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Le WiFi selon l'Arcep : plus expérimental, mais encore marginal Mai 2007

Depuis leur ouverture au public début 2003, les réseaux ouverts au public utilisant des technologies de type RLAN, et notamment Wi-Fi, bénéficiaient d'un cadre expérimental dérogeant au régime général appliqué aux opérateurs de communications électroniques. Cela a permis un réel déploiement de cette technologie ainsi que l'émergence de nombreux acteurs dans ce domaine. La maturité de cette technologie étant maintenant confirmée, notamment par l'intermédiaire d'une étude initiée par l'ARCEP évaluant tant la maturité de l'utilisation de cette technologie que l'existence d'offres sur le marché, l'ARCEP annonce la levée du caractère expérimental sur ces réseaux. Le principal impact concerne les opérateurs qui devront dorénavant respecter les obligations, applicables à tout opérateur de communications électroniques conformément à l'article D.98 et suivants du CPCE, notamment sur l'aspect des puissances d'émission.

Dans les faits, le caractère dérogatoire permettait surtout de ne pas avoir à payer la taxe sur les opérateurs ; désormais cette taxe n'est exigible qu'au delà de 1 millions d'euros de CA annuel, ce qui ne devrait pénaliser personne.

La fin du caractère expérimental est-elle le prélude à un contrôle plus tatillon ?

L'ARCEP rappelle en tout cas les obligations légales qui sont de fait plus ou moins observées : puissance maximale, interdiction aux collectivités de fournir des services aux utilisateurs finals sans avoir effectué un constat d'insuffisances d'initiatives privées, sans parler de la conservation des données...

La commission européenne vient également de rappeler, avec la décision rendue sur le projet de Prague, qu'il fallait limiter les services offerts gratuitement, pour ne pas concurrencer le secteur privé (en l'occurence, les usagers ne peuvent accéder qu'aux sites internet publics).

A lire également, que l'on soit d'accord ou pas, une étude de Sagatel très prudente sur les perspectives du Wi-Fi.

Pour Sagatel, concernant les hot spots payants, "les usages sont en nette croissance", mais le chiffre d'affaires "permet tout juste de prévoir un équilibrage des comptes d'exploitation à l'issue de plusieurs années de montée en charge". Ce marché "devrait rester un segment de niche au sein des services de communications mobiles".

Côté gratuit, Sagatel trouve que le modèle est "encore marginal", du côté des opérateurs commerciaux ; côté municipalités, le respect de la réglementation conduit à ne pas concurrencer le privé, donc à limiter le système (géographiquement dans l'emprise des sites publics, non accès à la téléphonie, fermeture du service quand les sites sont fermés...).

Côté zones rurales, le Wi-Fi est qualifié de "solution économique à court terme", "destiné à être remplacé par des solutions plus performantes".

C'est autour de la convergence "fixe-mobile" que le Wi-Fi, et ses évolutions, auraient le plus de perspective, dans la sphère domestique d'abord, mais moins sûrement pour la boucle locale.

Concernant les architectures maillées, Sagatel les voit à court terme plus destinées à des applications professionnelles ( télémesure, localisation ou vidéosurveillance) qu'au grand public en France.

Bref, ce sera aux FON, Nomotech et autres Numéo de démentir par les faits cette analyse guère optimiste sur les capacités du WiFi dans la boucle locale. Quant à Ozone, qui avait lancé son réseau “pervasif” sur Paris et tenté d'essaimer sur Rennes et d'autres villes, le rêve est terminé. “Jusqu'à présent, construire un réseau était une entreprise chère et complexe, réservée aux riches et aux puissants” pouvait-on lire sur “le rêve d'Ozone”. La société a été rachetée par Neuf Cegetel.