Numérique / Territoires

Extinction (ciblée) du numérique, pour ou contre le FTTH ? Juin 2013

Une orientation a été prise par le Président de la République pour affecter la bande des 700 MHz, aujourd'hui utilisée par la TNT, aux communications électroniques mobiles. Les préoccupations budgétaires, en particulier en faveur de la Défense, ne sont pas pour rien dans ce choix ; on peut aussi y voir un élément rationnel par rapport au programme France Très haut débit. La télévision haute et très haute définition passera demain (ou après-demain !) par les réseaux en fibre optique, seuls à même de véhiculer simultanément plusieurs signaux de cette nature.

Il ne s'agit pas encore d'une décision officielle, mais elle fait grincer des dents, car elle gèle tout développement de la Télévision numérique terrestre. Les nouveaux entrants de la TNT voient bien qu'ils resteront avec des chaînes isolées là où les historiques ont des groupes de chaînes qui leur permettent de cibler les publics ou de réutiliser les programmes. A contrario, les historiques ne sont pas mécontents d'un numerus clausus structurel en leur faveur.

Le CSA va avoir un véritable casse-tête à gérer. Tout d'abord, seulement 11 chaînes sur les 33 actuelles sont diffusées en haute définition, alors que l'équipement de réception en HD se généralise. Le CSA avait suggéré l'échéance de fin 2015 pour éteindre le numérique en MPEG2 et tout passer au MPEG 4 ; cela permettrait de diffuser environ 21 chaînes en HD, ce qui ne répond pas à tout le monde. Le régulateur envisageait aussi de pouvoir aller vers l'ultra-haute définition (par exemple au format 4K). Autant dire que ce rêve est mort.

Il aurait été utile d'avoir des fréquences de réserve pour gérer les transitions (DVB_T2 et HEVC), avec des doubles diffusions ou de nouvelles chaînes incitatives, mais le CSA a déjà grillé ses cartouches en autorisant les 6 chaînes HD qui ont mobilisé les deux multiplex restant. Et maintenant il va falloir aussi rendre des fréquences...

Côté opérateurs, ce n'est pas le principe, mais le calendrier qui pose problème. Les nouveaux usages sont gourmands en ressource, les fréquences nouvelles seront donc utiles. Mais à quelle échéance ? Si les enchères sont lancées d'ici deux ou trois ans, alors que l'incertitude règne, et que ces fréquences ne seront utilisables qu'après des réaménagements côté audiovisuel, ce sont des investissements d'anticipation qui pourraient prendre la place d'autres... comme le déploiement de la fibre optique.

La bande de 800 MHz avait été qualifiée de "fréquences en or", car les ondes se propagent loin et pénètrent bien dans les immeubles. Pourquoi ne pas appeler celle des 700 MHz d'un autre métal précieux, le platine ? Reste à savoir dans quelles escarcelle tombera ce nouveau dividende numérique.