numérique municipal, le numérique responsable et la transition numérique - a montré comment la Ville de Marseille s’était engagée dans une démarche éthique en définissant ses choix en matière de politique numérique. Les orientations retenues dans une délibération de cadrage hiérarchisent les options éthiques, qui précèdent les préoccupations morales puis les actions conduites en matière de numérique. Ces principes, appelés à guider l'ensemble de l'action municipale, s'accompagnent de mesures pragmatiques interrogeant les différents enjeux (environnementaux, sociaux, économiques,...) auxquels doit répondre un numérique "responsable". Un travail d'autant plus indispensable que l'intelligence artificielle générative soulève actuellement des questions profondes, et montre que l'éthique ne viendra pas du numérique mais qu'au contraire, chacun devra intégrer cette dimension dans ses propres choix et pratiques.

Ces actions confirment le besoin d'une médiation numérique afin d'en approcher les différents publics qui en s(er)ont éloignés, à plus ou moins brève échéance. Julia Herriot, co-Directrice du programme "Société numérique" au sein de l'Agence Nationale de Cohésion des Territoires, a ainsi présenté la feuille de route gouvernementale qui vient prolonger la stratégie lancée en 2018 : différentes concertations nationales et locales ont dressé le bilan du Plan de relance en la matière, permettant d'établir 270 propositions regroupées en 16 engagements déclinés selon 4 axes de territorialisation des politiques publiques d'inclusion, d'outillage des médiateurs numériques, de formation visant à consolider la filière et de données regroupées sur une plateforme visant notamment à établir des diagnostics teritoriaux. Parmi les objectifs poursuivis : mettre à disposition des acteurs locaux des "communs numériques", coordonner l'action des conseillers numériques et impulser ou accompagner les gouvernances locales afin que chaque Département se dote d'un schéma d'inclusion numérique d'ici juin 2024.

Enfin, ces deux premières approches ont été complétées par le témoignage de Clarisse Dessoude, Responsable RSE et Partenariats extérieurs au sein d'Orange Concessions. Cet opérateur d'infrastructures spécialisé dans la construction et l'exploitation de RIP a entamé sa démarche RSE depuis sa création fin 2021, en interrogeant tout d'abord son volet environnemental : la mise en place d'un bilan carbone en tant qu'acteur dépendant d'autres intervenants ainsi que les premières actions entreprises en matière de consommation énergétique montrent l'étendue des leviers d'action disponibles, ainsi que la nécessité de réfléchir sur les usages numériques. S'agissant du volet sociétal, les mesures en faveur de l'insertion ont été les premières mises en place avec les communautés de développement local. S'agissant des aspects de gouvernance, l'éthique guide la stratégie de l'entreprise et oriente son activité grâce à un travail sur la "double matérialité" (en mesurant son impact sur le climat et les changements sociaux, et vice-versa).

Autant d'approches novatrices et parfois innattendues qui interpellent l'ensemble de l'écosystème du numérique, et viennent (re)donner du sens aux choix opérés en matière d'aménagement et d'usages numériques.