Numérique / Territoires

Les statistiques Arcep pour le deuxième trimestre confirment l'échec annoncé du 100% FttH en 2025 Septembre 2023

Complétude à 100% de la responsabilité des opérateurs privés dans la non-atteinte de l'objectif 2025 du gouvernement

Sourds aux alertes du Régulateur, de l'Etat et des collectivités, les opérateurs privés manifestent toujours leur désintérêt total pour les 106 communes de la zone très dense.

On pourrait certes dire que la responsabilité en incombe avant tout à l'Arcep, qui a défini en 2009 (et modifié en 2011) ce zonage dit très dense. Ce serait oublier trop vite que les grands opérateurs nationaux - et pas uniquement Orange - se sont battus à l'époque pour obtenir ce classement et ont tout fait pour en écarter l'action publique. Tout ! Le Département des Hauts-de-Seine en sait quelque chose...

Quant à Orange, s'il reste encore et toujours le seul opérateur à y déployer un tout petit peu de FttH, sa volonté d'y fermer le cuivre est proportionnellement inverse au rythme de complétude des déploiements. Aussi, vouloir pousser, comme le fait Orange, à la fermeture du réseau ADSL dans un nombre croissant de communes de la zone très dense tout en y arrêtant les déploiements FttH est, disons-le courtoisement, incompréhensible.

Prenons en exemple les deux villes ci-dessous, choisies depuis plus d'un an comme territoire d'expérimentation de la fermeture du cuivre en ZTD :

  • à Rennes, en 1 an, la complétude est passée de 92 à 93% de raccordables ;
  • à Vanves, sur la même période, elle est passée de 95 ... à 94% !

La situation en zone AMII est désormais aussi caricaturale qu'en ZTD : les déploiements y avancent aussi lentement que la prise des décisions de l'Arcep, d'Orange et de l'Etat s'agissant de la décision du Conseil d'Etat du 21 avril dernier. 5 mois et toujours rien ! Cette inertie n'est pas pour inciter les opérateurs à se soucier du sort des 2,5 millions de foyers français concernés. Orange comme SFR ralentissent encore plus leurs déploiements au deuxième trimestre.

En toute logique, l'Etat devrait désormais annoncer une fin des déploiements FttH au mieux en 2028 pour la zone privée. A défaut d'être une annonce agréable à entendre, cela aurait au moins le mérite de la franchise...

Le retard en zone AMEL évolue de manière différenciée selon les territoires, grâce à une très modeste accélération au deuxième trimestre. Bien insuffisante pour tenir les engagements L33-13 de la plupart des OI qui portent ces AMEL, une première échéance pourrait cependant être tenue : celle de l'AMEL Saône-et-Loire (SFR/XP Fibre). Quant à la Nièvre, après un retard initial de plus d'un an, SFR/XP Fibre a réussi à réduire l'écart à 6 mois. La procédure L33-13 lancée par l'Etat et le Syndicat mixte Nièvre Numérique semble avoir porté ses fruits... S'agissant des autres AMEL, les échéances sont soit toutes dépassées de plus d'une année, soit encore trop lointaine pour se hasarder à établir un pronostic de retard.

Une zone RIP toujours dynamique, mais qui montre pour la troisième fois un signe de ralentissement

L'heure n'est plus à l'enchainement des records en zone RIP. Evidemment, le niveau des déploiements reste très élevé. Le ralentissement n'est en rien comparable à ce que l'on a observé en zone d'initiative privée. Et comme le souligne à nouveau l'Arcep, ce sont encore et toujours les RIP qui portent à eux seuls - ou presque - les déploiements FttH en France, pour le 9ème trimestre consécutif. Quand bien même, rappellons une fois de plus qu'il manquait déjà à l'appel 150 000 prises FttH pour tenir les prévisions de l'observatoire 2022 du THD. Le rattrapage attendu début 2023 n'arrive toujours pas.

Et comme on le verra dans les analyses détaillées la semaine prochaine, les territoires les plus dynamiques ont atteint la complétude. Et les relais de croissance suffisants sur d'autres RIP plus en retard ne sont pas encore identifiés. Les signaux faibles du désengagement plus ou moins marqué de certains concessionnaires, qui nous avaient alertés en début d'année, semblent hélas se multiplier.

Pendant ce temps, la Commission européenne se prépare à renforcer la priorité donnée aux seuls opérateurs privés

La Commission européenne vient de publier son projet de règlement visant à réduire le coût du déploiement des réseaux FttH et 5G. Après avoir fait l'impasse totale sur le constat d'échec de ses politiques passées que l'on peut résumer ainsi : " les opérateurs privés préemptent librement, les collectivités s'occupent des miettes ", la Commission européenne conclut - en caricaturant à peine - que si les réseaux FttH et 5G n'ont pas été aussi rapidement déployés qu'espéré et que la complétude n'est pas atteinte, c'est uniquement parce qu'il existe encore trop d'entraves administratives, techniques et financières. Et donc en message à peine subliminal, merci aux collectivités de laisser rapidement les opérateurs privés déployer ce qu'ils veulent où ils veulent comme ils le veulent et pour pas cher bien entendu.

L'Avicca exagère ? C'est ici, un peu fastidieux à lire, certes mais très "instructif" !

Entendrons-nous alors bientôt certains opérateurs français assurer à leur tour que c'est la faute des collectivités locales s'ils n'ont pas pu faire la complétude de la ZTD, de la zone AMII ou de certains AMEL ? L'Avicca prend les paris...