Numérique / Territoires

TNT cherche avenir Novembre 2013

En début d’année 2013, le CSA publiait un rapport sur l’avenir de la TNT dans lequel il soulignait ses caractéristiques : elle reste le mode de réception principal de la télévision, elle est gratuite, anonyme et simple d’utilisation. Pour le CSA, la TNT est le « service universel » de la télévision mais il souligne qu'elle restera un mode important de réception à l'horizon ... 2020-2025. Quelques mois plus tard, un arbitrage présidentiel annonçait la cession de la bande dite des 700 Mhz aux télécoms. Cette décision, qui ne fait plus question que dans son calendrier et les modalités financières du réaménagement, induit en l’état de la technique et des normes de compression un arrêt de l’expansion du nombre de chaînes sur la TNT. Ce qui satisfait certains des acteurs actuellement présents qui voient leur nombre de concurrents ainsi techniquement limités.

Les FAI grignotent des parts de marché

Le CSA soulignait les talons d’Achille de la TNT. Ses coûts de diffusion, même s’ils ont été divisés par plus de 3 avec le passage au numérique, demeurent une charge conséquente pour les télévisions. La concurrence des box des FAI est féroce, leur nombre de chaînes est incomparable et elles proposent des services déjà opérationnels et appréciés des téléspectateurs (TV de rattrapage, enregistrement des programmes, vidéo à la demande….).

Grâce à une offre élargie de services et des usages qui suivent, la réception des chaînes de télévision via les FAI et le câble grignotent des parts de marché à la TNT. L’enquête annuelle du CREDOC (Janvier 2013) montrait que 58% des personnes accédaient à la télévision via la TNT (-3 points en un an) contre 41% par leur FAI et 12% par le câble. Les modes de réception se cumulent dans les foyers, l'écran principal sur la box et les secondaires sur la TNT.

En juillet 2013, le ministère de la Culture lançait une consultation sur l’avenir de la TNT dont la synthèse vient de paraître.

Un calendrier de passage à la HD et l'ultra HD

La décision de transfert de la bande des 700 Mhz aux télécoms inquiètent les acteurs de l'audiovisuel pour lesquels il faut impérativement passer à la HD. Ils s’accordent à peu près sur un calendrier d'évolution des normes techniques. Pour généraliser la haute définition et initier l'ultra haute définition, il faudra en effet jongler entre les normes. La suppression du MPEG-2 pour le MPEG-4 serait possible pour 2016 mais des mesures d'accompagnement devront être prises pour 5% d'équipements qui resteraient a priori incompatibles. Pour l'ultra-haute définition, deux multiplex précurseurs devraient être lancés en utilisant la norme de diffusion DVB-T2 associée à la compression HEVC. Ces deux multiplexeurs serviraient de vitrine pour les 6 chaînes, la généralisation du DVB-T2 interviendrait alors après 2020 cette phase de multiplex précurseurs.

Rendre la TNT plus attractive ?

En terme de services, et donc d’attractivité de la TNT par rapport à ses concurrents, les contributeurs appellent à la généralisation de la HD, qualité essentielle de la TNT face aux box dont les débits restent encore insuffisants pour profiter pleinement de la HD. En revanche, à la question sur le développement des services associés, la réponse ne fait pas l’unanimité. L’Avicca avait souligné dans sa réponse qu’il fallait chercher à optimiser la bande passante et que la TNT n’apparaissait pas forcément la plus adaptée pour le développement de ces services. Pour les contributeurs la TNT reste un service de haute qualité, gratuit et anonyme, assurant la diversité culturelle.

Attribution de la bande des 700Mhz

La cession de la bande des 700Mhz aux télécoms remet en cause le développement de la plateforme TNT. Les répondants insistent sur les indispensables réaménagements et les conséquences en terme de coûts de transport qui pourraient pour certains opérateurs de multiplex entraîner une hausse généralisée des coûts de diffusion, voire une rupture du modèle. Une modification importante des zones de couvertures pourraient particulièrement impacter les déclinaisons régionales de France 3 et les télévisions locales[1]. Le coût de diffusion TNT est, comparativement aux box, très important. Si la diffusion via la TNT est une forme de reconnaissance pour une chaîne locale, imputer de nouveau le poste diffusion induirait fatalement moins de moyens accordés à la production. Pour l’ensemble des acteurs audiovisuels, au minima, les coûts de réaménagement doivent être supportés par les opérateurs de télécom qui vont récupérer ces fréquences.

Le calendrier proposé est d’abord un passage au DVB-T2/HEVC, puis un transfert des fréquences vers 2020/2021. Un opérateur de mobile est en accord avec ce calendrier tandis qu’un autre souhaiterait récupérer ces fréquences au plus tôt…

La synthèse n’apporte pas de réponse stratégique à l’avenir de la TNT. Le modèle économique et éditorial des chaînes de la TNT est fragilisé par les innovations constantes de la diffusion audiovisuelle via internet. Une position politique forte, un mix technologique pourraient former l'avenir de la TNT. En l'état il ne restera vraisemblablement que quelques belles années à la TNT. En attendant, le modèle de consommation de l'audiovisuel se dessine à plusieurs vitesses : d'un côté les ruraux, les plus âgés, les exclus accèderont à la télévision via la TNT, de l'autre les urbains, les plus jeunes, les plus connectées feront de leur second écran un premier ?