Numérique / Territoires

Extinction de la télévision analogique, encore quelques zones d'ombres Novembre 2008

Le processus d'extinction de la télévision analogique, entre 2009 et fin 2011, se précise, mais il reste des inconnues, en particulier pour les zones non couvertes par la TNT.

Il apparaît tout d'abord nécessaire d'accélérer la numérisation. Plus de 40% de la population n'a aucun équipement en numérique, et seule 30% a équipé tous ses postes (observatoire de la tv numérique, octobre 2008). Il est impossible d'éteindre la tv analogique s'il reste plus qu'un faible pourcentage à convertir au dernier moment, au moins sur le poste principa.

Si la carotte de 18 chaînes gratuites ne suffit pas, la menace du bâton d'un écran noir va contribuer à la prise de conscience. Les extinctions locales qui démarrent seront sans aucun doute largement médiatisées.

Coulommiers, puis Kayserberg seront des sites pilotes, mais les procédures nationales devront être opérationnelles pour le premier site majeur, celui de Cherbourg, le 31 mai 2009. Fin 2009, ce sont des régions entières qui sont censées basculer (Alsace, Champagne-Ardennes, Lorraine, Franche-Comté, Bretagne, Pays de la Loire, Basse Normandie). La date prévue pour l'extinction complète reste fixée au 30 novembre 2011.

Pour accompagner ce basculement, plusieurs actions sont décidées :

  • communication : campagnes d'information (surtout via les chaînes analogiques), site internet (www.matelenumerique.fr), centre d'appels, campagne sur les lieux de vente, service de sondage par téléphone pour suivre la pénétration de la TNT sur une base hebdomadaire ;
  • accompagnement individualisé (équipement, mise en service) auprès des personnes âgées (plus de 70 ans) ou handicapées (taux d'incapacité permanente supérieure ou égale à 80%), par des "ambassadeurs du numérique", qui seront choisis parmi les antennistes, distributeurs d'électronique grand public et installateurs. Ces publics n'auront à leur charge qu'un "ticket modérateur" de 20 euros ;
  • aide de 30 euros pour l'acquisition d'un adaptateur, pour les foyers exonérés de redevance, et dont le revenu fiscal n'excède pas 4 877 E (personne seule), 7695 E (couple) ou 10513 E (couple avec deux enfants) ;
  • prise en charge des éventuels frais d'installation d'antenne, sauf un ticket modérateur de 20 E, pour les foyers exonérés de redevance.

Au total, il restera malgré tout une partie de la population qui risque de passer entre les mailles du filet. Les obligations de couverture de la TNT sont au minimum de 91% par département (95% en moyenne nationale), alors que les couvertures des chaînes comme TF1 ou France 2 sont supérieures à 99% en terrestre. On pourrait donc avoir jusqu'à 8 ou 9% de la population de certains départements ruraux qui devront basculer sur le satellite numérique. Une partie l'a sans doute déjà fait, et France Télécom va lancer en 2009 une offre satellitaire qui reprendra les chaînes gratuites de la TNT, en plus de celle de Canal+.

Cependant, à l'échelle de certaines communes, le nombre de foyers touchés par l'extinction de l'analogique terrestre peut impacter une part majoritaire de la population. Or l'aide pour les antennes ne concerne que les foyers exonérés de redevance. On peut donc s'attendre à ce que TdF démarche les maires et conseillers généraux pour tenter de leur faire financer des émetteurs supplémentaires. Pourtant les débats parlementaires lors de la loi sur la télévision du futur ont clairement affirmé qu'il n'y aurait pas de charges pour les collectivités.

La LME a fait obligation au CSA de publier les cartes de la couverture de la TNT, avec les nouveaux émetteurs à ouvrir, d'ici fin 2008. Seul hic : les zones de couverture changeront quand on éteindra l'analogique, car les fréquences attribuées aujourd'hui pour la TNT vont également changer ; et les multiplex peuvent avoir des zones de couverture différentes. Les cartes actuellement publiées par le CSA montrent ces différences, mais leur échelle ne permet pas de se positionner sur le terrain.

Certaines communes se passeraient sans doute volontiers de ces difficultés à venir. A suivre, en grandeur réelle, sur les extinctions de 2009...